Les évêques italiens nomment une femme pour la prévention des abus
La Conférence épiscopale italienne (CEI) a nommé une femme à la présidence de son Service pour la protection des mineurs, en charge de la prévention et de la lutte contre les abus sexuels commis sur des mineurs en milieu ecclésial. Elle remplace Mgr Lorenzo Ghizzoni, évêque de Ravenne, alors que les deux premiers rapports sur les abus sexuels parus en 2021 et 2023, sont très partiels et ne reflètent pas du tout la réalité des abus dans l’Eglise en Italie.
Bernard Hallet avec La Repubblica
Laïque consacrée, Chiara Griffini est psychologue, psychothérapeute et membre de la communauté du pape Jean XXIII, fondée dans les années 1960 par Don Oreste Benzi, rapporte sur son site le quotidien La Repubblica. Elle est également consultante auprès du dicastère du Vatican pour les laïcs, la vie et la famille. Chiara Griffini travaille activement à la protection des mineurs et des personnes vulnérables pour le diocèse de Piacenza. Elle est nommée au Service pour la protection des mineurs pour un mandat de trois ans.
Elle succède à Mgr Lorenzo Ghizzoni, évêque de Ravenne. «C’est une professionnelle, pas une personne téléguidée», a déclaré le cardinal Matteo Zuppi, président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), lors de la conférence de presse qui a clôturé l’Assemblée générale de printemps des évêques italiens.
Des rapports lacunaires
Mis en place par la CEI en 2018 pour répondre à l’émergence du problème de la pédophilie dans l’Église, l’organisme coordonne depuis 2019 le travail des personnes de contact présentes dans les 227 diocèses italiens ainsi que les centres d’écoute pour les signalements et les plaintes.
Le premier rapport publié en 2021 signalait 68 abuseurs pour 89 mineurs. À l’époque, seuls 30 centres d’écoute sur les 226 diocèses italiens avaient participé à l’enquête. Le deuxième rapport, publié fin 2023, faisait état de la dénonciation de 32 prêtres, catéchistes et enseignants religieux ayant abusé sexuellement d’enfants.
Les revendications des victimes
Des données en réalité très partielles. En effet, les abus sexuels sur mineurs commis par des prêtres, des religieux ou des laïcs travaillant dans l’Église, ne sont pas signalés aux guichets de la Conférence épiscopale italienne, mais à la justice ou ne sont pas signalés du tout.
C’est pourquoi les associations représentant la voix des victimes, comme le «Francesco Zanardi Abuse Network» ou la coordination «Italy Church Too», réclament depuis longtemps une enquête indépendante. «Nous ne ferons pas de projection de données ou d’échantillonnage comme l’ont fait d’autres réalités ecclésiales, avec des chiffres qui n’attirent que ceux qui veulent semer la discorde», a répondu Mgr Ghizzoni.
613 dossiers ouverts ces 20 dernières années
Si tous les diocèses n’ont pas mis en place un bureau d’accueil pour les victimes, la quasi-totalité d’entre eux ont désormais lancé un service de protection des mineurs qui promeut d’autres activités, telles que des initiatives de formation et d’étude. Les responsables des centres d’écoute sont, dans plus de deux tiers des cas, des laïcs (76%). Les deux tiers des responsables, en particulier, sont des femmes.
Outre les données recueillies par les centres d’écoute, la CEI a révélé, il y a deux ans, qu’il existe 613 dossiers ouverts au cours des 20 dernières années au Département de la doctrine de la foi du Vatican concernant des abus commis par des prêtres italiens au fil des décennies.
Des données qui devraient être traitées et connues plus en détail à l’avenir. Celles de l’ancien Saint-Office sont des données relatives aux procès canoniques de prêtres abuseurs, donc seulement une partie des abus qui ont eu lieu et qui ont été rapportés.
Comme l’a expliqué Mgr John Joseph Kennedy, secrétaire de la section disciplinaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, «les statistiques sont confidentielles, nous les produisons pour les membres de la Congrégation lorsque nous sommes réunis en session plénière, mais je peux dire que l’Italie se situe au cinquième ou au sixième rang mondial en termes de nombre de cas, l’Italie se situe à un niveau très élevé». (cath.ch/lr/bh)