Homélie

Homélie du 9 mai 2024 (Mc 16, 15-20)

Père Philippe M. Schönenberger – Eglise Ste-Claire, Genève

Quand j’étais enfant, je n’aimais pas l’Ascension. Je ne comprenais pas que nous puissions considérer le départ de Jésus comme une fête. Il faut reconnaître, en effet, que le récit de l’Ascension a quelque chose de déconcertant : le Christ quitte cette terre, mais aucun des disciples, qui pourtant aiment tous beaucoup leur Seigneur et Maître, ne semble stressé ou inquiet. Les Actes des Apôtres nous disent simplement que les disciples écoutent attentivement les explications du Christ avant qu’il ne les quitte ; l’Évangéliste saint Marc ajoute que les disciples scrutent le ciel après le départ de Jésus ; sont-ils tristes ? Rien ne semble l’indiquer. Au contraire, un autre évangéliste, saint Luc, parlant lui aussi de l’Ascension, raconte même que les disciples étaient tout joyeux. Bref, personne ne pleure. C’est surprenant.

J’ai un grand ami, il s’appelle Célestin, il est originaire du Congo / Kinshasa. Quand sa maman était encore de ce monde, il se rendait chaque année auprès d’elle, en Afrique. Au bout de quelques semaines, il fallait à nouveau se séparer de sa famille. C’était un moment extrêmement difficile. Sa maman éclatait en sanglots et lui disait à chaque fois : « Mon fils, je sens mes forces décliner, je ne te reverrai plus jamais ». Bref, le retour en Europe était lugubre et mon ami Célestin ne prenait pas l’avion le cœur serein.

Rien de tel au moment de l’Ascension. Comment se fait-il que les amis de Jésus restent si calmes ?

Prendre conscience que le Christ nous attend dans le Ciel

Je crois, tout d’abord, que les disciples saisissent enfin que tout ce que dit le Christ est vrai et se réalise. Grâce à Jésus, c’est-à-dire grâce à celui « qui vient du Père et qui retourne vers le Père », la mort n’est pas un point final et le péché n’aura jamais le dernier mot dans nos vies. Le Christ nous aime tellement qu’il nous promet que nous ressusciterons avec lui. Dieu s’est fait homme pour nous sauver ; Jésus est mort sur la Croix pour que nous soyons vainqueurs du péché et pour que nous puissions vivre avec lui pour toujours. L’Ascension est donc la réalisation d’une des grandes promesses de Jésus : « Je pars vous préparer une place ». Cette fête nous aide à prendre conscience que le Christ nous attend dans le Ciel, où nous le rejoindrons un jour pour une éternité de joie et de paix.

Cependant, même si l’Ascension n’est pas une séparation définitive avec le Christ, il n’en reste pas moins vrai que nous avons besoin de parler, de vivre et d’être en présence de Jésus que nous aimons pour être heureux. Alors, où est-il maintenant ? Comment puis-je parler au Christ et vivre avec lui aujourd’hui ?

Le Christ reste avec nous grâce à l’Eucharistie

De fait, les disciples n’ont aucune raison d’être tristes, car ils savent que Jésus reste au milieu d’eux grâce à cette invention extraordinaire de l’amour de Dieu qu’est l’Eucharistie. Ici, dans cette église de sainte Claire, dans une petite chapelle latérale, nous exposons presque tous les jours le Saint-Sacrement de 9h le matin à 7h le soir et de nombreux fidèles de tout Genève et même de France se relaient pour adorer Jésus-Eucharistie, pour lui tenir compagnie et pour puiser des forces en sa présence. En ce moment même, grâce à la célébration de cette messe, nous nous préparons à accueillir le Seigneur au milieu de nous. Participer à la messe, recevoir la communion eucharistique, c’est adorer et recevoir Jésus qui se donne à nous avec son Corps, son Sang, son Âme et sa Divinité sous l’aspect si humble d’une petite hostie consacrée.

Comme les disciples de Jésus, nous nous réjouissons donc, parce que le Christ est et reste au milieu de nous grâce à l’Eucharistie. Aujourd’hui, je suis devenu adulte et j’aime la fête de l’Ascension, parce que j’ai compris que Jésus ne nous abandonne jamais, qu’il est toujours avec nous !

Nous avons besoin du feu de l’Esprit Saint pour être témoins de Jésus dans ce monde

Forts de cette certitude, après l’Ascension, les disciples partent annoncer partout l’Évangile, la Bonne Nouvelle du Christ qui nous aime. Nous entrons aujourd’hui dans la grande neuvaine de la Pentecôte. L’Esprit-Saint, que Jésus a promis de nous envoyer, nous donne force et courage, il nous rappelle tout ce que le Christ a dit et a fait pour nous. Nous avons besoin du feu et de la lumière de l’Esprit-Saint pour effacer toute larme de nos visages. Nous avons besoin de l’Esprit-Saint pour répondre pleinement à notre vocation de Chrétiens, c’est-à-dire pour devenir d’authentiques témoins de l’amour de Jésus dans ce monde.

Avec une intensité particulière, pendant ces 9 jours qui nous préparent à la Pentecôte, demandons à l’Esprit-Saint de comprendre que notre Seigneur Dieu est le seul véritable trésor de nos vies. Sainte Thérèse d’Avila le répétait avec conviction : « Dios solo, basta, Dieu seul suffit ! » De quoi aurions-nous peur ? Le Christ est à nos côtés !

Demandons à l’Esprit-Saint de nous attacher seulement et uniquement à Jésus, de suivre le Christ maintenant, toujours et à jamais. Que l’Esprit-Saint nous donne de vivre dans la joie de l’Évangile.

Fête de l’Ascension du Seigneur
Lectures bibliques : Actes 1, 1-11 ; Psaume 46 ; Ephésiens 4, 1-13 ; Marc 16, 15-20

9 mai 2024 | 09:35
Temps de lecture : env. 4  min.
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