"Maison des religions – dialogues des cultures" à Berne | SelfishSeahorse wikipedia CC BY 4.0
Suisse

Les Eglises du canton de Berne mettent en garde contre l'antisémitisme

Dans une lettre publiée à l’occasion du Vendredi Saint, la Communauté de travail des Eglises du canton de Berne (AKB) met en garde contre l’antisémitisme. Elle appelle à une lecture attentive des Evangiles de la Passion, relevant que ceux-ci véhiculent des stéréotypes antisémites.

L’Arbeitsgemeinschaft der Kirchen des Kantons Bern AKB relève, dans une réflexion sur le Vendredi Saint rédigée en collaboration avec la Communauté de travail judéo-chrétienne de Berne (CJA), que des textes du Nouveau Testament ont servi pendant des siècles (et servent encore) à justifier l’antijudaïsme et l’antisémitisme dans la tradition chrétienne. L’AKB écrit que les œuvres de la Passion (Bach, Schütz et d’autres) perpétuent les stéréotypes antijuifs. Ces textes ne peuvent pas être simplement modifiés, mais ils peuvent être replacés dans leur contexte.

Appel aux pasteurs prêchant dans les Eglises nationales

«En tant que pasteurs qui prêchent, enseignent et accompagnent des personnes dans nos Eglises nationales, nous vous demandons de proclamer soigneusement le message de la Bible dans votre ministère, sans tomber dans des stéréotypes antijudaïques ou antisémites et de vous engager pour une bonne cohabitation de tous les êtres humains», invite l’AKB. Son appel a depuis été signé par des dizaines de personnes de différentes confessions et fonctions, dont Mgr Felix Gmür, évêque de Bâle.

Les dangereuses conséquences du 7 octobre

La Communauté de travail des Eglises du canton de Berne souligne que [les attaques perpétrées par le Hamas] le 7 octobre 2023 et ses conséquences pour les habitants d’Israël, de la bande de Gaza, de la Cisjordanie et du Liban «nous bouleversent». De même que l’agression contre un juif orthodoxe le 3 mars dernier à Zurich par un jeune musulman de 15 ans.

Pendant des siècles, le Vendredi Saint a été un jour de peur pour les communautés juives dans les villes et les pays à dominante chrétienne, car le judaïsme était tenu pour responsable de la crucifixion et de la mort de Jésus, écrit la Communauté de travail des Eglises du canton de Berne. Souvent, les persécutions et les expulsions anti-juives ont commencé le Vendredi Saint.

On priait aussi «pour les juifs perfides»

Depuis le VIIe siècle, le Vendredi saint on priait aussi «pour les juifs perfides [pro perfidis Judaeis, ndlr] afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur». Le premier Vendredi saint qui suivit son élection, le 27 mars 1959, le pape Jean XXIII supprima cette expression et le fit savoir aux paroisses par une circulaire du Vicariat de Rome qu’on dirait désormais: «Prions pour les juifs».

Le grand tournant de la repentance a été amorcé lors du Concile Vatican II avec la publication de la déclaration conciliaire Nostra Aetate dont le paragraphe 4 commence par ces mots: «Scrutant le mystère de l’Église, le Concile se souvient du lien spirituel qui unit le peuple du Nouveau Testament à la lignée d’Abraham». Un texte qui, d’une manière discrète mais efficace invitait les fidèles à une démarche de purification de leur mémoire afin de réfléchir à la responsabilité partagée des catholiques dans la tragédie de la Shoah. (cath.ch/akb/be)

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31 mars 2024 | 11:45
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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