Au Colisée, 25’000 fidèles associés à la souffrance du Christ
«Pour préserver sa santé», le pape François n’a pas participé au Colisée vendredi soir 29 mars 2024 au traditionnel Chemin de Croix. Toutefois, le pontife argentin était présent à travers les méditations des quatorze stations qu’il a écrites lui-même pour la première fois. Ses méditations ont été lues durant les différentes stations de la Passion. C’est le cardinal Angelo de Donatis, vicaire du pape pour le diocèse de Rome, qui a donné la bénédiction finale.
Déjà en 2023, pour la première fois de son pontificat, rappelle Vatican news, le pape François ne s’était pas rendu Colisée, à cause du froid et alors qu’il sortait d’une bronchite qui avait nécessité une hospitalisation quelques jours plus tôt. Le Chemin de Croix avait été présidé par le cardinal Angelo de Donatis. Avant cela, le dernier Chemin de Croix sans la présence du pontife remonte au 25 mars 2005, lorsque Jean Paul II était très malade. Le cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoit XVI avait présidé la Via Crucis. Jean Paul II décéda huit jours plus tard, le 2 avril 2005.
En 2023, François, sortant d’une bronchite, avait déjà annulé sa participation au Chemin de Croix en raison du mauvais temps | @ Vatican Media
Tout près du célèbre amphithéâtre romain, lieu de martyr pour des milliers de chrétiens dans les premiers siècles après Jésus-Christ, 25’000 personnes ont participé au traditionnel Chemin de Croix. Comme en 2023, le pape François, en raison de son état de santé, a suivi depuis le Vatican cette célébration qui constitue un des moments les plus intenses de la vie spirituelle de la ville de Rome.
Le pape a suivi le Chemin de Croix à la télévision
Après l’office de la Passion du Seigneur célébrée à 17h dans la basilique Saint-Pierre, le pape qui était attendu au Colisée, a suivi le Chemin de Croix à la télévision depuis la résidence Sainte-Marthe au Vatican, «afin de préserver sa santé en vue de la Vigile de demain et de la messe du dimanche de Pâques», a communiqué la Salle de presse du Saint-Siège peu avant que ne commence la cérémonie.
La Croix dans les bras d’un ermite
La Croix a commencé son parcours dans les bras d’un ermite à l’intérieur de l’arène romaine par la première station qui voit Jésus être condamné à mort. La foule s’est recueillie en demandant une relation personnelle avec le condamné à mort: «Parle à mon cœur Jésus».
Confiée ensuite à des personnes en famille d’accueil, la Croix a poursuivi sa progression à l’intérieur du Colisée, foulant le sable du sang des martyrs. Jésus condamné à mort nous demande de lui confier nos croix souligne la méditation papale, en lui apportant nos misères.
Sous une immense Croix métallique, illuminée de flambeaux, les porteurs de la Croix arrivent à la troisième station pour commémorer la première chute de Jésus. Jésus est tombé «de Dieu à l’homme, de l’homme au serviteur, du serviteur au crucifié, jusqu’au tombeau», récite le lecteur des méditations de François. Comme un symbole de cette chute et de ce relèvement, la Croix est portée par des personnes en réinsertion qui la transmettent à une famille. Car, sous les arcanes du Colisée, le Chemin de Croix s’arrête pour contempler la rencontre de Jésus avec Marie. Jésus, sachant que sa fin approche, donne sa mère comme ultime don après l’Eucharistie, remarque le Pape.
La Croix est tenue par des personnes en situation de handicap
La cinquième station, après la lecture de l’Évangile, s’intéresse à l’aide de Simon de Cyrène. Jésus «ne dédaigne pas l’aide du Cyrénéen» qui montre le chemin pour accepter l’aide des autres dans nos vies. «Aide moi à me laisser aimer par toi, là où j’ai le plus honte de toi» ont ensuite imploré les croyants réunis autour du Colisée. Illustration de cette aide, la Croix est tenue par des personnes en situation de handicap.
Au sortir du Colisée, la station consacrée à l’acte courageux de Véronique voit des femmes de groupes de prières se réunir auprès de la Croix. Elles consolent Jésus et répondent au besoin du Christ: avoir de véritables adorateurs qui, en esprit et en vérité, restent avec lui. La Croix poursuit son chemin autour de l’amphithéâtre millénaire lorsque retentit l’Évangile du Fils Prodigue. Le Christ tombe une seconde fois. La Croix est portée par des prêtres qui donnent le sacrement de la confession dans les basiliques romaines, symbole du pardon et du relèvement. Dans sa méditation, le pape insiste sur l’importance de garder espoir, de se relever, et de repartir fortifié du pardon de Jésus. La foule reprend en chœur: «Jésus, relève-moi».
Des migrants chargés de transporter la Croix
Pour la huitième station, Jésus rencontre les femmes de Jérusalem. La Croix est soutenue par des femmes engagées dans la pastorale des malades. La méditation du pape invite à la prière: «secoue-moi à l’intérieur, donne-moi la grâce de pleurer en priant et de prier en pleurant». Pour la neuvième station, dans laquelle Jésus est dépouillé de ses vêtements, c’est un groupe de migrants qui se charge de transporter la Croix, originaires d’Haïti notamment. François écrit alors: «Je te regarde, Jésus, dépouillé de tes vêtements, et je comprends que tu m’invites à me dépouiller de nombre d’extériorités».
Jésus cloué sur la Croix, demande à son Père de pardonner ses bourreaux. Les fidèles sont invités à prier non pas seulement pour eux et leurs proches, mais pour toutes les personnes leur faisant du mal. Poursuivant son chemin, la Croix est ensuite transmise d’un groupe de catéchistes à des paroissiens du diocèse de Rome, pendant que des milliers de bougies éclairent le parvis du Colisée.
Pour la onzième station, le pape François a choisi de méditer sur l’abandon de Jésus à son Père, et non la traditionnelle troisième chute du Christ. «Voilà ce qu’il faut faire dans les tempêtes de la vie: au lieu de se taire et de garder en soi, il faut crier vers toi», incite François.
Le bon larron reçoit le Paradis juste avant la mort du Christ
Dans le silence de la prière, la Croix se dirige vers le temple de Vénus, emmenée par des jeunes. Jésus meurt. La foule ressent la douleur du Christ. François choisit de parler du bon larron, qui reçoit le Paradis juste avant la mort du Christ.
Portée par des prêtres et des frères et sœurs consacrés, la Croix continue son ascension. Elle commémore le moment où Jésus est descendu de la Croix et remis entre les mains de Marie. Les 25’000 voix de l’assemblée reprennent alors les prières du pape «Prends-moi par la main, Marie», puis récitent un Ave Maria.
Des personnes engagées incarnent la charité de Joseph d’Arimatie
Pour la dernière station, qui voit Jésus être déposé au tombeau, des personnes engagées dans l’action caritative incarnent la charité de Joseph d’Arimatie qui offre son tombeau au Christ. Le Chemin de Croix se termine par l’invocation conclusive écrite par François qui adresse un ultime mot au Christ en forme de dernière prière: «merci». (cath.ch/vaticannews/be)