Décès de Jean-Marie Viénat, «l’Abbé Pierre de Genève»
L’abbé Jean-Marie Viénat, prêtre, travailleur social et éducateur de rue, est décédé le 19 mars 2024 à Genève à l’âge de 82 ans. Aumônier et directeur du lieu de rencontre le CARÉ, à Genève, il était surtout connu pour son engagement auprès des marginalisés de la société.
«Chaque jour est différent. En 15 ans, je n’ai jamais éprouvé la moindre déception. Car tout ici est tellement enrichissant», assurait Jean-Marie Viénat à l’agence APIC en 1991. Le prêtre était une personnalité bien connue dans la ville du bout du lac. «Il était un peu considéré comme l’Abbé Pierre de Genève», confie l’abbé Pascal Desthieux à cath.ch. Le prêtre genevois l’a surtout connu dans ses dernières années. Il se souvient de Jean-Marie Viénat comme de quelqu’un de «très engagé pour les ‘oubliés de la société’, tout en restant discret et humble. Il ne se mettait jamais en avant».
Mais même s’il n’occupait que peu la sphère médiatique, Jean-Marie Viénat mettait beaucoup d’énergie à conscientiser sur la marginalisation, notamment les édiles politiques, souligne l’abbé Charles Christofi, qui l’a remplacé à la direction du Caré.
Auprès de démunis et des fidèles
Prêtre de la Congrégation des Missionnaires du Sacré Coeur, Jean-Marie Viénat est né en 1942 à Porrentruy, dans le Jura. Après des études de théologie à Lyon, puis à Strasbourg, il est ordonné prêtre en 1970. Particulièrement engagé sur le plan social, tout en travaillant en paroisse, il poursuit durant quatre ans une formation d’éducateur à l’Ecole sociale de Lausanne.
En 1977, il prend la direction du CARÉ (Caritas-Accueil-Rencontre-Echange), créé par Caritas Genève. Le CARÉ se présente comme «un lieu de vie, où nous nous mettons à l’écoute de l’autre, nous répondons aux besoins essentiels des personnes accueillies et nous mettons en place des animations.» Le centre répond aux besoins essentiels des personnes, proposant des repas chauds ainsi que des prestations d’hygiène et sociales.
Jean-Marie Viénat partage ainsi pendant des décennies son temps entre le CARÉ et son ministère pastoral, qu’il exerce dans la paroisse Ste-Marie-du-Peuple, à Châtelaine (1975-1981). Il a également été, dès 1982, aumônier de Caritas-Genève.
«La rencontre de l’autre était la rencontre de son Christ»
Son ministère et son travail formaient pour lui une complémentarité: «Je ne tiendrais pas sans la prière et la méditation régulière, sans l’eucharistie quotidienne, c’est là, principalement, que je trouve la source de mes forces et de mes motivations», assurait-il à l’APIC. L’abbé Viénat était un admirateur de Guy Gilbert, ainsi que du Père Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart- Monde.
«Il y avait chez lui, comme chez les autres chevilles ouvrières du Caré, l’idée qu’au-delà la misère extérieure, il fallait s’occuper de la misère intérieure, explique Charles Christofi. Le plus important pour lui était d’être présent.» Le directeur du Caré se souvient d’un homme «totalement habité par sa vocation de prêtre, qui se manifestait par l’amour du prochain. La rencontre de l’autre était la rencontre de son Christ.»
L’Eucharistie et le dernier adieu seront célébrés le lundi 25 mars 2024, à la Basilique Notre-Dame de l’Immaculée Conception de Genève. (cath.ch/arch/rz)