Ritrit.fr, le site branché pour une retraite spirituelle
Vivre un temps de recul dans un monastère: la formule est ancienne. Pour dynamiser la demande, 130 monastères et communautés se sont unis sur le site Ritrit.fr. La plateforme donne une impulsion nouvelle à l’accueil spirituel, en visant un public plus jeune.
Bernard Litzler pour cath.ch
Une retraite, en anglais, ça se dit «retreat». Le site français Ritrit.fr s’appuie sur cet anglicisme: c’est bien de retraite spirituelle dont il s’agit. «Vivre un temps de retraite spirituelle pour réviser ses examens, pour se ressourcer, pour partir en groupe, pour découvrir un lieu unique»? Sur sa page d’accueil, Ritrit cible large. «Nous voulons toucher des personnes plutôt jeunes, connectées et en marge de l’Eglise», indique Augustin Marbacher, un des porte-paroles du site internet.
Et ça marche… 5000 personnes prennent rendez-vous chaque mois dans un des 130 lieux proposés. Il suffit de cliquer sur la carte pour découvrir un endroit inconnu. De surcroît, le séjour monastique a la cote. La chaîne française C8, et son émission de téléréalité Bienvenue au monastère, l’ont popularisé: six personnalités ont ainsi participé à leur première retraite spirituelle, dopant la formule.
Quatre au départ
Au départ, en 2019, seules quatre abbayes jouent le jeu: les cisterciens de Cîteaux (Bourgogne), les cisterciennes d’Echourgnac (Dordogne), les chanoines de Lagrasse (entre Narbonne et Carcassonne) et ceux de Saint-Victor à Champagne (Ardèche).
Progressivement, les rangs des communautés d’accueil grossissent: trappistes, bénédictins et bénédictines. Puis viennent les communautés nouvelles, Saint-Jean, le Chemin-Neuf et les Fraternités monastiques de Jérusalem. Enfin s’y joignent les Foyers de charité, des sanctuaires ainsi que les centres jésuites.
Religieux au jardin
«Il s’agit, en fait, de tous les types de communautés dans lesquelles la vie chrétienne est quotidienne», précise le porte-parole. Et un séjour, même de courte durée, dans un lieu marqué par la prière séduit. De surcroît, les photos des lieux, en montagne, en campagne ou en bord de mer, attirent l’œil.
Pourtant, confie Augustin Marbacher, «nous ne voulons pas apparaître comme trop ‘cathos’. Nous faisons aussi attention aux photos et au vocabulaire employés. Par exemple, nous allons montrer des frères ou des sœurs au jardin plutôt qu’en prière à l’église. Car nous nous adressons à un public éloigné de l’Eglise. Ritrit.fr répond aux attentes avec ce ton qui n’est pas trop exclusif». Pari gagnant, puisque près de 60% des demandes émanent de personnes de moins de 39 ans.
Second souffle
De fait, les communautés estiment «qu’elles gagnent un temps fou» grâce à Ritrit.fr. Cet accueil constitue souvent un second souffle pour des endroits où il constitue une importante source de revenus. Le fait de toucher un nouveau public, pas ou peu rejoint par les offres des monastères, ainsi que le fait de recevoir des personnes plus jeunes, stimulent la volonté de s’ouvrir.
Ce public en recherche arrive également avec des questions basiques. Du coup, l’accompagnement proposé sera de nature catéchétique plutôt que spirituel.
Au moins un office quotidien
Le prix d’une journée tourne autour de 35 euros (environ 32 francs), en moyenne, pour l’hébergement et trois repas. Pourtant n’existe-t-il pas un risque de proposer des lieux d’hébergement peu coûteux à des ‘touristes’ spirituels? Cela est possible, concède le responsable du site, mais le formulaire de contact personnalisé, que remplit le futur retraitant – on est tenté de dire ‘ritritant’ – , permet déjà un tri. Car il est demandé d’assister au moins à un office quotidien.
Le Carmel du Pasquier
Et la Suisse romande? Seul le Carmel du Pâquier, en Gruyère, figure pour le moment sur la carte des propositions. Mais l’abbaye fribourgeoise de La Maigrauge ainsi que les dominicaines d’Estavayer-le-Lac et les cisterciens d’Hauterive semblent intéressées par cette nouvelle manière de toucher les chercheurs de sens.
Car le phénomène Ritrit.ch dynamise le secteur: les demandes d’hébergement ont explosé, passant de 2’400 en 2021 à 51’387 en 2023. Le mois de janvier 2024 laisse déjà apparaître un chiffre de 8’130 demandes. La plateforme de réservation, sorte «d’AirBnB spirituel», semble avoir trouvé son public. (cath.ch/bl/rz)