Michel Fontaine

Évangile de dimanche: Les prémices de la joie de Pâques

Sur ce chemin vers Pâques, l’Écriture monte en puissance. Elle nous révèle progressivement pourquoi Jésus, le Fils du Dieu vivant, est venu parmi nous. Oui, pourquoi ? Cette question est centrale dans notre vie de foi. Je vous propose quelques jalons pour en mesurer la densité et la richesse.

Tout d’abord, c’est l’antienne de ce dimanche, dit de « Laetare », qui veut nous faire vibrer déjà à la joie de Pâques, « Réjouis-toi, Jérusalem…jubilez de joie…vous serez rassasié de consolation ». Elle résonne avec les paroles mêmes que Jésus proclame dès le début de son ministère : « Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est proche : convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle » (Mc 1, 15).

«…Ces mots disent déjà quelque chose du pourquoi et expriment un changement»

Ces mots disent déjà quelque chose du pourquoi et expriment un changement, un renouvellement, une Espérance et une dynamique nouvelle… Allons à la rencontre de l’Écriture de ce jour pour en découvrir encore des indices…

Tout d’abord, ce désir ancestral d’un lieu pour célébrer la rencontre de l’humain avec Dieu et c’est le prophète Jérémie qui nous le rappelle à partir d’un évènement ; la destruction du Temple de Jérusalem. Ce lieu a été souillé, mis à sac. Or voilà qu’un homme, roi de Perse, Cyrus, inspiré par Dieu, bien que ne le connaissant pas, proclame « le Seigneur m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem ».

Et pourtant dimanche dernier, Jésus dans l’évangile de Jean, n’a-t-il pas été clair sur la question du Temple : le lieu de la vraie rencontre avec Dieu s’exprime en esprit et en vérité. Tout en respectant le Temple, cette parole nous prépare au bouleversement de Pâques qui révèle la dignité et la vérité de tout être humain, devenu temple de l’Esprit. Paul le dira à sa manière : « …le monde ancien est passé, voici qu’une réalité nouvelle est là » (2 Co 5, 17). Comment accueillons-nous cette réalité nouvelle ?

Ensuite, avec Paul nous entrons dans les termes mêmes du pourquoi de sa venue. Nos mots sont fragiles mais ils disent la vérité lorsque nous reconnaissons que ce que nous sommes, puise son origine dans un Acte d’amour qui ne cesse de créer : « c’est bien par la grâce que vous êtes sauvés et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le Don de Dieu ».

«La reconnaissance de cette Parole constitue le terreau de notre chemin de foi»

Ce Don est fait à tout être humain sans exception. Comment prenons-nous conscience de cela ? Savons-nous le reconnaître ? La reconnaissance de cette Parole constitue le terreau de notre chemin de foi, certes avec ses doutes mais aussi ses moments uniques de force pour traverser telle ou telle épreuve. En un mot, tenir contre toute désespérance. De quoi aurions-nous peur, nous ne sommes plus jamais seuls !

Et enfin, avec l’évangile de Jean, se précise le lien trop souvent incompris entre le Salut et le Jugement, tous deux, ne l’oublions pas, révélateurs d’un nouvel espace où la vérité vous rendra libre (Jn 8, 32). Ces deux mots sont comme les deux faces d’une même réalité, celle de la Création voulue par amour : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».  

La Lumière nous est donnée. Elle ne s’éteindra jamais plus. C’est la certitude de notre foi, le cœur de notre baptême. Alors nous lui dirons du plus profond de nous-mêmes, comme l’aveugle né de naissance « Je crois Seigneur » (Jn 9, 38).

Que la joie de Pâque qui approche nous aide à vivre de cette profession de foi !

Fr Michel Fontaine OP | Vendredi 8 mars 2024


Jn 3, 14-21

En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :
« De même que le serpent de bronze
fut élevé par Moïse dans le désert,
ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.
Car Dieu a tellement aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique,
afin que quiconque croit en lui ne se perde pas,
mais obtienne la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement,
celui qui ne croit pas est déjà jugé,
du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Et le Jugement, le voici :
la lumière est venue dans le monde,
et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière,
parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
Celui qui fait le mal déteste la lumière :
il ne vient pas à la lumière,
de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ;
mais celui qui fait la vérité vient à la lumière,
pour qu’il soit manifeste
que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »

Photo:evangile-et-peinture.org
8 mars 2024 | 17:00
par Michel Fontaine
Temps de lecture : env. 3  min.
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