Inde: l'archevêque de Bombay bénira les couples homosexuels
Le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, a indiqué que la déclaration Fiducia Supplicans, un nouveau texte controversé du Vatican approuvant les bénédictions non liturgiques pour les unions homosexuelles et les couples en situation irrégulière, était «naturelle» dans le pays, la qualifiant «d’affirmation de notre spiritualité et de cadeau». Il rappelle qu’il ne s’agit en aucun cas d’un pas vers le mariage sacramentel.
«La bénédiction est comme lorsqu’une personne part en voyage, lorsqu’elle est venue en pèlerinage, elle veut une bénédiction demandant à Dieu d’être avec elle», a déclaré le cardinal Oswald Gracias, proche conseiller du pape, au site d’actualité catholique Crux. Alors que la déclaration publiée par le dicastère de la Doctrine de la foi a notamment fait bondir les épiscopats africains, la réception du texte a été toute autre en Inde, comme l’explique l’archevêque de Bombay.
Une coutume largement acceptée
Selon le cardinal Oswald Gracias, dans la culture indienne, demander et donner des bénédictions est une coutume largement acceptée. «J’ai rencontré un jour le Premier ministre, qui m’a demandé des prières. Je l’ai assuré de nos prières et de nos bénédictions», précise-t-il. «Notre mentalité indienne est tellement inclusive qu’elle comprend les personnes d’autres religions et d’autres croyances», ajoute le cardinal. «Tous cherchent Dieu, tous cherchent la vérité, tous cherchent la spiritualité.»
Si la Fiducia Supplicans fait l’objet d’une controverse en Inde, c’est parce qu’elle a été mal comprise, explique le cardinal. «La doctrine de l’Église sur le mariage entre un homme et une femme n’a pas changé. La tradition de l’Église et le magistère sont très clairs et il n’y a aucune contradiction», souligne-t-il. «Tout le monde a droit à l’amour et à la compassion de Dieu, et l’enseignement sur les bénédictions dans le document est une ‘conséquence naturelle’ de ce principe».
Le cardinal Gracias a également déclaré que Fiducia Supplicans était conforme à sa propre pratique pastorale avec la communauté LGBTQ+. «Dans le passé, je l’ai dit et je veux le répéter, ils font partie de notre famille, ils ont besoin de nos soins pastoraux. Je les ai rencontrés lorsqu’ils sont venus me voir, parfois en privé dans mon bureau. Jésus n’a jamais refusé une bénédiction (…) c’est l’idée.»
Bénédiction pour LGBTQ+
A titre d’exemple, il cite sa rencontre, en octobre 2018, avec le couturier indien Wendell Rodricks (décédé depuis). Le créateur de mode dirigeait également le «Réseau mondial des catholiques arc-en-ciel», qui travaillait sur la pastorale des catholiques LGBTQ+. L’archevêque avait accepté de bénir la nouvelle ligne téléphonique d’urgence mise en place pour la communauté LGBTQ+.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux après la rencontre, le couturier a fait part de sa profonde émotion: «J’ai été ému aux larmes lorsque le cardinal Gracias a non seulement donné son approbation et son soutien total, mais a également accepté de conseiller à son clergé d’être plus compatissant et de moins condamner la communauté LGBTQ», a-t-il écrit.
«À la fin de notre réunion, Son Éminence a posé sa main sur ma tête et m’a béni d’une manière particulière: «Que le Christ nous bénisse pour le travail que nous accomplissons pour la société». Il suffit de dire que je me suis senti béni, reconnaissant et immensément joyeux. Dans le smog de Bombay, mon cœur a senti un arc-en-ciel.»
Pas un mariage sacramentel
Mgr Gracias a insisté sur le fait que de telles bénédictions n’entraînaient pas de confusion doctrinale. «Je pense que les gens ont interprété cette bénédiction comme un pas en avant vers un mariage sacramentel», a-t-il déclaré. «Ce n’est absolument pas le cas. Je peux l’affirmer catégoriquement, à 100 %». Le cardinal Gracias a indiqué qu’il utiliserait ses réseaux sociaux pour tenter de dissiper toute confusion.
L’une des séances interactives de questions-réponses qu’il compte organiser sur la chaîne YouTube de l’archidiocèse de Bombay, qui compte 122’000 abonnés, sera consacrée à la déclaration Fiducia Supplicans. «Je répondrai à la question et j’expliquerai en détail qu’elle a été instrumentalisée, mal comprise et mal interprétée bien plus qu’il n’est normal», a-t-il déclaré. (cath.ch/crux/bh)