Fribourg: la Corporation ecclésiastique a approuvé son budget 2024
Réunis en assemblée le 9 décembre 2023, à Fribourg, les délégués de la Corporation ecclésiastique cantonale (CEC) ont approuvé le budget 2024. Patrick Mayor a également annoncé son départ de l’exécutif de la CEC.
Véronique Benz, cath.fr
Il s’agissait du premier budget commun après la fusion des deux caisses (la Caisse de rémunération des ministères paroissiaux et la Corporation ecclésiastique). Avec des charges d’environ 29 millions, le budget 2024 dépasse le taux de frein aux dépenses fixé à 15%. Pour pouvoir accepter ce budget, les délégués de la CEC ont dû approuver une hausse du taux de frein aux dépenses à 16,5%. L’assemblée a débattu de manière animée et soutenue cette hausse. Certains délégués paroissiaux s’inquiètent de son augmentation systématique.
Ces dernières, selon eux, représentent une charge «difficilement supportable» pour les paroisses fribourgeoises. «Il y a toujours une bonne raison pour passer outre le frein aux dépenses de 15%», relève un délégué. Il estime qu’au sein de l’Église, comme dans n’importe quelle entreprise, il faut, si nécessaire, licencier des personnes.
Processus de professionnalisation à l’oeuvre
Gérald Telley, membre du Conseil exécutif et responsable des finances, partage le souci financier des paroisses. «Préparer un budget est un exercice très complexe. Les paroisses souhaitent des agents pastoraux bien formés, mais elles veulent payer moins. Une réflexion quant aux priorités de financement est à faire rapidement. Est-ce vraiment utile d’avoir de magnifiques églises, s’il n’y a plus personne pour les fréquenter?», questionne-t-il. La hausse de ce frein aux dépenses est due à une nouvelle augmentation des salaires, un palier supplémentaire a été accordé aux agents pastoraux, et à l’adaptation aux coûts de la vie.
«Nous nous dirigeons vers une Église plus ‘pauvre’ qui rendra des services différents et qui devra continuellement s’adapter au besoin des croyants et non-croyants»
Patrick Mayor
Marianne Pohl-Henzen, déléguée de l’évêque pour la partie germanophone du canton, remarque que nous sommes dans une phase de transition. «Pour la première fois, nous vous présentons un budget commun. Il ne faudrait pas faire de différences entre les paroisses et la Corporation, nous sommes tous engagés au service de la même cause.» Céline Ruffieux, représentante de Mgr Morerod pour la partie francophone du canton, a relevé que depuis deux ans, un processus de professionnalisation est à l’œuvre. «Nous travaillons à une vision stratégique pour l’avenir de l’Église dans notre canton.»
Une réflexion sur le frein aux dépenses
La Commission de gestion note dans son rapport que si l’augmentation du frein aux dépenses n’était pas acceptée, le Conseil exécutif aurait dû licencier rapidement 18 collaborateurs. La Commission insiste sur l’absolue nécessité d’instituer, dès le début de la nouvelle législature, une commission spéciale pour traiter de cette problématique du taux du frein aux dépenses.
Selon la Commission de gestion, seules deux possibilités se profilent: soit le taux de 15% est justifié et dans ce cas il faudra que la liste des tâches financées par la CEC soit revue et que certains services soient réduits, voire abandonnés; soit il faut réviser ce taux à la hausse et dans ce cas les paroisses devront revoir leur priorité dans l’utilisation de leurs deniers.
Des mondes parallèles
En fin d’assemblée, Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg (LGF) a adressé quelques paroles aux délégués en les remerciant pour leur engagement. «Il y a beaucoup de choses positives qui sont vécues dans notre Église. Il y a aussi de nombreux défis à relever ensemble. Il y a des signes de vitalité.»
Évoquant l’actualité des sorties d’Église, il constate qu’elles ne sont pas dues seulement aux abus sexuels. «Parmi les personnes que je rencontre, beaucoup me disent ne pas savoir qu’attendre de cette institution.» Il observe le profond décalage entre l’Église et la société. «Nous vivons dans deux mondes parallèles qui ne se comprennent plus. Nous avons une belle perspective de travail commun où nous devons nous aider les uns les autres.»
Départ de Patrick Mayor
Patrick Mayor, après dix ans au Conseil exécutif de la CEC, a décidé de ne pas se représenter pour un mandat. En guise d’adieux, il a adressé aux délégués une réflexion sur l’Église de demain. «Nous nous dirigeons vers une Église plus ‘pauvre’ qui rendra des services différents et qui devra continuellement s’adapter au besoin des croyants et non-croyants, a notamment prédit le laïc fribourgeois. Nous allons devoir faire des choix de réorganisation territoriale, créer des lieux avec des moments forts où les pratiquants pourront se rencontrer pour des célébrations dans des églises pleines et chaleureuses. Nous allons aussi devoir décider de fermer certains lieux de cultes. Les paroisses devront réfléchir comment maintenir la flamme chez leurs fidèles plutôt que de rénover à 100% tous leurs bâtiments.»
«Nous allons aussi devoir vivre avec moins de prêtres, d’ici ou d’ailleurs…, a estimé Patrick Mayor. (…) Notre responsabilité envers la société fribourgeoise est de continuer nos actions de diaconie et de créer des nouveaux projets.» «Devrez-vous créer une commission ‘sorties d’église’ qui cherchera les moyens de ‘retenir’ ceux qui partent?, s’est-il interrogé. Ou plutôt une commission ‘projets en devenir’ qui cherchera de nouveaux financements pour créer des projets qui donnent envie d’entrer dans l’Église?» (cath.ch/com/vb/rz)