Des membres du parlement de l'Eglise catholique dans le canton de Lucerne se rendant à une session, le 8 novembre 2023 | © Wolfgang Holz
Suisse

Abus: l’Eglise lucernoise exige du diocèse des mesures concrètes

Le parlement de l’Eglise catholique dans le canton de Lucerne a adopté, le 8 novembre 2023, une motion urgente exigeant de l’évêché de Bâle des mesures concrètes concernant la lutte contre les abus sexuels. L’Eglise cantonale envisage de retenir une partie de ses contributions à l’évêché en cas de non réalisation de ces objectifs.

Avec kath.ch

Le parlement de l’Eglise lucernoise a adopté la motion à une large majorité de 76 voix contre 12 et trois abstentions. Les membres du conseil ont été soutenus par un rassemblement de quelque 250 fidèles venus protester contre l’attitude de l’Eglise en Suisse et du diocèse de Bâle (qui regroupe dix cantons, dont celui de Lucerne). Ils s’étaient réunis à l’appel de l’Eglise catholique de la ville de Lucerne.

La motion adoptée par l’organe législatif ecclésiastique exige la mise en place d’une commission d’enquête indépendante chargée principalement des éventuelles infractions commises par des évêques suisses. Une seconde revendication est la création d’un bureau de signalement indépendant à l’échelle de la Suisse avec une fonction de contrôle des procédures engagées.

La mise en place d’un tribunal canonique national composé de laïcs et d’experts est en outre demandée. La motion prévoit également l’arrêt de la destruction des dossiers. La pratique, autorisée par le droit canon, a eu cours en Suisse, comme l’a révélé le projet pilote mené par l’Université de Zurich, publié le 12 septembre dernier. Enfin, la motion lucernoise demande la fin d’une «morale sexuelle hostile à la vie» au sein de l’Eglise catholique.

Un diocèse de Bâle dans la tourmente

Une controverse entre parlementaires a porté sur l’opportunité de retenir une moitié de l’argent versé à l’évêché par l’Eglise lucernoise si celui-ci ne mettait pas en œuvre ces revendications. Le parlement devrait décider lors de la session d’automne 2024 s’il recourt ou non à cette sanction financière.

La démarche de l’Eglise lucernoise va dans le sens de celle de plusieurs paroisses de ce canton, qui, lors de ces dernières semaines, ont décidé de suspendre leur contribution financière au diocèse de Bâle. La «rébellion» atteint ainsi l’échelon supérieur qu’est l’Eglise cantonale (corporation ecclésiastique). Le levier financier destiné à faire pression sur l’Eglise en Suisse pour la réalisation des mesures de lutte contre les abus sexuels a aussi été évoqué par la faîtière des corporations ecclésiastiques, la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ). L’Eglise lucernoise soutient en fait les quatre demandes officiellement posées par la RKZ, en y ajoutant celle de l’accès aux dossiers de la nonciature.

Le diocèse de Bâle et son évêque, Mgr Gmür, ont été fragilisés ces derniers mois par plusieurs affaires liées à des abus sexuels. Le non respect par les responsables de l’évêché des directives romaines en la matière a notamment été critiqué.

Le diocèse de Bâle a annoncé le 6 novembre avoir mandaté un cabinet d’avocats afin de mener les enquêtes préliminaires sur la base du droit canonique concernant les abus sexuels. Les enquêteurs doivent également examiner les demandes de réparation morale dans ce domaine. (cath.ch/kath/sas/cm/arch/rz)

Des membres du parlement de l'Eglise catholique dans le canton de Lucerne se rendant à une session, le 8 novembre 2023 | © Wolfgang Holz
9 novembre 2023 | 11:12
par Rédaction
Temps de lecture : env. 2  min.
Abus sexuels (1288), Finances (197), Lucerne (92), RKZ (111)
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