Zimbabwe: L’Eglise catholique demande l'abolition de la peine de mort
La Conférence des évêques catholiques du Zimbabwe a exhorté la justice du pays, à renoncer à la peine de mort. Les évêques se prononcent en faveur de la réclusion à perpétuité contre les auteurs de crimes.
Le Zimbabwe observe depuis 2005, un moratoire sur les exécutions capitales, bien qu’elles soient toujours en vigueur dans le code pénal. En 2018, au moins cinq personnes ont été condamnées à mort et plus de 81 individus attendaient leur exécution. Bien que le Zimbabwe ait ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) en 1991, il n’a pas encore ratifié le Deuxième Protocole facultatif sur l’abolition de la peine de mort.
La section 48 de la Constitution du Zimbabwe précise que la peine de mort ne peut être imposée que pour un meurtre commis avec des circonstances aggravantes et seulement pour les hommes âgés de 21 à 70 ans, pas pour les femmes.
Les évêques se sont joints à la campagne de Amnesty International contre la peine de mort, le 10 octobre dernier. Dans une déclaration publiée le 19 octobre sur son site de la conférence épiscopale, les évêques ont rappelé que chaque fois qu’une personne est condamnée à mort, non seulement une vie lui est enlevée, mais aussi une partie de son humanité lui est enlevée. «La personne condamnée doit être punie et non pas tuée, car si elle est exécutée, elle ne ressentirait plus les effets de la sanction pénale», ont-ils rappelé en ajoutant que la condamnation à mort va à l’encontre du commandement de Dieu. Pour la conférence épiscopale, «ceux qui proposent la peine de mort et ceux qui l’exécutent reçoivent le pouvoir de tuer par d’êtres humains et non de Dieu lui-même».
«Faire face à l’erreur et la reconnaître»
«Même dans la plupart des pratiques traditionnelles africaines locales, les gens étaient tout à fait conscients du fait qu’aucune vie d’un individu ne devait être prise pour compenser une vie perdue», ont rappelé les évêques. «Cependant, ont-ils ajouté, le lésé préférait être dédommagé par une personne vivante, une pratique traditionnelle qui a été remplacée par l’emprisonnement à vie de l’auteur de l’infraction. Il est certain qu’aucun prix ne peut être payé pour rendre une vie perdue à la suite d’un meurtre ou de toute autre manière, mais le plus beau cadeau est de faire face à l’erreur commise et de la reconnaître.»
En juillet dernier, deux hommes, Tafadzwa Shamba et Tapiwa Makore Senior, ont été condamnés à mort à l’issue de leur procès devant la Haute Cour de justice de Harare. Ils ont écopé de la capitale pour homicide volontaire. Au terme de leur jugement, ils ont été reconnus coupables du meurtre, le 17 septembre 2020, d’un homme retrouvé défiguré et démembré. Les faits avaient suscité l’indignation générale dans le pays.
Amnesty International estime que la peine de mort est «le meurtre d’un être humain commis avec préméditation et de sang-froid, au nom de la justice». «Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit», a déclaré Khanyo Farisè, directrice adjointe du programme Afrique australe à Amnesty International, en réaction à la condamnation des deux Zimbabweens.
Par le «Clemency Order 1 of 2020», le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a gracié, en mars 2020, 5’000 détenus afin de désengorger les prisons. A cette occasion il a commué également en prison à vie les peines des condamnés à mort qui étaient en attente d’exécution depuis plus de 10 ans.
883 exécutions en 2022
Pour l’année 2022, Amnesty International a recensé 883 exécutions, un chiffre en hausse de plus de 50% par rapport à l’année précédente. Sur le continent africain, la peine de mort est toujours appliquée en Égypte, aux Comores, au Botswana, en Libye, en Éthiopie, en Gambie, au Lesotho, en Ouganda, en République démocratique du Congo, au Nigeria, en Somalie, au Soudan et Soudan du Sud. Dans ce dernier état, les exécutions ont considérablement augmentées. (cath.ch/ibc/bh)