Le pape demande la protection des édifices chrétiens du Haut-Karabakh
Alors que l’Azerbaïdjan a annoncé la dissolution prochaine de la République autoproclamée du Haut-Karabakh après sa victoire militaire dans cette enclave arménienne, le pape François s’est inquiété du sort réservé aux monastères et églises de la région. lors de l’angélus qu’il présidé le 15 octobre 2023 sur la place Saint-Pierre.
« Ma préoccupation pour la crise dans le Haut-Karabakh n’a pas diminué », a assuré le pontife lors de l’angelus du 15 octobre 2023 sans toutefois nommer directement ni l’Arménie ni l’Azerbaïdjan. Il s’est inquiété particulièrement pour « la grave situation humanitaire des déplacés ». Ces dernières semaines, après la victoire de l’offensive azerbaïdjanaise dans l’enclave séparatiste, 80% de la population arménienne y résidant soit quelque 100.000 personnes ont fui.
Alors que l’Arménie a dénoncé une volonté de « nettoyage ethnique » de la part de Bakou, le chef de l’Église catholique a adressé « un appel particulier en faveur de la protection des monastères et des lieux de culte de la région ».
Il a souhaité que ces édifices, dont beaucoup appartiennent à l’héritage arménien de l’époque médiévale, puissent être respectés et protégés par les autorités et par tous les habitants. Le pontife a souligné que ce patrimoine faisait partie intégrante de la culture locale, et que les monastères étaient « des expressions de foi et le signe d’une fraternité qui rend capables de vivre ensemble dans les différences ».
Ces dernières semaines, le pape a multiplié les appels à l’apaisement dans cette région du Caucase méridional. Lors de l’angélus du 1er octobre, il a ainsi interpelé ouvertement l’Azerbaïdjan et l’Arménie, appelant les deux parties au dialogue, et souhaitant « un accord durable qui mette fin à la crise humanitaire ».
Lors de l’audience générale du 20 septembre dernier, le pape a exhorté « toutes les parties en cause » – sans cependant évoquer nommément les deux pays – et la communauté internationale, à agir « afin que se taisent les armes ».
Depuis le début de l’année civile, la situation s’était dégradée, alors que l’Azerbaïdjan tenait un blocus du corridor de Latchine, reliant l’Arménie au territoire du Haut-Karabakh. Quelque 120’000 Arméniens vivaient dans cette région déjà passée partiellement sous le contrôle de l’Azerbaïdjan à l’issue de la guerre de 2020, et censée être protégée par des soldats russes.
Prétextant une opération anti-terroriste, Bakou a initié des frappes le 19 septembre, provoquant la mort de près de 600 personnes en prenant le contrôle du territoire. Dans le sillage de sa victoire, l’Azerbaïdjan a annoncé le 28 septembre la dissolution de cette république séparatiste autoproclamée, à la date du 1er janvier 2024.
À I.MEDIA, l’ambassadeur arménien près le Saint-Siège Garen A. Nazarian dénonçait en avril dernier une action visant « à mettre en œuvre la politique azerbaïdjanaise de nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh ». (cath.ch/imedia/ak/mp)