Evangile de dimanche: Pari risqué sur la confiance

«Écoutez cette parabole: Un homme était propriétaire d’un domaine; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons…»

En cette période de vendanges et de belles couleurs automnales, on est assez à l’aise avec cette parabole plutôt facile à comprendre.

Tout le monde saisit que le propriétaire de la vigne c’est Dieu, et que la vigne c’est la création de Dieu. Les premiers vignerons c’est le peuple d’Israël, mais les vignerons se sont mal conduits en maltraitant les prophètes et en tuant le Fils unique de Dieu. Dès lors Dieu remet le travail de la vigne à d’autres vignerons. C’est l’Église, ce sont nous les chrétiens. Et il semble que l’histoire finit bien pour nous, puisque nous sommes les bons vignerons…

Le problème c’est que l’histoire n’est pas finie. En fait pour nous la parabole commence. Parce que maintenant encore, Dieu nous confie, de par notre baptême, sa création. Maintenant Dieu nous confie le monde pour que nous en fassions une bonne vigne qui porte de belles grappes, prémices d’un bon Vin éternel.

Si nous acceptons cela, cela a des conséquences, et la première est extraordinaire: Dieu a confiance en nous. C’est un trait caractéristique de Dieu, peut-être même, si j’ose dire, le point faible de Dieu. Il fait confiance. Il ne calcule pas. Avec les premiers vignerons cela n’a pas marché, tant pis, choisissons d’autres!

«Dieu nous fait confiance même si rien n’indique que nous méritions cette confiance.»

Cela peut paraître de la naïveté, de la faiblesse. Mais c’est surtout de l’amour. Dieu a une haute considération de chacun de nous. Dieu nous fait confiance même si rien n’indique que nous méritions cette confiance. Dieu a plus confiance en nous que nous n’avons confiance en nous-mêmes. Cela devrait nous faire réfléchir quant à notre implication dans le monde, dans les relations et dans la société. Qu’importe finalement ce que pensent les autres, Dieu a confiance en moi!

C’est la première leçon de cet évangile mais il y en a une autre tout aussi belle: Si Dieu nous confie sa vigne, c’est-à-dire le monde, cela veut dire que le monde est à Dieu d’abord avant d’être à nous.

Cela veut dire que ce que nous avons, ce dans quoi nous sommes insérés et travaillons, le monde de nos relations, de nos joies, de nos loisirs et plaisirs, le monde de l’économie, de la culture: ce monde est à nous, parce qu’il est d’abord à Dieu.

Cela devrait changer notre regard, sur nos possessions, sur nos relations,

et nous permettre d’avoir plus de reconnaissance envers ce Dieu confiant qui donne tout. Cela devrait nous permettre d’éviter la tentation d’évacuer Dieu de nos petites sphères où nous croyons régner en maîtres pour le cloisonner dans son domaine à lui. Le Domaine de Dieu d’ailleurs c’est Tout. Sauf le mal…

Guy Luisier | Vendredi 6 octobre 2023

Mt 21, 33-43

En ce temps-là,
Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple :
    « Écoutez cette parabole :
Un homme était propriétaire d’un domaine ;
il planta une vigne,
l’entoura d’une clôture,
y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde.
Puis il loua cette vigne à des vignerons,
et partit en voyage.
    Quand arriva le temps des fruits,
il envoya ses serviteurs auprès des vignerons
pour se faire remettre le produit de sa vigne.
    Mais les vignerons se saisirent des serviteurs,
frappèrent l’un,
tuèrent l’autre,
lapidèrent le troisième.
    De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs
plus nombreux que les premiers ;
mais on les traita de la même façon.
    Finalement, il leur envoya son fils,
en se disant :
‘Ils respecteront mon fils.’
    Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
‘Voici l’héritier :
venez ! tuons-le,
nous aurons son héritage !’
    Ils se saisirent de lui,
le jetèrent hors de la vigne
et le tuèrent.
    Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra,
que fera-t-il à ces vignerons ? »
    On lui répond :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
    Jésus leur dit :
« N’avez-vous jamais lu dans les Écritures :
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux !
    Aussi, je vous le dis :
Le royaume de Dieu vous sera enlevé
pour être donné à une nation
qui lui fera produire ses fruits. »