Le pape demande aux Polonais de soutenir les réfugiés ukrainiens

«Rappelez-vous de vos frères et sœurs de l’Ukraine, contraints de quitter leur patrie, affligée par la guerre», a lancé le pape François au terme de l’audience générale du 27 septembre 2023, lors de son salut aux pèlerins polonais. Le pontife a exprimé cet appel dans un contexte de refroidissement brutal des relations entre les gouvernements de Varsovie et de Kiev.

En rappelant que dimanche dernier, 24 septembre, avait été célébrée la Journée mondiale du migrant et du réfugié sur le thème «Libres de choisir entre migrer ou rester», le pape a invité les Polonais à persévérer dans leur soutien aux réfugiés ukrainiens «qui cherchent l’aide, le refuge et la bienveillance dans votre pays». «Manifestez-leur l’accueil évangélique», a répété François.

Ses mots s’inscrivent dans un contexte particulier pour la Pologne, demeurée longtemps l’allié le plus fiable de l’Ukraine dans sa résistance à l’offensive russe initiée le 24 février 2022. Les relations entre Kiev et Varsovie se sont dégradées depuis la décision du gouvernement polonais d’établir un embargo sur les importations de céréales ukrainiennes.

Les agriculteurs polonais avaient mené de nombreuses actions ces derniers mois pour dénoncer la baisse des cours du blé et la saturation des silos, exerçant ainsi une forte pression sur l’exécutif, dans le contexte de la campagne électorale pour les élections générales du 15 octobre prochain. L’alliance du Parti paysan avec la Plateforme civique, principal parti d’opposition, risque de faire perdre au parti Droit et Justice au pouvoir une partie de son électorat rural, d’où la ligne dure tenue par le gouvernement sur ce thème des importations de blé ukrainien. 

Le 21 septembre, Varsovie a par ailleurs créé un choc en Europe en annonçant la fin des livraisons d’armes à l’Ukraine, à l’exception des accords déjà établis. Le porte-parole du gouvernement polonais a par ailleurs déclaré que la Pologne pourrait mettre fin, en 2024, à son aide fournie aux réfugiés ukrainiens. Après un pic évalué entre trois et quatre millions de réfugiés accueillis en Pologne en 2022, le retour d’une partie des Ukrainiens dans des régions de leur pays moins exposées aux combats a fait descendre ce nombre à environ un million.

Certains experts estiment que la position des autorités polonaises devrait s’assouplir après le scrutin du 15 octobre, car un affaiblissement durable de l’Ukraine face à la Russie risquerait d’exposer la Pologne à une pression russe plus directe. Les zones frontalières de la Pologne avec l’enclave russe de Kaliningrad et avec la Biélorussie sont particulièrement surveillées afin de limiter les risques de provocation. (cath.ch/imedia/cv/bh)