Montréal: une rue portant le nom d’un prêtre abuseur sera débaptisée

Rendu public le 20 juin 2023, le 6e rapport de l’ombudsman de l’archidiocèse de Montréal révélait que des démarches étaient en cours afin que soit retiré le nom d’une rue de l’arrondissement de LaSalle, à Montréal, honorant un prêtre qui, selon les archives diocésaines, aurait abusé sexuellement d’enfants.

François Gloutney/Présence Information religieuse

Marie Christine Kirouack, Avocate et ombudsman de l’archidiocèse de Montréal, a refusé toutefois de révéler quel était le nom de cette rue ou encore celui du prêtre. Le site Présence information religieuse a estimé qu’au moins douze rues, avenues et boulevards de LaSalle honorent des prêtres catholiques.

On sait maintenant qu’il s’agit de l’abbé Ferdinand Comte (1902-1971), curé-fondateur de la paroisse Sainte-Catherine-Labouré. L’église paroissiale est située rue Clément tandis que la rue Comte, nommée en son honneur, longe cette église. Lors de la séance du conseil d’arrondissement de LaSalle tenue le 4 juillet 2023, les conseillers ont voté en faveur de demander à la Ville de Montréal «de préparer un dossier de toponymie pour attribuer un nouveau nom à la rue Comte».

Demande formelle

Les documents qui présentent cette résolution expliquent que le 16 juin 2023, soit quatre jours avant la publication de son rapport semestriel, Me Kirouack a remis à la mairesse de la Ville de Montréal, Valérie Plante, et à la mairesse de l’arrondissement de LaSalle, Nancy Blanchet, une demande afin que le nom de la rue soit modifié parce que le curé Ferdinand Comte «a posé des gestes qui le rendent indigne d’avoir une rue en son honneur».

Se disant sensibles aux révélations faites par l’ombudsman de l’archidiocèse de Montréal, les élus de LaSalle ont déploré lors de leur séance la gravité des gestes rapportés et qui ont été «posés envers des citoyens de LaSalle».

«Les élus considèrent que les odonymes de l’arrondissement doivent rendre hommage à des personnages, des groupes de personnes ou des organisations qui ont eu un impact positif sur la collectivité, et non l’inverse», note la demande acheminée au conseil municipal de Montréal, responsable de nommer ou de renommer les rues et les parcs de la municipalité.

Pas de simples allégations

Les informations incriminantes au sujet du curé Ferdinand Comte ne sont pas «de simples allégations», indiquent les élus de LaSalle, «mais d’informations provenant du dossier sur ce prêtre, révélées par l’ombudsman de l’archidiocèse qui a justement pour mission de faire la lumière sur les agissements de certains prêtres qui n’ont jamais été révélés jusqu’à présent».

L’ombudsman n’a pas souhaité en dire davantage sur les faits qui sont reprochés au prêtre. Elle précise seulement que ce sont des «abus sur des personnes mineures» et que les gestes dénoncés ont été commis dans les années 1960.

C’est le 8 mars 1955 que le conseil municipal de ce qui était alors Ville de LaSalle a adopté une résolution afin de nommer la rue Comte en l’honneur de l’abbé Ferdinand Comte, curé-fondateur de la paroisse Sainte-Catherine-Labouré, érigée canoniquement quatre ans plus tôt, en 1951. L’abbé Comte était toujours vivant lors de la désignation de cette rue en son honneur. Le prêtre est décédé subitement le 23 mars 1971 à l’âge de 68 ans.

125 adresses et un commerce.

«Le principal impact du changement de nom d’une rue est l’inconvénient que cela représente pour les quelque 125 ménages et le commerce qui y ont leur adresse», notent les élus municipaux. Toutefois, ils estiment que «les victimes d’actes posés dans le passé par des prêtres sont susceptibles de trouver une forme de réconfort ou de justice réparatrice en apprenant que la Ville de Montréal a retiré à ce prêtre l’honneur d’avoir une rue à sa mémoire».

Le changement de nom de la rue Comte n’a pas été étudié lors de la séance du conseil municipal de la Ville de Montréal du lundi 21 août 2023. (cath.ch/pir/fg/bh)