Un 'site sec' a été mis en place le long du presbytère de Dübendorf (ZH) | © DR
Suisse

La paroisse de Dübendorf, une «arche» de biodiversité

La paroisse catholique de Dübendorf, près de Zurich, apporte depuis des années sa contribution à la biodiversité. Elle a notamment aménagé plusieurs espaces destinés à favoriser les espèces animales locales.

Barbara Ludwig, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

Une nouvelle chaude journée d’été s’annonce, alors qu’à huit heures du matin, le soleil brille déjà sur la bande de terre qui longe le presbytère de Dübendorf (ZH). Ici, la menthe, les onagres, les œillets, les roses sauvages et les scabieuses jaunes en grand nombre sont en pleine floraison. Abeilles sauvages, bourdons et papillons se pressent autour des fleurs.

Pius Döbeli (57 ans), électricien de profession, est président du conseil de paroisse et membre de ‘l’équipe environnement’ de la paroisse catholique romaine. Il est lui-même surpris par le grand nombre d’insectes qui s’invitent sur la plate-bande. «Ça grouille, ça volète. Sur ce site, les abeilles trouvent beaucoup de nourriture, même en été».

Une démarche professionnelle

Avant, l’endroit était une simple pelouse, qui nécessitait beaucoup d’arrosage, et qui ne présentait aucun intérêt esthétique. ‘L’équipe environnement’ a ainsi décidé d’aménager un ‘site sec’ à cet endroit exposé au soleil. La couche herbeuse et l’humus ont été enlevés et remplacés par du gravier et des cailloux. La plupart des plantes ont été plantées ou semées. Une démarche de promotion de la biodiversité adaptée au site, explique Pius Döbeli. «Elle fonctionne bien parce que l’endroit est particulièrement sec».

Pius Döbeli, président du conseil de paroisse de Dübendorf (ZH,) est attentif à la biodiversité autour des bâtiments paroissiaux | © Barbara Ludwig

Le choix des plantes et la préparation du site ont été réalisés de façon professionnelle, ajoute Stefanie Huber (40 ans), responsable de ‘l’équipe environnement’. «Il vaut mieux mettre un peu plus d’argent et s’assurer que les mesures aient un réel impact», assure-t-elle. La jeune femme travaille également comme conseillère en environnement pour d’autres paroisses et pour le programme ‘Cité de l’énergie’ (un centre de compétence pour la politique énergétique et climatique locale en Suisse).

Offrir un habitat aux espèces locales

Pour le site situé derrière le presbytère, le succès est évident. «Les gens remarquent qu’il y a de la vie ici. Et c’est aussi très beau. Les démarches de ce type sont faciles à expliquer», assure Stephanie Huber.

La responsable environnementale évoque le succès d’une autre initiative: celle de l’étang de Fällanden, aménagé sur un terrain de la paroisse Sainte-Catherine, qui fait partie du secteur pastoral de Dübendorf. Depuis, l’installation du plan d’eau, de très de belles fleurs y poussent, et une couleuvre y a même été aperçue.

«Il existe un énorme potentiel de promotion de la biodiversité dans les alentours des bâtiments religieux», explique Stephanie Huber. Il ne s’agit toutefois pas de favoriser certaines espèces. «Nous encourageons les habitats qui offrent un espace au plus grand nombre possible d’espèces animales et végétales indigènes».

Biodiversité «cachée»

L’effet des mesures n’est pas toujours évident pour les fidèles. En faisant le tour de l’église Maria Frieden, Pius Döbeli montre deux surfaces différentes, proches l’une de l’autre: une pelouse classique à l’arrière, une prairie sèche à l’avant, semblant négligée et peu spectaculaire, car presque rien n’y fleurit actuellement.

Ici, on a enlevé de la terre grasse et on l’a remplacée par de la terre maigre pour favoriser la biodiversité, explique l’électricien. Cela n’a pas du tout plu à sa mère, qui a trouvé cela «horrible». Pour la surface située à l’arrière, le gazon classique a été conservé, tout en introduisant une nouveauté: la fertilisation avec du fumier de poule.

L’étang installé sur un terrain de la paroisse de Fällanden (ZH) | © DR

Fertiliser de manière organique plutôt que synthétique est écologiquement judicieux, explique Stephanie Huber. «Dans un tel sol, davantage d’espèces peuvent vivre. Des vers, des coléoptères, des bactéries – même si cela reste caché».

Informer et impliquer les gens

Si l’on épand correctement le fumier de poule, cela ne sent pas non plus mauvais. On a tout d’abord eu un peu peur d’avoir des réclamations. Pour les éviter, on installe des panneaux d’information. «Cela protège aussi le concierge, à qui les gens font facilement des reproches», ajoute Pius Döbeli.

Certains fidèles de Dübendorf sont sceptiques face aux nouveautés, admettent Pius Döbeli et Stephanie Huber. Selon la responsable de l’environnement, il est donc d’autant plus important de procéder avec précaution, d’informer les gens sur les mesures prévues et d’impliquer les personnes concernées. «Les concierges et les aumôniers sont très importants, tout comme les membres de l’administration de l’église», explique la responsable de ‘l’équipe environnement’.

Label ‘Coq vert’

La paroisse de Dübendorf (qui englobe les trois paroisses de Dübendorf, Fällanden et Schwerzenbach) s’engage depuis 2015 pour la protection de la biodiversité. En 2017, l’entité a reçu le label ‘Coq vert’ (Grüner Güggel) en reconnaissance de ses mesures écologiques. Le certificat est décerné par l’association œcuménique oeco – Églises pour l’environnement (Oeku- en version allemande). Jusqu’à présent, la paroisse a mis en œuvre une douzaine de mesures pour promouvoir la biodiversité.

Stephanie Huber, responsable de ‘l’équipe environnement’ de la paroisse de Dübendorf (ZH) | © Barbara Ludwig

Jusqu’à présent, il y a rarement eu de véritables conflits d’utilisation, affirme Stephanie Huber. C’est plutôt le fait que certaines visions traditionnelles ont tendance à s’opposer aux mesures écologiques. Les paroissiens sont par exemple habitués au gazon anglais, au parterre de roses devant l’église ou – comme ici à Dübendorf – aux hortensias au pied du clocher isolé. «Il est donc important d’encourager un changement de mentalité chez les gens et de leur faire comprendre que les mesures écologiques sont judicieuses».

Les hortensias aiment l’ombre et la fraîcheur. En raison de la chaleur et de la sécheresse croissantes, l’emplacement près du clocher de l’église est de moins en moins approprié pour ces arbustes d’ornement.

S’adapter au changement climatique

Pius Döbeli se dirige vers un site où les changements de conditions climatiques se font également sentir: taches brunes, herbe desséchée sur une pelouse autour de la chapelle de la Vierge. Ici se trouvait autrefois du gazon classique: vert profond, bien entretenu, uniforme. C’est du passé. «En raison de la sécheresse récurrente, nous ne voulons plus du gazon classique», explique le président du conseil de paroisse. Un tel gazon est aujourd’hui trop coûteux, car il doit être abondamment arrosé. Une prairie fleurie a été plantée à la place.

En Suisse romande également la promotion environnementale se développe dans les Eglises. En avril 2023, une première volée francophone de conseillers en management environnemental pour les paroisses s’est vue remettre ses diplômes, sous l’égide d’EcoEglise et d’oeco Eglises pour l’environnement. (cath.ch/kath/bal/rz)

oeco- Eglises pour l’environnement soutient «l’Initiative paysage»
En septembre 2020, des organisations de protection de l’environnement et du patrimoine ont déposé l’initiative populaire «Pour l’avenir de notre nature et de nos paysages», dite «Initiative paysage». Elle veut obliger la Confédération et désormais aussi les cantons à protéger et à ménager la biodiversité et le paysage par une adaptation de la Constitution fédérale. L’objectif principal est d’augmenter les surfaces sur lesquelles le plus grand nombre possible de plantes et d’animaux peuvent vivre. Les initiateurs demandent à cet effet davantage de fonds publics.
Différentes organisations telles que Pro Natura et la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage font partie de l’association de soutien. L’association oeco-Eglises pour l’environnement promeut également l’initiative. BAL

Un 'site sec' a été mis en place le long du presbytère de Dübendorf (ZH) | © DR
14 août 2023 | 11:29
par Rédaction
Temps de lecture : env. 5  min.
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