Les auteurs du massacre, connus, toujours en liberté:
Haïti: 10e anniversaire du massacre de 139 paysans à Jean Rabel
Rien ne change
Port-au-Prince, 27 juillet 1997 (APIC) Les Haïtiens ont commémoré le dixième anniversaire du massacre de 139 paysans. C’était en juillet 1987, dans la localité de Jean Rabel. «Justice pour Jean-Marie»: c’est là un des slogans qui a retenti lors de la célébration en Haïti de la mémoire des victimes de ce massacre et de toutes les victimes de la violence, dont le prêtre montfortain Jean-Marie Vincent.
C’est entre le 23 et le 27 juillet 1987 que furent assassinés 139 paysans de la localité de Jean Rabel, dans une région qui avait vu se développer divers mouvements de paysans organisés. Un gros propriétaire terrien, Nicol Poitevin, se vanta ensuite à la télévision d’avoir «tué mille communistes». Le massacre ne suscita à l’époque aucune réaction de la part des évêques haïtiens.
Dix ans après, les auteurs du massacre, pourtant connus, sont toujours en liberté. Le mouvement «Tèt kolé» (Têtes collées, ou, en créole: il faut se mettre ensemble) a voulu le rappeler en organisant une manifestation du souvenir le 23 juillet à Jean Rabel. La mémoire des 139 morts a été évoquée, mais aussi celle de toutes les victimes de la violence en Haïti, en particulier celle de Jean-Marie Vincent, un prêtre montfortain assassiné pour avoir consacré sa vie à redonner espoir aux «appauvris».
Une célébration scandée par des slogans: «Aba la jistis patipri» (A bas la justice parti pris), «A bas le néo-libéralisme», «Justice pour Jean-Marie», «Combattre laviche» (la vie chère), «Combattre l’insécurité», «Combattre pour l’indépendance du pays», «A bas ceux qui vendent le pays, que ce soient les Macoutes ou les Lavalas» (les partis au pouvoir). Même si le calme semble régner dans le pays, la violence est latente et les gens du village de Jean Rabel se sont montrés discrets par crainte de représailles. (apic/cip/pr)