La CECAR a enregistré plus de requêtes en 2022 et s'est adaptée aux demandes en allemand | © Andrea Krogmann
Suisse

Abus: Requêtes auprès de la CECAR en hausse en 2022

La CECAR (Commission-Ecoute-Conciliation-Arbitrage-Réparation), la commission qui reçoit le témoignage de victimes d’abus sexuels en contexte ecclésial, a reçu huit requêtes l’année dernière. Une augmentation par rapport à 2021, explique l’institution dans son rapport d’activité 2022, publié le 24 juillet 2023. Fait récent, la commission a reçu des demandes en allemand, l’obligeant à adapter ses structures en conséquence.

«L’année 2022 a vu une recrudescence de demande de requêtes auprès de la CECAR», explique Sylvie Perrinjacquet, présidente du Conseil, en préambule du rapport d’activité.

14 dossiers traités

En 2022, huit requêtes (de cinq femmes et trois hommes) ont été déposées et attribuées aux différents comités. Cela représente 14 dossiers traités. «Six dossiers étaient en cours d’étude», explique à cath.ch Brigitte Ansermet, secrétaire de la CECAR. Les cinq dossiers clôturés représentent une indemnité moyenne de 15’000 francs. «L’augmentation des requêtes constatée l’année dernière est liée à une reprise d’activité suite à la pandémie de Covid-19 et le confinement qui l’avait accompagnée», estime Brigitte Ansermet.

L’indemnisation financière n’est pas le seul but d’une requête: «Nous aidons également les victimes dans certaines de ces demandes, telles que la rencontre avec un évêque ou encore l’obtention d’excuses officielles de l’Eglise.»

La commission a enregistré des requêtes en langue allemande, ce qui est relativement nouveau. En effet, la CECAR n’a pas d’équivalent alémanique, relève la secrétaire de l’institution, «les victimes n’ont que des commission diocésaines vers lesquelles se tourner». Suite à un premier cas enregistré il y a deux ans, la réflexion de faciliter ces demandes a abouti à la création d’un onglet spécifique sur le site internet de la CECAR. Il permet de télécharger tous les documents nécessaires à un requête traduits en allemand. «Vu le nombre de demandes, nous avons créé un comité de langue allemande», ajoute la secrétaire de la commission.

Actuellement quatre comités, composés de médiateurs, sociologues, juristes et intervenant/e/s social/e/aux se répartissent les dossiers à traiter.

Contribution au projet pilote de l’étude des abus sexuels dans l’Eglise

La CECAR a reçu Lorraine Odier et Magda Kaspar, chercheuses de l’Université de Zurich dans le cadre du projet pilote de l’étude des abus sexuels dans l’Eglise catholique en Suisse. Les deux chercheuses ont pu consulter les dossiers mis à leur disposition par la commission. «Cela leur a permis d’avoir un point de vue extra-ecclésial et ainsi d’élargir leur champ de vision.»

Une délégation du Conseil et des comités a participé à la journée du 7 octobre 2022 organisée par le groupe SAPEC et l’Unil intitulée «Violences sexuelles dans l’Eglise catholique». Dans ce contexte, la CECAR a été approchée par Camille Perrier-Depeursinge et Josselin Tricou, du Centre de droit pénal de l’Unil, afin de participer à un nouveau projet de recherche intitulé «Justice en crise? Les commissions de Reconnaissance et d’Indemnisation des violences Sexuelles subies dans l’Eglise».

«Il s’agira de continuer le travail auprès de l’Eglise catholique, rappelle la CECAR, afin qu’elle mette tout en œuvre pour que les victimes sortent du silence, que l’institution mette les victimes au centre de ses préoccupations et qu’elle sorte de la culture du secret et de l’entre-soi.» (cath.ch/bh)

Une émanation du Sapec
Créée en janvier 2016 à l’initiative du groupe SAPEC et des institutions catholiques pour une durée de 5 ans, la CECAR est une commission neutre et indépendante des autorités de l’Église catholique. L’accord CECAR a été prolongé de 5 ans de fin 2021 à fin 2026. Elle offre aux personnes qui ont été victimes d’abus sexuels dans le cadre de l’Eglise catholique un lieu d’écoute, d’échange et/ou de recherche d’une conciliation avec l’abuseur, à défaut avec son supérieur hiérarchique. Elle a pour but la reconnaissance des faits par les représentants de l’Eglise catholique et une réparation financière symbolique. La CECAR agit dans la plus stricte confidentialité. BH

La CECAR a enregistré plus de requêtes en 2022 et s'est adaptée aux demandes en allemand | © Andrea Krogmann
24 juillet 2023 | 16:10
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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