L’Eglise orthodoxe russe réunie à Moscou sans les orthodoxes ukrainiens
La Conférence des évêques de l’Église orthodoxe russe s’est tenue le 19 juillet à la Laure de la Trinité-Saint-Serge, à Serguiev-Possad, près de Moscou, en l’absence des prélats de l’Eglise orthodoxe ukrainienne (EOU). Cette dernière s’est détachée du Patriarcat de Moscou en mai 2022 suite au soutien du patriarche Cyrille à la guerre d’agression contre l’Ukraine.
Avec ses 324 diocèses, ses 402 évêques et ses quelque 41’000 ecclésiastiques, selon les données fournies par le patriarche Cyrille, l’Eglise orthodoxe russe est la plus grande Eglise nationale orthodoxe au monde. La conférence des évêques a été convoquée «en vue de la discussion fraternelle des questions d’actualité de la vie de l’Eglise», avec obligation d’y participer faite à tous les évêques et vicaires diocésains. La dernière Conférence des évêques de ce type a eu lieu en février 2015. En raison de la pandémie de coronavirus, une telle assemblée prévue pour 2021 avait été annulée.
Le patriarche Cyrille attaque le Patriarcat œcuménique de Constantinople
A l’occasion de ce rassemblement, le patriarche Cyrille a accusé le Patriarcat œcuménique de Constantinople «de participer activement à la persécution de l’Eglise orthodoxe ukrainienne» [EOU, liée au Patriarcat de Moscou avant l’invasion de l’Ukraine en février 2022].
Cyrille Ier a aussi critiqué le fait qu’un certain nombre de diocèses de l’EOU ne prient plus pour lui lors de leurs services religieux. Un schisme menace, a-t-il relevé. Moscou affirme que Kiev veut liquider l’EOU, les dirigeants ukrainiens soutenant une autre Eglise orthodoxe: l’Eglise orthodoxe d’Ukraine (EOd’U), fondée en 2018 avec le soutien du patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier.
Le Patriarcat de Moscou affirme que parmi «les instruments des forces politiques hostiles à l’orthodoxie se trouvent les dirigeants du Patriarcat de Constantinople, aveuglés par la soif de satisfaire des intérêts et des ambitions privés», accusés ni plus ni moins de «déformation de la doctrine orthodoxe sur l’Eglise».
L’Eglise orthodoxe russe soutient la guerre d’agression contre l’Ukraine
Les participants à la Conférence des évêques ont à cette occasion «élevé leurs prières vers Dieu pour les commandants et les combattants (…) Que le Seigneur les protège des blessures, de la captivité et de la mort, de tout mal, péché et mensonge».
Dans sa résolution finale, la Conférence dénonce une autorité de l’Etat en Ukraine s’étant révélée être «l’héritière directe des bolcheviks-théomachistes [terme utilisé pour désigner un individu qui ›résiste à Dieu ou à la volonté divine’] en intensifiant la persécution de l’Eglise orthodoxe».
La Conférence des évêques de l’Église orthodoxe russe affirme qu’en Ukraine «les fidèles sont chassés des églises; la hiérarchie, le clergé et les laïcs font l’objet d’arrestations injustifiées et de procès malhonnêtes; les sanctuaires sont profanés et pillés». Elle poursuit: «l’on tente de contraindre le clergé et les laïcs de l’Église orthodoxe ukrainienne à rejeter la vérité de Dieu et à les pousser au schisme». La pression des autorités de Kiev s’est intensifiée sur l’Eglise orthodoxe anciennement affiliée à Moscou, dans le collimateur du service de sécurité ukrainien SBU, car soupçonnée d’être un centre d’influence de la Russie en Ukraine. (cath.ch/kna/kathpress/be)