«Ça va encore très bien»: Anton Cadotsch fête ses 100 ans
Il a entièrement consacré sa vie au service de l’Eglise, l’abbé Anton Cadotsch a fêté son 100e anniversaire, le 7 juillet 2023 au home Tertianum de Soleure. Président du Synode 72 du diocèse de Bâle, secrétaire général de la Conférence des évêques suisses, vicaire général de Soleure, il a été un témoin privilégié de l’évolution du catholicisme en Suisse.
Wolfgang Holz, kath.ch / traduction et adaptation Maurice Page
Devenu presque aveugle, Anton Cadotsch montre encore une admirable présence d’esprit et une solide bonne humeur dans une interview à kath.ch. »C’est sans doute clairement un cadeau de Dieu que je puisse vivre jusqu’à 100 ans – vu ma santé, avec une tête claire et une bonne mémoire», dit-il.
Il ne connaît pas de recette secrète pour son grand âge. «C’est probablement dû à mes activités sportives en tant que jeune prêtre, lorsque je faisais beaucoup de ski». Son âge a probablement aussi quelque chose à voir avec les bons gènes de sa famille. «Ma sœur Pia a vécu 91 ans, ma mère 95 ans».
Jeune homme, il n’était pas encore tout à fait conscient qu’il voulait devenir prêtre. «Je me sentais certes appelé et j’avais de nombreux et bons contacts avec des prêtres «. Son oncle, entre autres, était curé dans les Grisons. Mais la musique a également joué un rôle important dans sa vie. Au collège capucin St. Fidelis de Stans, il suit des cours de hautbois et d’orgue.
«Finalement, j’ai été convaincu que mon talent de musicien était trop faible et j’ai décidé, après l’école de recrues et un bref séjour à l’Université de Genève, d’aller au séminaire de Lucerne – une décision que je n’ai jamais regrettée».
En 1950, six ans plus tard, Anton Cadotsch est ordonné prêtre à Rome. «A l’époque, les offices étaient encore tous célébrés en latin», raconte le prêtre. Même à l’Université pontificale grégorienne, les étudiants communiquaient en latin: «C’était alors notre langue véhiculaire, tout comme l’anglais l’est aujourd’hui».
Le renouveau de Vatican II
L’atmosphère de renouveau du Concile Vatican II l’a ensuite été très fortement marqué, notamment lors de son doctorat à l’Institut catholique de Paris consacré au baptême des enfants chez Luther et Zwingli. Il entre alors en contact avec des prêtres ouvriers, s’intéresse beaucoup à la «Nouvelle théologie» dans l’entourage du jésuite et futur cardinal Henri de Lubac. »Partout, les attentes étaient grandes de voir l’Eglise se renouveler et devenir plus vivante».
17 ans d’enseignement religieux
De retour en Suisse, il devient aumônier de jeunesse jeunes et vicaire à Berne et plus tard professeur de religion à l’Ecole cantonale de Soleure. «Le contact avec les jeunes a beaucoup, beaucoup compté pour moi», constate l’ancien catéchiste.
Parallèlement, il devient président du Synode 72 du diocèse de Bâle. Une époque qu’il se remémore volontiers. «Pendant le synode, j’ai vécu une communion beaucoup plus intense qu’aujourd’hui entre les évêques, les théologiens et les laïcs – qui s’exprimait de manière fructueuse par une confiance mutuelle».
Il devient ensuite secrétaire de la Conférence des évêques suisses avec comme point d’orgue l’organisation de la visite du pape Jean Paul II dans le pays. Prévue en 1981, elle fut reportée de trois ans en raison de l’attentat perpétré contre Karol Wojtyla à Rome le 13 mai 1981.
Vicaire général à Soleure
Il reprend ensuite les tâches de vicaire général, de chanoine de Soleure et de prévôt de la cathédrale du diocèse de Bâle. «J’ai toujours été conduit sur de nouvelles voies que je n’aurais pas suivies moi-même», relève-t-il modestement. Un moment difficile pour lui fut la démission de l’évêque Hansjörg Vogel en 1995, pour cause de paternité. Anton Cadotsch prendra sa retraite en 1996. En 2020, à l’occasion de ses 70 ans de sacerdoce, il publie encore un livre d’entretiens sur son expérience personnelle et sa vision de l’Eglise.
«Je remercie Dieu pour chaque nouveau jour»
«Avec l’âge, je fais maintenant l’expérience que la vie est devenue plus solitaire, et pas seulement pour moi avec le célibat», dit Anton Cadotsch. Il reçoit encore régulièrement la visite d’anciens camarades de classe et d’amis qui l’emmènent de temps en temps en voiture pour des excursions. Jusqu’à récemment, il pratiquait encore régulièrement la liturgie des heures. Il continue de prier pour l’Église et pour les besoins de ce monde . «Avec mes 100 ans, je remercie Dieu pour chaque nouveau jour que je peux encore vivre», conclut-il. (cath.ch/kath.ch/wh/mp)