Suisse: une commission de synodalité à l’échelon national
La Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ) a approuvé un crédit de 140’000 francs par an pour la création, en collaboration avec la Conférence des évêques suisses (CES), d’une commission de synodalité à l’échelon national. La faîtière des corporations ecclésiastiques lie cela à l’attente que le processus synodal portera également ses fruits en Suisse.
Un groupe de travail composé de quatre femmes et de quatre hommes a développé, sur mandat de la CES et de la Conférence centrale, une proposition sur la manière dont l’Eglise peut exercer cette participation à l’échelon suisse, note la RKZ dans un communiqué du 5 juillet 2023. Une «commission synodale» nationale d’une trentaine de membres doit être créée pour la période 2024-2028. Celle-ci sera chargée de trouver des solutions à certaines questions en suspens. Un forum plus large se réunira en outre une fois par an pour choisir les thèmes de travail et débattre des propositions élaborées. Le pape François a lancé le processus synodal de l’Eglise universelle en octobre 2021.
Quelle place pour l’Eglise dans le débat politique?
En prélude à l’assemblée plénière de la Conférence centrale qui s’est tenu les 23 et 24 juin 2023 au couvent thurgovien de Fischingen, le conseiller d’Etat Dominik Diezi et la présidente du Conseil de l’Eglise protestante du canton de Thurgovie, Christina Aus der Au, ont fait un exposé sur les tensions entre Eglises et politique.
Les deux intervenants se sont accordés sur le fait que les Eglises, de par leur identité, veulent exercer une influence sur l’organisation de la vie commune des gens et agissent donc inévitablement sur le plan politique. Christina Aus der Au a rappelé l’idée réformée de la fonction de veille prophétique de l’Église. Elle le comprend dans le sens d’un système d’alerte précoce de la société.
Dominik Diezi a abordé la problématique selon laquelle les Églises pourraient se voir interdire de s’exprimer politiquement avant les votations en raison de leur reconnaissance de droit public. Il a cependant cité à ce sujet une décision du gouvernement thurgovien qui ne considère pas les Églises comme étant dans une position souveraine au sein de l’État, mais comme des actrices de la société civile. En conséquence, l’interdiction d’influencer les votes ne les concerne pas. Néanmoins, Dominik Diezi a conseillé aux Eglises de faire preuve d’une certaine retenue, dans leur propre intérêt. (cath.ch/com/rz)