Manipur: 249 églises chrétiennes détruites
Quelque 250 églises chrétiennes de plusieurs confessions ont été endommagées ou détruites lors d’affrontements inter-ethniques violents dans le courant du mois de mai 2023, dans l’Etat indien du Manipur.
Dans un rapport circonstancié publié le 15 juin, Mgr Dominic Lumon, archevêque catholique d’Imphal, dresse le bilan de ces violences qui ont fait une centaine de morts, provoqué le déplacement de 50’000 personnes et causé des destructions importantes dont 249 églises et bâtiments religieux.
Selon l’archevêque, les affrontements ne sont pas un conflit religieux, même s’ils opposent les Meitei majoritairement hindouistes et animistes aux Kukis majoritairement chrétiens.
Chacun des 200 villages kukis attaqués possédait une ou plusieurs églises, en fonction du nombre de confessions chrétiennes. D’autres attaques ont également eu lieu contre des églises de Meitei chrétiens.
«Environ 249 églises ont été détruites. Toutes ces destructions ont eu lieu avec précision dans les 36 heures qui ont suivi le début des violences». A l’inverse,un certain nombre de temples hindous des Meitei ont également été attaqués et endommagés.
Selon l’archevêque, ces attaques pourraient être le fait de miliciens de mouvements liés à la renaissance et à la défense de la religion traditionnelle pré-hindouiste des Meiteis, le sanamahisme, violemment opposés au développement du christianisme.
Conflit inter-ethnique
Des troubles ont éclaté au Manipur, l’un des États les plus petits et les plus reculés du nord-est de l’Inde, lorsque des milliers de personnes se sont rassemblées le 3 mai pour protester contre les mesures visant à inclure les Meitei dans la catégorie des tribus répertoriées de l’Inde (Sheduled Tribes).
Les manifestants craignaient que cette désignation ne permette aux Meitei, qui représentent plus de la moitié de la population de l’État, d’accéder plus facilement à la terre, à l’emploi et à d’autres ressources, au détriment d’autres groupes ethniques.
Les Meitei vivent dans la vallée centrale d’Imphal, plus développée, mais ne sont pas autorisés à s’installer dans les régions vallonnées environnantes, qui représentent 90% de l’État. Les régions de collines sont réservées à la population tribale locale, qui est également autorisée à vivre dans la vallée.
La manifestation du 3 mai était organisée par l’All Tribal Students’ Union Manipur, un groupe associé aux Kukis, une tribu des collines. Le rassemblement a dégénéré en violence, sans que l’on sache exactement ce qui a déclenché les échauffourées.
Bien que les Kukis appartiennent principalement à des confessions protestantes telles que l’Église baptiste, dix institutions catholiques ont également été prises pour cible.
En raison du couvre-feu, de la coupure d’Internet et des restrictions imposées à la communication, il est difficile d’évaluer la situation actuelle. Dans une lettre datée du 16 juin, à l’issue d’une assemblée d’évêques syro-malabars, le cardinal George Alencherry a déploré l’incapacité du gouvernement à mettre fin aux violences. (cath.ch/com/mp)