32% des Suisses se disent aujourd'hui sans religion.
Suisse

Un tiers des Suisses se dit «sans religion»

En Suisse, la proportion de personnes sans appartenance religieuse a fortement augmenté ces dernières décennies jusqu’à atteindre 32% de la population en 2021, juste derrière les catholiques. C’est ce qu’a indiqué l’Office fédéral de la statistique à l’occasion de la publication d’une enquête sur le sujet, le 13 juin 2023.

Les «sans religion» constituaient environ 1% de la population il y a 50 ans. En 2021, ils en représentaient 32%, ce qui fait de ce groupe le deuxième plus important après les catholiques (33%), annonce l’enquête. Une tendance qui se poursuit depuis des décennies et va en s’accentuant.

En 1970, environ 98% de la population appartenaient à une communauté religieuse chrétienne alors que seul 1% environ n’indiquait aucune appartenance religieuse. Ce deuxième groupe avait déjà plus que décuplé pour atteindre environ 11% en 2000. Dix ans plus tard, sa part avait doublé (environ 20%) et, en 2021, près d’un tiers de la population âgée de 15 ans ou plus n’appartenait plus à une communauté religieuse (graphique G1). Malgré son augmentation, la part de personnes sans appartenance religieuse en Suisse reste plutôt faible par rapport à celle de certains pays européens comme la France où elles représentent 57% de la population.

Plus de sans religion dans les cantons francophones

Les cantons de Bâle-Ville et de Neuchâtel comptent une majorité de personnes sans appartenance religieuse (respectivement 56% et 52%), alors que cette proportion est plus de moitié moindre dans les cantons de Nidwald (23%), d’Obwald (20%) et d’Uri (13%) en Suisse centrale. La proportion de personnes sans appartenance religieuse est généralement plus faible dans les régions rurales (27%) que dans les régions urbaines (35%).

En considérant les régions linguistiques, on constate que la part de personnes sans appartenance religieuse est la plus faible dans la région romanchophone (16%) et la plus forte dans la région francophone (37%). Dans les régions germanophone et italophone, elle se situe entre les deux (respectivement 31% et 26%).

Les 25-34 ans les moins croyants

Les hommes sont un peu plus nombreux que les femmes à ne pas avoir d’appartenance religieuse, soit environ 35% contre 30%. De plus, les personnes sans religion sont significativement plus jeunes que celles ayant une appartenance religieuse. Pour le premier groupe, la moyenne d’âge est d’environ 45 ans alors qu’elle est de 50 ans pour le deuxième. Parmi les personnes de 75 ans ou plus, seuls 15% sont sans religion alors que cette proportion augmente sans cesse dans les groupes plus jeunes, à l’exception du groupe des 15 à 24 ans. C’est le groupe des 25 à 34 ans qui présente la plus forte part de personnes sans appartenance religieuse, soit 41% (graphique G 3).

En Suisse, les deux tiers environ des personnes sans appartenance religieuse officielle avaient une religion dans leur enfance, suggérant que beaucoup se sont désaffiliées en grandissant. Ces personnes qui ont quitté leur religion provenaient dans la moitié des cas de l’Église catholique romaine et à 40% de l’Église évangélique réformée. Pour 86% des personnes qui ont quitté leur religion, les deux parents faisaient partie d’une religion.

Avec la modernisation, il se pourrait que les principes de l’Église ne correspondent plus aux opinions actuelles de ce groupe. La désaffiliation religieuse se fait d’ailleurs souvent en réponse à un désaccord avec les positions de la communauté passée (29%). Toutefois, le lien à la foi est aussi souvent mentionné. Ainsi, la principale raison évoquée par les personnes ayant quitté leur religion est la perte de la foi ou le fait de ne jamais l’avoir eue (respectivement 15% et 17%).

Seuls 19% des «sans religion» prient au moins une fois dans l’année, tandis que la proportion s’élève à plus de deux tiers parmi les personnes appartenant à une religion. La pratique de la méditation, elle, est équivalente pour les deux groupes, avec 40% de personnes qui ont médité une fois au moins dans les 12 mois précédant l’enquête.

Finalement, la majorité des «sans religion» (63%) ne se rend jamais à des services religieux, mais près d’un tiers y va tout de même entre une et cinq fois par an. En comparaison, 42% des personnes ayant une religion se rendent à cette fréquence à ce genre de manifestations (et près d’un quart n’y va jamais). Toutefois, dans les deux cas, 85% de celles et ceux qui y vont moins de cinq fois par an s’y rendent uniquement pour des occasions comme des mariages ou des enterrements. (cath.ch/com/bh)

> Téléchargez l’enquête complète

Les «sans religion»: pas tous sans religion
L’OFS définit les «sans religion» comme «des personnes qui déclarent ne pas avoir d’appartenance religieuse. Certaines d’entre elles n’ont jamais eu de religion, d’autres en ont eu une dans le passé mais l’ont quittée, alors que d’autres en font encore officiellement partie, mais préfèrent malgré tout se déclarer sans appartenance». OFS

32% des Suisses se disent aujourd'hui sans religion.
16 juin 2023 | 15:14
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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