Une victime d’abus veut faire payer les héritiers de Benoît XVI

Un homme assurant avoir été abusé sexuellement par un prêtre du diocèse de Munich alors que Joseph Ratzinger en était l’évêque, entre 1977 et 1982, demande 350’000 euros de dommages et intérêts. Il exige que cette somme vienne du diocèse, mais aussi de l’héritage de Benoît XVI.

La procédure connue comme «le procès du pape Benoît» (Papst-Benedikt-Verfahren) doit reprendre le 20 juin 2023. La plainte est dirigée contre le diocèse de Munich-Freising en tant que collectivité et trois autres personnes: le prêtre Peter H., accusé d’actes de pédophilie, ainsi que les anciens archevêques de Munich, le cardinal Friedrich Wetter, en charge du diocèse entre 1982 et 2008, et le cardinal Joseph Ratzinger/pape Benoît XVI, à la tête du diocèse de 1977 à 1982, décédé le 31 décembre 2022.

Le procès fait suite aux conclusions du rapport indépendant réalisé par le cabinet d’avocats Westpfahl Spilker Wastl (WSW), rendu public en janvier 2022. L’enquête avait révélé un certain nombre de cas d’abus sexuels sur mineurs par des prêtres, dont le plus grave était celui du Père Peter H.. Le rapport a également mis en cause Friedrich Wetter et Joseph Ratzinger pour la gestion «inappropriée» du dossier du prêtre, alors qu’il oeuvrait dans le diocèse bavarois. Les avocats estiment notamment que le défunt pape aurait omis d’agir décisivement contre le prêtre, alors qu’il aurait été au courant de sa dangerosité.

Les autorités ecclésiastiques responsables?

En conséquence, la présumée victime demande 300’000 euros à l’archevêché de Munich et Freising et 50’000 euros aux héritiers de l’ancien pape Benoît XVI. Le procès civil porte essentiellement sur la question de savoir si les supérieurs hiérarchiques de l’Eglise peuvent être tenus pour responsables des souffrances et des dommages subis par les personnes concernées en raison des abus commis par un prêtre.

Une affaire similaire sera jugée à partir de la semaine prochaine à Cologne, rapporte le média allemand KNA. Si les plaignants obtiennent gain de cause, cela pourrait entraîner d’autres procédures avec des conséquences considérables pour les personnes concernées ainsi que pour les diocèses.

Après la mort de Benoît XVI, ses héritiers doivent être identifiés et la procédure leur sera transmise. Une cousine de Joseph Ratzinger a déjà refusé son héritage. Selon le média Correctiv, l’avocat des plaignants demande que le procès contre les héritiers de Benoît soit dissocié de la procédure en raison du flou qui entoure la succession. Le tribunal doit encore en décider.

L’archevêché de Munich et Freising se dit prêt, de son côté, à verser des dommages et intérêts appropriés en reconnaissance de la souffrance du plaignant. Un accord à l’amiable sur ce point serait donc envisageable. (cath.ch/ag/kna/rz)