Kenya: Le bilan du «massacre de Shakahola» s’alourdit
Au moins 241 corps ont été exhumés des fosses communes de la forêt de Shakahola, à l’est du pays. Les autopsies pratiquées sur les 129 premiers corps ont montré que la plupart des victimes étaient mortes de faim, après avoir suivi les instructions de jeûne, jusqu’à la mort «pour rencontrer Jésus», du «pasteur» Paul Mackenzie Nthenge de la «Good News International Church».
Selon le médecin légiste, certaines victimes, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées, détaille l’agence Fides. À ce jour, la police a arrêté 39 personnes, dont le «pasteur» Paul Mackenzie Nthenge, et a sauvé 91 adeptes de la secte retrouvés vivants dans la forêt.
La plupart des adeptes sont des Kényans, mais il y a aussi des citoyens d’autres pays africains, a déclaré le ministre de l’Intérieur Kithure Kindiki à la commission sénatoriale sur la prolifération des organisations religieuses. Une évaluation loin d’être définitive puisque les experts sur place ont découvert de nouvelles fosses communes. Les fouilles sont actuellement suspendues en raison de problèmes logistiques lors de l’autopsie des corps des 129 victimes exhumées.
«Un crime organisé, bien planifié»
Le ministre a fait état d’autres détails déroutants, déclarant que «le massacre de Shakahola est un crime bien organisé, bien planifié et bien exécuté». Parmi les 91 adeptes qui ont été secourus et hospitalisés, certains, selon le ministre, «ont refusé de manger», tandis qu’un patient est décédé. De plus, le chef de la secte, Paul Mackenzie, avait recruté une équipe de rabatteurs pour tuer ceux qui mettaient trop de temps à mourir ou qui changeaient d’avis.
Le ministre a ajouté que le «pasteur» et son équipe de tueurs avaient l’habitude d’observer la famine des adeptes dans une installation spéciale où ils pouvaient manger en abondance. La presse kenyane rapporte qu’un menu détaillé réservé à Paul Mackenzie a été retrouvé, d’où il ressort qu’il se régalait de repas somptueux pour le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Le ministre a également indiqué qu’il existait des preuves d’abus sexuels sur certains des enfants retrouvés morts.
Il reste le soupçon, avancé par un rapport de la police criminelle mais démenti par Kithure Kindiki, que des organes ont été prélevés sur certains des corps retrouvés dans les fosses forestières, non pas tant pour des greffes que pour des «rites magiques».
L’ampleur du drame a ému le pays. Les responsables religieux ont appelé les institutions ont appelé les institutions à reprendre le débat sur la régulation des groupes et institutions religieuses. (cath.ch/fides/bh)