Matteo Ricci en lettré confucéen (ici peint par le jésuite chinois Yu Wen-hui, dit Emmanuel Pereira, en 1610). | © /Flickr/Romanus_too/CC BY-NC-ND 2.0
Vatican

Le pape François loue la «cohérence» du vénérable Matteo Ricci

«L’esprit et la méthode missionnaires du vénérable Matteo Ricci constituent un modèle vivant et pertinent», a déclaré le pape François lors de l’audience générale du 31 mai 2023. Le pontife a vanté le «témoignage de cohérence» du jésuite italien, «source d’inspiration durable non seulement pour toute relation entre l’Église catholique et la Chine. A l’issue de sa catéchèse, le pape a salué de jeunes Russes et Ukrainiens de l’association pour la paix «Rondine Cittadella della Pace».

Après saint François-Xavier ou saint Paul, le pape François a continué son cycle d’enseignement sur le «zèle missionnaire» en présentant le témoignage du jésuite italien Matteo Ricci (1552-1610), premier missionnaire catholique à être autorisé à vivre dans la Chine impériale. Le 17 décembre dernier, le pontife avait accepté la publication d’un décret du dicastère pour les Causes des saints qui lui accordait le statut de vénérable, première étape pour être reconnu saint par l’Église.

L’évêque de Rome a rappelé l’enthousiasme avec lequel Matteo Ricci, jeune prêtre de la Compagnie de Jésus originaire de Macerata en Italie, avait demandé à être envoyé en Chine malgré l’échec de saint François-Xavier et de vingt-cinq autres jésuites. Pour réussir, Ricci s’est armé de «persévérance et de patience, animé d’une foi inébranlable», apprenant la langue, étudiant les coutumes et attendant dix-huit ans avant de rejoindre Pékin.

En prenant les habits des intellectuels chinois et en gagnant le respect des locaux par ses grandes connaissances scientifiques, Matteo Ricci a su «inculturer» la foi catholique «de manière similaire» à celle des Pères de l’Église des premiers siècles, a souligné le pape François. «Il a toujours suivi la voie du dialogue et de l’amitié», a-t-il déclaré, et contribué ainsi à «une rencontre fructueuse entre la culture et la science de l’Occident et de l’Orient».

Mais, a insisté le pontife, le prestige que Matteo Ricci a gagné en Chine «ne doit pas occulter la motivation la plus profonde de tous ses efforts: l’annonce de l’Évangile». Il a expliqué que c’est «son désintérêt total pour les honneurs et les richesses» et son style de vie humble et charitable qui a poussé nombre de Chinois à se convertir à sa suite.

Matteo Ricci «est grand avant tout parce qu’il a été cohérent avec sa vocation, cohérent avec sa volonté de suivre Jésus Christ», a insisté François, affirmant que la cohérence était le trait commun de tous les grands évangélisateurs, par exemple saint Paul. «Tu peux réciter toutes les choses dans lesquelles nous croyons, si ta vie n’est pas cohérente, cela ne sert à rien», a-t-il martelé. Apôtre de l’inculturation et la cohérence, Matteo Ricci est, selon le pontife, un précurseur de la vision missionnaire portée par le Concile Vatican II.

Des jeunes Russes et Ukrainiens

Lors des salutations après sa catéchèse, le pape s’est adressé aux jeunes de «Rondine Cittadella della Pace» présents sur la place Saint-Pierre, souhaitant que la participation de jeunes ukrainiens, russes, et «d’autres pays en guerre», puisse «susciter des résolutions de paix en tous, y compris ceux qui ont des responsabilités politiques». 

«Et cela doit nous conduire à prier davantage pour l’Ukraine martyrisée», a ajouté le pape, qui invite constamment à ne pas oublier la population de ce pays depuis l’invasion des troupes russes en février 2022. 

Née à la fin de la guerre froide en 1988, à Arezzo en Toscane, l’organisation Rondine Cittadella della Pace s’inspire de l’action du maire de Florence Giorgio La Pira (1904-1977) et du prêtre italien Lorenzo Milani. Elle est dédiée à la réduction des conflits armés dans le monde.

Le 19 mars 2022, moins d’un mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine, des milliers de jeunes avaient fait une marche pour la paix sur les routes de Toscane, à l’initiative de Rondine. En avril dernier, l’organisation a signé un accord avec l’Alliance des civilisations des Nations unies (UNAOC), sur l’éducation à la paix, et au dialogue interculturel et interreligieux. (cath.ch/imedia/cd/ak/bh)

Matteo Ricci en lettré confucéen (ici peint par le jésuite chinois Yu Wen-hui, dit Emmanuel Pereira, en 1610). | © /Flickr/Romanus_too/CC BY-NC-ND 2.0
31 mai 2023 | 12:19
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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