L'Église a besoin du «génie» des écrivains, affirme François

L’Église a besoin de l’écrivain qui a «une façon différente de voir et de comprendre les choses», a affirmé le pape François. Il recevait au Vatican des poètes et écrivains, dans la matinée du 27 mai 2023, à l’occasion d’un congrès international promu par la revue jésuite La Civiltà cattolica.

«J’ai aimé beaucoup de poètes et d’écrivains dans ma vie», a confié le pape, qui dans son discours a mentionné Dante, Dostoïevski et Paul Claudel. «Les paroles des écrivains m’ont aidé à me comprendre moi-même, à comprendre le monde, mon peuple; mais aussi à approfondir le cœur humain, ma vie de foi personnelle, et même ma mission pastorale, y compris maintenant dans ce ministère», a ajouté le pontife de 86 ans.

Le pape François a exhorté les écrivains à «non seulement regarder, mais aussi rêver». L’artiste, a-t-il poursuivi, «voit plus en profondeur, prophétise, annonce une façon différente de voir et de comprendre les choses qui sont sous nos yeux». «Pauvres de nous si nous cessons de rêver», a-t-il alors prévenu.

Le pontife a également demandé aux écrivains d’exprimer le message «révolutionnaire» de l’Évangile «avec une parole qui proteste, appelle, et crie». «Aujourd’hui, l’Église a besoin de votre génie, parce qu’elle a besoin de protester, appeler et crier», a-t-il répété.

Garder «l’étonnement d’être vivant»

Loin de toute «uniformité», le pape a invité à ne pas «domestiquer le visage du Christ», en tentant «de le définir et de l’enfermer dans nos schémas», de «le mettre dans un cadre et de l’accrocher au mur». Le Christ, a-t-il affirmé «est toujours un mystère qui nous échappe». Le rôle de l’écrivain catholique est donc non pas «d’expliquer le mystère du Christ», mais de le faire «toucher» aux lecteurs.

Enfin, le pape les a enjoints à se faire «la voix des inquiétudes humaines», qui sont souvent «enfouies dans le fond du cœur», et à illustrer les «contradictions de l’existence». «On vous critiquera? C’est bien, portez le poids de la critique, en essayant aussi d’apprendre de cette critique», a lancé le 266e pape. Il a exhorté les écrivains à garder «l’étonnement d’être vivants».

Le congrès international était organisé du 25 au 27 mai à Rome, en partenariat avec la Georgetown University de Washington, sur le thème «L’esthétique globale de l’imagination catholique».

Hommage à Alessandro Manzoni

Le pape a continué son hommage à la littérature en saluant l’œuvre de l’écrivain italien Alessandro Manzoni, à l’occasion du 150e anniversaire de sa mort (22 mai 1873), lors de la prière du Regina cæli qu’il a présidée le 28 mai 2023. Le pape cite souvent l’un de ses ouvrages, qui lui est cher: Les Fiancés (I promessi sposi). «À travers ses œuvres, [Alessandro Manzoni] a été le chantre des victimes et des plus faibles», a souligné le pontife argentin depuis la place Saint-Pierre. Et de noter que dans les ouvrages de Manzoni, les plus vulnérables «sont toujours dans la main protectrice de la providence divine […] qui ‘affame et console’».

L’évêque de Rome a aussi loué les personnages de «fidèles pasteurs de l’Église, présents dans les pages du chef d’œuvre de Manzoni». Son œuvre principale, Les Fiancés, est une des lectures favorites du pape François, qui en a fait l’un de ses livres de chevet. Le roman se passe à Milan en 1630, en pleine épidémie de peste. Parmi les protagonistes, il met en scène le cardinal Federico Borromeo, qui fut archevêque de la cité lombarde.

Un chef-d’œuvre sur les fiançailles

Dans un entretien aux quotidiens italiens La Repubblica et La Stampa, le 24 décembre 2021, le pape confiait qu’il avait relu récemment l’ouvrage, «car on y trouve toujours quelque chose de nouveau». Le 26 juin 2020 devant des soignants, il en citait une réplique: «Je n’ai jamais vu Dieu commencer un miracle et ne pas le terminer».

«Vous, les Italiens, vous possédez dans votre littérature un chef-d’œuvre sur les fiançailles», lançait spontanément François lors d’une audience générale le 27 mai 2015. «Il est nécessaire que les jeunes le connaissent, qu’ils le lisent, c’est un chef-d’œuvre où l’on raconte l’histoire de fiancés qui ont supporté tant de douleur, qui ont suivi une route pleine de difficultés, jusqu’à arriver à la fin, au mariage», racontait-il plein d’enthousiasme. (cath.ch/imedia/ak/rz)