Les cimetières catholiques (illustration) sont pleins, obligeant les fidèles à opter pour la crémation | © Pixabay
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Malaisie: manque de place dans les cimetières catholiques

La pression immobilière et le manque d’anticipation de l’Église ont engendré une pénurie d’emplacements dans les cimetières chrétiens, notamment catholiques, en Malaisie. Face à cette situation, seuls les columbariums hébergeant les urnes funéraires restent disponibles et de nombreux catholiques choisissent la crémation, explique le site Eglises d’Asie le 24 mai 2023.

Durant les années 1980 et 1990, de vastes projets immobiliers se sont concrétisés dans l’État de Selangor, près de Kuala Lumpur, la capitale malaisienne. À l’époque, le gouvernement local a imposé à chaque projet d’allouer un terrain pour un cimetière. Les promoteurs ont toutefois réussi à obtenir des autorités que les règles soient assouplies, en soutenant qu’un cimetière au milieu d’un quartier en plein développement serait un «mauvais ‘feng-shui’» (porte-malheur) et que personne ne voudrait acheter une maison près d’un cimetière.

Une décennie plus tard, les gens, en particulier les catholiques, ont commencé à en ressentir les effets. Les cimetières existant sur les terrains paroissiaux étaient déjà surchargés. Beaucoup de paroisses n’avaient pas de lieu de sépulture et les cimetières publics étaient complets. Le problème a semblé cependant limité car il existait des cimetières privés. Mais ceux-ci se sont également vite remplis et le prix des emplacements dans les cimetières encore disponibles s’est avéré exorbitant.

«Il y a vingt à trente ans, ils ont interpellé l’Église sur la question»

Durant les années 1990, face à cette situation, l’Église luthérienne en Malaisie a acheté des terrains privés afin de fournir des emplacements abordables pour les enterrements et les columbariums (où sont placées les urnes funéraires contenant les cendres des défunts). Ces emplacements étaient à l’origine réservés aux paroissiens luthériens, mais, face à la forte demande, ils ont été ensuite ouverts à d’autres confessions. Les catholiques se sont hâtés d’acheter des terrains qui ont été rapidement remplis. Seuls les columbariums sont restés disponibles. De nombreux catholiques ont donc choisi la crémation.

Selon Francis J. Mascrinhos, un catholique malaisien à la tête d’une société de pompes funèbres, l’Église catholique en Malaisie aurait dû penser à des solutions il y a des années, comme l’ont fait les luthériens. Son oncle et un ami, qui possédaient une des premières entreprises de pompes funèbres, ont demandé à l’archidiocèse de Kuala Lumpur de se pencher sur le problème. «Il y a vingt à trente ans, ils ont interpellé l’Église sur la question et ils en ont parlé dans la presse», explique Francis. Ce dernier a pris la suite à la tête des pompes funèbres en 2011. Deux ans plus tard, il a écrit au Premier ministre de l’État pour demander d’allouer un terrain pour un cimetière chrétien. Quatre ans plus tard, l’État a d’accordé un terrain à la Fédération chrétienne de Malaisie (CFM).

Funérariums encombrés

Il y a également le problème des funérariums. On compte près de 16 églises catholiques à Kuala Lumpur et dans les villes voisines de Petaling Jaya, Puchong, Shah Alam et Subang Jaya, pour environ onze funérariums. Ces paroisses comptent environ 300’000 catholiques – selon l’estimation d’un prêtre local. Les funérariums sont en permanence encombrés, et certains parcourent jusqu’à 40 km pour trouver de la place dans une autre paroisse. «Il y a d’autres options à part les funérariums chrétiens, mais les familles veulent un endroit situé dans les locaux paroissiaux, un lieu sacré situé près de l’église. Ainsi, il est plus facile pour eux de rendre un dernier hommage à leurs proches et de prier pour les âmes des défunts», précise Francis Mascrinhos.

«Je savais que cela arriverait il y a 16 ans», signale-t-il en parlant du manque de places. Il attribue cela au fait que de nombreux propriétaires immobiliers refusent que des veillées funèbres ou des funérailles soient organisées dans leurs locaux, car cela serait considéré comme «tabou». Avant cela, des veillées pouvaient avoir lieu chez les gens. Pour Francis, l’Église locale doit être proactive et l’archidiocèse de Kuala Lumpur doit travailler avec les pompes funèbres catholiques afin de trouver une solution viable à long terme. «Nous avons le savoir-faire. Nous faisons cela depuis des années», assure-t-il.

Le Père Christopher W. Soosaipillai, chargé de cette question au sein de l’archidiocèse de Kuala Lumpur, explique que l’Église locale travaille avec ses partenaires de la Fédération chrétienne de Malaisie (CFM) afin de trouver une solution durable et d’obtenir la meilleure situation possible auprès des autorités locales et fédérales. Il ajoute que la CFM est déjà en lien avec le gouvernement de l’État de Selangor pour la construction d’un cimetière. Selon lui, la fédération cherche également à rencontrer le gouvernement fédéral afin d’allouer plus de terrains aux chrétiens. (cath.ch/eda/bh)

Les cimetières catholiques (illustration) sont pleins, obligeant les fidèles à opter pour la crémation | © Pixabay
24 mai 2023 | 11:42
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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