Le pape salue la pensée de Gaël Giraud sur la transition écologique
«La lecture de ce texte a généré en moi un vrai et véritable goût du beau et du bon, c’est-à-dire une saveur d’espérance, d’authenticité, de futur», écrit le pape François dans la préface d’un livre du jésuite et économiste français Gaël Giraud et de l’activiste Carlo Petrini, considéré comme le pionnier du mouvement ‘slow-food› en Italie.
Ce livre intitulé en italien Il gusto di cambiare – La transizione ecologica come via per la felicità (Le goût de changer – La transition écologique comme voie vers le bonheur) est édité par la LEV, la Librairie éditrice vaticane et paraît ce 17 mai 2023.
Expliquant qu’il a apprécié de lire dans La Civiltà Cattolica les réflexions de Gaël Giraud sur l’économie, la finance et le changement climatique, le pape François se réjouit de la publication de ce livre co-écrit par un jésuite et un activiste se revendiquant agnostique, y voyant un modèle inspirant de coopération entre personnes de convictions différentes pour la protection de la «maison commune». Il cite une phrase du bienheureux Pierre Claverie, l’évêque d’Oran assassiné en 1996 et béatifié en 2018: «la vérité, on ne la possède pas, moi j’ai besoin de la vérité des autres».
Le pape écrit que ce livre est un «don précieux», car il «indique une route et la possibilité concrète de la parcourir, au niveau individuel, communautaire et institutionnel», souligne-t-il, invitant à vivre la «transition écologique» comme une opportunité pour construire l’avenir dans une logique de fraternité, en s’appuyant sur l’engagement des jeunes générations.
«Le PIB est une idole»
Abordant un point polémique, le pontife mentionne la réflexion de Gaël Giraud selon laquelle «le PIB est une idole à laquelle on doit sacrifier chaque aspect de la vie commune: respect de l’environnement, respect des droits, respect de la dignité humaine». Il affirme que cet indice statistique a «une origine belliqueuse», cet outil étant apparu «durant la période du nazisme», avec comme secteur de référence «l’industrie des armes».
Le PIB (Produit Intérieur Brut) est une méthode statistique apparue durant la crise des années 1930 aux États-Unis, et a commencé à être utilisé comme outil de comparaison internationale à partir de la conférence de Bretton Woods en 1944. Dans le livre, Gaël Giraud le présente comme une «convention stupide» basée sur la capacité des États-Unis à affronter l’Allemagne d’Adolf Hitler, en négligeant d’autres réalités de la vie sociale, comme par exemple le travail des mères au foyer.
Plus connu dans la sphère francophone qu’en Italie, Gaël Giraud, ordonné prêtre au sein de la Compagnie de Jésus en 2013, a notamment été chef économiste de l’Agence française de développement de 2015 à 2019.
Après être devenu l’un des intellectuels de référence de la gauche en France, il a fait en 2022 l’objet d’accusations de plagiat et de dérive complotiste, notamment après avoir attribué à la CIA la responsabilité du déclenchement de la guerre en Ukraine. En octobre 2022, Gaël Giraud a aussi suscité une polémique en déclarant, dans un entretien diffusé par le média Thinkerview, que le président Emmanuel Macron était sous la coupe du banquier David de Rotschild.
La province des jésuites d’Europe occidentale avait alors dénoncé des «propos outranciers» renvoyant à des «références antisémites». Gaël Giraud a ensuite présenté ses excuses mais il s’est mis en retrait de la vie publique et médiatique. Son blog n’est plus accessible et il n’est plus intervenu dans les médias français depuis l’automne 2022. (cath.ch/imedia/cv/bh)