Juifs et catholiques réaffirment leur opposition à l’euthanasie
« Prendre soin des malades terminaux avec foi, respect et amour » est un devoir pour les juifs comme pour les catholiques, affirment, dans une déclaration conjointe rendue publique le 12 mai 2023, le Grand-Rabbinat d’Israël et la commission du Saint-Siège pour les rapports avec le judaïsme.
Cette déclaration fait suite à la 17e réunion de la commission bilatérale réunissant les deux instances, qui s’est tenue à Jérusalem du 2 au 4 mai 2023, pour la première fois depuis cinq ans. Le thème de cette année était : «Considérations juives et catholiques sur le soin de la maladie terminale : ce qui est interdit, permis, obligatoire«.
En ligne avec les déclarations du pape François qui, à plusieurs reprises, a regretté de voir que la culture contemporaine « diminue progressivement la compréhension de la valeur de la vie humaine », les deux parties rappellent l’importance du respect de « la dignité de chaque être humain, qui pour les juifs et les catholiques descend de l’affirmation de la sacralité de la vie humaine ».
Tout ce qui est techniquement réalisable n’est pas aussi éthique
Il confirment une précédente déclaration de la commission bilatérale en février 2006, dans laquelle les participants avaient exprimé leur refus de toute « euthanasie active, en tant que prétention illégitime de l’homme sur l’autorité divine exclusive dans la détermination du moment de la mort de la personne humaine ». Ce texte appelait à ce que des « limites » soient établies dans le développement scientifique et technologique, en reconnaissant le fait que « tout ce qui est techniquement réalisable n’est pas aussi éthique ».
Se situant dans la continuité de la déclaration conjointe des trois traditions abrahamiques signée au Vatican le 28 octobre 2019 contre l’euthanasie et le suicide assisté, les participants rappellent « l’importance des soins palliatifs et de chaque effort possible pour alléger les douleurs et les souffrances ».
Ils tracent une distinction entre « des actions qui causent la mort et des choix d’omission au-delà des besoins humains fondamentaux ». La « suspension des traitements thérapeutiques continus, comme la ventilation et le pacemaker », n’a pas la même implication éthique que le renoncement à des traitements « qui prolongent la vie au-delà des besoins humains fondamentaux, comme la dialyse ou la chimiothérapie », soulignent-ils.
Les convictions religieuses de chaque patient doivent être respectées, ce que les deux délégations ont pu observer lors de leur visite à l’hôpital Shaare Zedek, un établissement fondé en 1902 et affilié à l’Université hébraïque de Jérusalem.
La délégation catholique était conduite par le cardinal suisse Kurt Koch, préfet du dicastère pour la Promotion de l’unité des chrétiens, et à ce titre, président de la commission du Saint-Siège pour les rapports religieux avec le judaïsme : compte tenu des racines communes du judaïsme et du christianisme, le Saint-Siège intègre ces relations dans le périmètre de l’œcuménisme et non seulement dans celui du dialogue interreligieux. Le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Pierbattista Pizzaballa, a également participé aux échanges. (cath.ch/imedia/cv/mp)