Khartoum: les religieux fuient les combats
De nombreux religieux et missionnaires catholiques ont été contraints de quitter Khartoum, a annoncé l’archevêque de la capitale soudanaise, Mgr Michael Didi Adgum Mangoria. La ville est depuis plus de 20 jours le théâtre de violents combats entre factions armées rivales.
Depuis le 15 avril 2023, les Forces armées du Soudan (SAF) et les Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire, s’affrontent pour le contrôle du pays. Celui est détenu jusqu’à maintenant par le général Abdel Fattah al-Burhane, de l’Armée nationale. Son second, le général Mohamed Hamdane Daglo, cherche à le renverser, avec l’aide des FSR.
Au moins 600 personnes ont pour l’instant été tuées et plus de 4’900 blessées, selon le ministère soudanais de la Santé. En outre, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), plus de 334’000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, et plus de 123’000 autres personnes ont fui dans les Etats voisins.
Les Eglises ont ouvert leurs portes pour accueillir des réfugiés. De nombreuses structures socio-économiques, tels que des hôpitaux, des centres de santé, ou des édifices publics ont été détruits ou endommagés. Des lieux de culte ont également été visés, bien qu’aucun employé d’une Eglise chrétienne n’ait été tué jusqu’à maintenant.
L’organisation Aide à l’Eglise en détresse (ACN) rapporte sur son site un certain nombre d’incidents ayant touché les communautés chrétiennes dans le pays. L’ACN informe entre autres qu’à Bahri, au nord de Khartoum, le toit d’une église a été touché par une bombe, sans faire de victime. Des hommes armés non identifiés ont aussi forcé l’entrée de la cathédrale de Khartoum. Une chapelle appartenant à une congrégation religieuse a également été bombardée.
Vague de départs
Dans un message électronique, Mgr Mangoria a indiqué que des missionnaires comboniens, notamment, se sont réfugiés à Omdurman (Massalma), considérée comme la ville jumelle de Khartoum. Leurs supérieurs leur ont demandé à chacun de décider de rester ou de quitter le Soudan, a souligné l’évêque catholique. Trois prêtres auraient déjà choisi de sortir du pays.
Les Filles de la Charité Canossian ont également fui vers El Obeid dans le centre-sud du Soudan, tandis que deux d’entre elles sont retournées dans leur pays, en Inde. Des missionnaires de la Charité de Mère Teresa ont en outre quitté la capitale. D’autres religieux de la congrégation des missionnaires d’Afrique de Haj Yousif, des missionnaires égyptiens du Sacré-Cœur d’Amarat se sont aussi retirés de Khartoum. Le cardinal Gabriel Zubeir Wako, archevêque émérite de Khartoum, est également parti avec le nonce apostolique à Djibouti, pour se rendre finalement à Juba, au Soudan du Sud.
En revanche, les salésiens de Don Bosco (SDB) et l’Ordre des Frères mineurs capucins (OFM Cap) ont décidé pour l’instant rester sur place. (cath.ch/ibc/com/rz)