Le pape invite les catholiques hongrois à ne pas se raidir
Le pape François a incité les catholiques hongrois à ne pas faire une « lecture catastrophique » de la perte des « valeurs d’autrefois » et de la montée de la sécularisation en Occident.
Dans son discours prononcé devant le clergé, les religieux et les agents pastoraux hongrois réunis en la co-cathédrale Saint-Étienne de Budapest, le 28 avril 2023, le pape François s’est appuyé sur la pensée de Benoît XVI, pour leur a expliqué que la sécularisation pouvait devenir une opportunité pour purifier l’Église.
Arrivé dans la matinée dans ce pays d’Europe centrale, le pontife a salué les 4’000 fidèles amassés à l’extérieur de la cathédrale Saint-Étienne avant d’entrer dans l’imposante basilique de style néo-classique où 1’100 personnes l’attendaient. Il a d’abord écouté quatre témoignages dont celui du Père József Brenner, frère du bienheureux Père János Brenner, victime du régime communiste à l’âge de 26 ans. «Combien de témoins et de confesseurs de la foi ce peuple n’a-t-il pas eus lors des totalitarismes du siècle dernier !», a commenté le pape François, impressionné par le témoignage «de foi granitique des Hongrois».
Dans son discours, le pape a cependant mis en garde les membres de l’Église catholique en Hongrie contre deux écueils face à la crise de foi que traverse actuellement l’Occident : « le défaitisme catastrophiste et le conformisme mondain ».
Le premier consisterait pour les chrétiens à s’enfermer dans des «oasis religieuses, confortables et tranquilles» sans vouloir s’intéresser à la société qui évolue. Le second serait au contraire de se conformer «aux vents changeants de la mondanité». Dans les deux cas, a prévenu le pape, «notre christianisme perdra sa vigueur et nous cesserons d’être le sel de la terre».
Certes, pour le pape François, la vague de la sécularisation est puissante : « même dans ce pays, où la tradition de foi reste bien enracinée, on assiste à la diffusion du sécularisme et à ce qui l’accompagne, qui risque souvent de menacer l’intégrité et la beauté de la famille», a-t-il fait remarquer, dans le sillage de son discours du matin aux autorités hongroises devant qui il déplorait le «droit insensé à l’avortement» ou bien l’implantation de la «culture du genre».
Mais plutôt que de revêtir l’« attitude de ›combattants’ », le pape a enjoint les catholiques à «savoir écouter les questions et les défis sans peur ni rigidité» et aussi à prier, «car l’histoire et l’avenir en dépendent». Reprenant les mots de son prédécesseur Benoît XVI, il a assuré que, par le passé, «les différentes périodes de sécularisation sont venues en aide à l’Église car elles ont contribué de façon essentielle à sa purification et à sa réforme intérieure».
En réponse à la crise des vocations
Le pape a reconnu que la baisse des vocations et la surcharge de travail des prêtres rendaient la mission de l’Église délicate, et ce partout en Europe. Mais, comme il le rappelle régulièrement depuis le lancement du Synode sur l’avenir de l’Église, il a souligné l’importance de développer la relation entre pasteurs et laïcs afin que tous se sentent coresponsables dans l’Église.
Il s’agit de « mettre à jour la vie pastorale, sans se contenter de répéter le passé et sans peur de reconfigurer la paroisse sur le territoire », a-t-il préconisé, en fixant comme objectif premier l’évangélisation.
Le pape a aussi insisté sur le besoin d’unité dans l’Église, et a listé une série d’attitudes nuisibles : « les évêques déconnectés entre eux, les prêtres en tension avec l’évêque, les personnes âgées en conflit avec les plus jeunes, les diocésains contre les religieux, les prêtres contre les laïcs, les latins contre les grecs ». Il a regretté les polarisations parmi les catholiques sur des questions ecclésiales « mais aussi sur des aspects politiques et sociaux, en s’accrochant à des positions idéologiques ».
Il a alors expliqué que faire entrer l’idéologie dans la vie de l’Église catholique était l’œuvre du démon, un «artiste» dans l’art de diviser, a-t-il improvisé, avant de mettre également en garde tous les catholiques contre le commérage qui détruit l’Église. Il a, à ce propos, conseillé à ceux qui s’aviseraient de médire de se mordre d’abord la langue.
Convoquant enfin quelques grandes figures de l’Église en Hongrie, le pape François a rappelé le geste de saint Martin, ce soldat romain né dans la région et qui partagea son manteau avec un pauvre. «C’est l’image de l’Église vers laquelle il faut tendre, ce que l’Église de Hongrie peut porter comme prophétie au cœur de l’Europe : la miséricorde et la proximité ».
Programme de la deuxième journée
Après une nuit passé à la nonciature, la deuxième journée du pape François à Budapest commencera à 8h45 par une visite privée auprès des enfants non-voyants de l’Institut portant le nom de Laszlo Batthyany-Strattmann (1870-1931), un médecin ophtalmologue surnommé «le docteur des pauvres», béatifié par Jean Paul II en 2003.
Le pontife encontrera ensuite les pauvres et les réfugiés en l’église Sainte-Élisabeth de Hongrie à 10h15, et prononcera son troisième discours en Hongrie. Il rendra visite à la communauté gréco-catholique, à 11h30, dans la petite église « Protection de la Mère de Dieu », mais n’y prononcera pas de discours.
L’après-midi, à 16h30, le pape rencontrera des jeunes hongrois à la ›Papp László Budapest Sportaréna›, une salle omnisports pouvant compter jusqu’à 12.500 places. Enfin, à 18h, le pape retrouvera les jésuites de Hongrie à la nonciature apostolique, une rencontre qui donnera probablement lieu à un échange retranscrit quelques semaines plus tard dans La Civiltà Cattolica. (cath.ch/imedia/ak/hl/mp)
Le voyage du pape François en Hongrie, du 28 au 30 avril prochains, constitue le troisième séjour officiel d’un pape dans ce pays d’Europe centrale.