La Suisse inaugure sa nouvelle ambassade près le Saint-Siège
Le Conseiller fédéral Ignazio Cassis et le secrétaire d’État du Saint Siège, le cardinal Pietro Parolin, ont officiellement inauguré le 19 avril 2023 les locaux de la nouvelle ambassade de la Confédération helvétique près le Saint-Siège.
Située à une centaine de mètres des murailles léonines de la cité du Vatican, l’ambassade dirigée par Denis Knobel sera un «instrument de contact de plus en plus précieux» dans les relations entre le Saint-Siège et la Suisse s’est réjoui le cardinal Parolin.
Plusieurs ambassadeurs – Chypre, Sénégal – ou encore le cardinal suisse Kurt Koch, préfet du dicastère pour l’Unité des chrétiens, ont découvert avec la presse les nouveaux locaux, situés au premier étage d’un immeuble de la via Crescenzio. L’ambassade avait été formellement inaugurée le 6 mai 2022 par l’alors président de la Confédération Ignazio Cassis et par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États, mais n’était cependant pas encore opérationnelle. Les travaux prévus ont été menés au cours des mois suivants pour permettre l’installation de l’ambassadeur et de son équipe.
Lors d’une brève allocution, le cardinal Parolin a souligné la proximité des deux pays sur les «thèmes mondiaux» que sont la lutte contre la pauvreté, la défense de la paix, l’aide au développement et l’écologie. Ignazio Cassis a abondé dans le sens du cardinal, affirmant qu’il s’agissait des thèmes prioritaires que comptait défendre la Suisse en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies, poste que le pays occupe depuis janvier 2023 jusqu’à la fin de l’année 2024 et qui va l’amener à présider l’assemblée en mai prochain et en octobre 2024.
Le cardinal et le ministre des Affaires étrangères ont tous les deux fait référence à la longue histoire, parfois complexe, des relations entre la Suisse et le Saint-Siège. Ils ont rappelé les célébrations du centenaire de la reprise des relations diplomatiques en 1920, organisé en 2021 en raison de la pandémie, comme un moment clé de rapprochement. Le cardinal a tenu à rappeler aussi sa visite en Suisse à cette occasion, confiant en garder «personnellement» un très beau souvenir.
«La diplomatie du Saint-Siège a changé», a reconnu le cardinal italien, soulignant qu’elle avait à l’origine pour objectif de défendre «les intérêts de l’Église». «Aujourd’hui son but essentiel est la coopération sur des questions qui affectent le présent et l’avenir», a-t-il précisé.
Une armure de garde suisse dans l’ambassade
Saluant le travail de la Garde suisse, le cardinal Parolin a souligné le rôle d’ ‘ambassadeurs’ de la Suisse qu’ils tiennent au Vatican. En présence du commandant Christoph Graf, qui dirige la petite armée en charge de protéger le pape, le cardinal et le ministre des Affaires étrangères ont mis en avant leur travail au quotidien et rappelé les travaux qui doivent prochainement permettre la rénovation de la caserne.
Une armure de la Garde suisse complète – plastron, spallières (qui protège le épaules) et morion (casque) – a été inaugurée par les deux représentants dans l’ambassade. Installé dans une vitrine, cette armure d’apparat présentait une petite originalité: la présence d’un crucifix finement gravé sur le bas du plastron.
Trouver un «nouvel équilibre» avec le monde contemporain
À l’issue de l’inauguration, le cardinal Parolin a été interrogé sur la récente consultation synodale en Suisse, au cours de laquelle des voix se sont élevées pour demander une évolution de la morale sexuelle et de la place des femmes dans l’Église. Le secrétaire d’État a reconnu qu’il est important pour l’Église de s’adapter aux changements qui affectent les sociétés actuelles pour ne pas vivre dans le monde du passé mais a souligné l’importance de penser un renouvellement qui soit «toujours en fidélité avec la Tradition de l’Église».
Alors que le Saint-Siège vient d’interdire à des laïcs allemands de participer l’élection du nouvel évêque de Paderborn, le cardinal a rappelé que des laïcs doivent toujours être sollicités par les nonces apostoliques lors de la sélection de tout nouvel évêque. Rappelant que l’Église «n’est pas une démocratie», il a reconnu qu’il serait peut-être judicieux d’obliger les nonces à rencontrer un nombre minimum de laïcs avant de recommander une candidature à Rome, affirmant avoir toujours été attentif à cette question à l’époque où il dirigeait la nonciature du Venezuela.
«On ne peut pas jeter tout le passé», a insisté le cardinal Parolin, faisant référence à la nature «germanique» de certaines volontés de changement. Il a appelé à se «renouveler avec fidélité» en trouvant un «nouvel équilibre», et a souligné la difficulté de la tâche, déclarant qu’il est «plus facile de dire qu’on va changer tout ou qu’on va rester dans le passé». (cath.ch/imedia/cd/mp)