Mgr Ravel, archevêque de Strasbourg, rétrograde son évêque auxiliaire
Mgr Luc Ravel, archevêque de Strasbourg, a rétrogradé Mgr Christian Kratz, l’un de ses deux évêques auxiliaires. La mesure serait liée à la mauvaise gestion du dossier d’un prêtre abuseur, qui s’est suicidé en janvier 2023.
Mgr Kratz s’est vu retirer sa charge de vicaire général pour n’être plus que vicaire épiscopal, rapporte le 4 avril 2023 le journal La Croix, d’après des informations du quotidien Dernières Nouvelles d’Alsace. L’évêque auxiliaire de Strasbourg affirme ne pas savoir ce qui lui est reproché.
Pour le Père Bernard Xibaut, chancelier du diocèse, la décision de Mgr Ravel s’explique par «la volonté de rappeler les procédures en matière de non-dénonciation des abus sexuels au sein de l’Église», et d’en tirer toutes les conséquences.
Le cas Emmanuel Walch
La querelle prend racine dans le dossier lié à Emmanuel Walch. Renvoyé de l’état clérical en 2014, l’ancien prêtre du diocèse s’est donné la mort le 1er janvier 2023 en se jetant sous un train en compagnie de sa mère et de son chat. Son décès a fait remonter à la surface une affaire aux zones d’ombre encore nombreuses. Il semble que le geste fatal d’Emmanuel Walch ait été lié à une plainte pour viol déposée en juillet 2022 contre lui par une ancienne élève. Les faits remonteraient à 2008, alors qu’il était aumônier du collège épiscopal Saint-Étienne, à Strasbourg.
Mais l’homme avait déjà subi des condamnations dans des affaires de mœurs. Dans les années 2000, il aurait été mis en cause pour détention d’images pédopornographiques. La justice pénale l’a finalement condamné en 2013 pour ce motif. Egalement poursuivi par la justice de l’Eglise, il avait été renvoyé de l’état clérical en 2014.
Visite apostolique dans le diocèse
Une semaine après le décès d’Emmanuel Walch, l’archevêque de Strasbourg évoquait «son étonnement et un certain nombre de questions», notamment sur les «responsabilités pénales et morales» de l’Eglise dans le traitement de ce dossier. Mgr Ravel s’était notamment étonné de la «soudaine mutation» d’Emmanuel Walch en 2009 comme curé chargé de jeunes dans ses missions, alors que des accusations de comportement inapproprié avec des mineurs pesaient déjà sur lui.
Interrogé sur l’absence de signalement à la justice civile avant 2013, Mgr Kratz, nommé évêque auxiliaire de Strasbourg en 2001, dit s’en être remis à l’autorité de l’archevêque de l’époque, Mgr Jean-Pierre Grallet. Ce dernier, qui a démissionné de son poste en 2017 pour raison d’âge (remplacé par Mgr Ravel), a reconnu en décembre 2022 des «gestes déplacés» sur une femme majeure.
Si de nombreux points de cette affaire sont pour l’instant incertain, elle plonge encore plus dans la tourmente l’archidiocèse de Strasbourg. Ce dernier est en effet dans le collimateur de Rome, qui a ordonné une visite apostolique en été 2022. Le diocèse est en attente d’une réponse du Vatican. Le management exercé par Mgr Ravel serait notamment en cause.
Mgr Luc Ravel est bien connu en Suisse où il a été prieur de Saint-Charles à Porrentruy, dans le Jura de 1988 à 1991. (cath.ch/cx/ag/arch/rz)