Pour le pape François, la valeur fondamentale d’une personne «ne peut pas être mesurée par un ensemble de données» | © Markus Spiske/Unsplash
Vatican

Le pape s'inquiète des algorithmes qui excluent «le pardon»

Le pape François a déploré, le 27 mars 2023, une vision de la méritocratie selon laquelle «la pauvreté est de la faute des pauvres» et «les riches sont exonérés de faire quelque chose». Il recevait les participants à la rencontre «Minerva Dialogues» promue par le dicastère pour la Culture et l’éducation. Il s’est inquiété de l’influence des algorithmes dans les prises de décision sociales et économiques.

Devant ces experts variés du monde de la technologie – ingénieurs, juristes, philosophes… – le pape s’est préoccupé du fait que selon les données actuelles, «les technologies numériques aient servi à accroître les inégalités dans le monde». «Non seulement les différences de richesse matérielle, […] mais aussi d’accès à l’influence politique et sociale», s’est-il inquiété.

Ce problème d’inégalité, a noté l’évêque de Rome, peut être aggravé par «une fausse conception de la méritocratie» qui conçoit «l’avantage économique de quelques-uns comme gagné ou mérité, tandis que la pauvreté de beaucoup est vue […] comme de leur faute». Cette approche, a-t-il dénoncé, «sous-évalue les inégalités de départ entre les personnes en termes de richesse, d’opportunités éducatives et de liens sociaux et traite le privilège et l’avantage comme des conquêtes personnelles».

Le droit à changer

Le pape François a également souligné que la valeur fondamentale d’une personne «ne peut pas être mesurée par un ensemble de données». Il a mis en garde contre le fait de confier les processus décisionnels sociaux et économiques à des algorithmes «qui élaborent des données souvent recueillies de façon subreptice sur les individus, sur leurs caractéristiques et sur leurs comportements passés».

«De telles données peuvent être contaminées par des préjugés et des idées sociales préconçues», a averti le pape. Il a plaidé pour le droit à pouvoir changer. «Le comportement passé d’un individu ne devrait pas être utilisé pour lui nier l’opportunité de changer, de grandir et de contribuer à la société». Le pontife a exhorté à ne pas laisser les algorithmes «exclure la compassion, la miséricorde, le pardon et surtout l’ouverture à l’espérance d’un changement de la personne».

Au fil de son discours, le pape a recommandé que le critère d’évaluation de l’innovation numérique soit «la dignité» de l’être humain. En se demandant, au passage, si les institutions nationales et internationales étaient «en mesure de rendre les agences technologiques responsables de l’impact social et culturel de leurs produits». (cath.ch/imedia/ak/rz)

Pour le pape François, la valeur fondamentale d’une personne «ne peut pas être mesurée par un ensemble de données» | © Markus Spiske/Unsplash
27 mars 2023 | 15:33
par I.MEDIA
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