Premier archevêque et premier cardinal ivoirien

Côte d’Ivoire: Décès du cardinal Bernard Yago, à l’âge de 81 ans

Abidjan, 6 octobre 1997 (APIC) Premier archevêque autochtone et premier cardinal ivoirien de l’histoire, Mgr Bernard Yago, ancien archevêque d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, est décédé dimanche à l’âge de 81 ans des suites d’une longue maladie, annonce lundi le Vatican. Lundi, dans un télégramme de condoléances adressé à l’archidiocèse d’Abidjan, le pape Jean Paul II l’a qualifié de «grand serviteur de l’Evangile du Christ en Côte d’Ivoire et en Afrique».

Né en 1916 à Pass, dans le diocèse de Yopougon, il avait fêté le 1er mai dernier le 50ème anniversaire de son ordination sacerdotale. Prêtre depuis 1947 – le deuxième prêtre autochtone de l’histoire de la Côte d’Ivoire – il fut ordonné évêque au printemps 1960, et nommé sur le siège d’Abidjan. Homme instruit, modeste et affable, il enseigna au petit séminaire de Bingerville et dirigea en même temps un pré-séminaire, l’»Ecole des Petits Clercs», de 1948 à 1956, avant de se voir confier par son évêque, Mgr Boivin, une importante paroisse à Treichville, dans la banlieue populaire d’Abidjan.

Après avoir fait une licence en sciences sociales à l’Institut catholique de Paris, il fut nommé en 1959 directeur de l’Action Catholique de l’archidiocèse d’Abidjan. Un an plus tard, il succédait à Mgr Boivin comme archevêque d’Abidjan et recevait l’ordination sacerdotale des mains du pape Jean XXIII. Il dirigea l’Eglise d’Abidjan durant 35 ans, de 1960 à décembre 1994, avant de céder le relais à Mgr Bernard Agré.

Longtemps président de la Conférence épiscopale ivoirienne, Mgr Yago fut le premier archevêque de Côte d’Ivoire et le premier cardinal du pays. Il fut créé cardinal par le pape Jean Paul II en 1983.

Franc-parler à l’adresse des tenants du pouvoir autoritaire

Connu pour son franc-parler alors même que son pays était dirigé par un parti unique, le cardinal Yago n’hésitait pas à fustiger la corruption gangrenant le pays. Lors des messes du 31 décembre qu’il célébrait chaque année durant cette période difficile, en présence du défunt président ivoirien Felix Houphouët-Boigny, et de ses ministres, il avait l’habitude de dénoncer les mauvaises conditions de vie faites aux populations, la gabegie administrative, etc. Il allait jusqu’à demander des explications, après la mort suspecte en prison d’un ancien président de la Cour suprême, Ernest Boncan.

Mgr Yago avait accueilli en septembre 1990 le pape Jean Paul II pour la consécration de la fameuse basilique Notre-Dame-de-la-paix de Yamoussoukro, après qu’il eût exprimé des critiques pour la réalisation d’un projet aussi grandiose. «Basilique de la discorde» construite sur le modèle de St-Pierre de Rome, d’un coût de quelque 250 millions de francs suisses (dont 80% retournés en Europe, le marbre venant de Carrare et les vitraux de France), elle avait été payée par la «cassette personnelle» du président Houphouët-Boigny, avant d’être «offerte» à l’Eglise.

Cité lundi par Radio France Internationale, son successeur sur le siège d’Abidjan, Mgr Bernard Agré, a relevé que le cardinal Yago avait un «caractère parfois brusque», mais qu’il était «un homme droit». Le pontificat de Mgr Yago restera marqué par la création à Abidjan de l’Institut Catholique de l’Afrique francophone et par la construction de la grande cathédrale métropolitaine, dédiée au Saint-Esprit, dont la première pierre fut posée par Jean Paul II en 1980.

Après le décès du cardinal Yago, le collège des cardinaux compte 147 membres, dont 107, âgés de moins de 80 ans, peuvent participer à l’élection du pape (le règlement de l’élection du pape fixe le «plenum» du collège électeur des cardinaux à 120 postes). (apic/ic/bol/cip/be)

10 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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