Nouveau prêtre charismatique suspendu dans le diocèse de Fréjus-Toulon
Mgr Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon, a interdit de tout ministère, dès mars 2023, le Père Antoine Coelho, fondateur et modérateur de la «Maison de l’Esprit-Saint». L’association privée de fidèles qui lui était liée est également dissoute. En cause la relation amoureuse du prêtre avec une jeune femme espagnole se prétendant ‘l’incarnation de l’Esprit-Saint’.
Dérives sectaires, abus en tous genres, Mgr Dominique Rey n’en finit pas de se débattre avec les problèmes des communautés nouvelles qu’il a accueilli sans grand discernement dans son diocèse. Après Point Cœur ou Eucharistein, une nouvelle communauté est mise en cause.
Enquête canonique
«Au début du mois de mars, à la suite de témoignages portés à ma connaissance, une enquête canonique a été diligentée concernant l’abbé Antoine Coelho, prêtre incardiné en notre diocèse, indique Mgr Dominique Rey, dans une lettre adressée au clergé du diocèse. Ce dernier a reconnu et confirmé son intention d’épouser et de fonder une famille avec une femme de nationalité espagnole qu’il affirme être « l’incarnation » de l’Esprit Saint.
Pour ces raisons doctrinales et morales, l’abbé Antoine Coelho a été suspendu et il lui est interdit d’exercer le sacerdoce. J’ai reçu les membres de la communauté «Maison de l’Esprit-Saint», association privée de fidèles du diocèse de Fréjus-Toulon dont le Père Coelho était le modérateur, pour les entendre, leur proposer un accompagnement et leur signifier la dissolution immédiate de leur association.»
Connu pour ses messes de guérison et ses enseignements sur internet et les médias sociaux, le prêtre disposait d’un large réseau bien au-delà du diocèse.
Une fermeture confirmée
Le site internet de la maison du Saint-Esprit a confirmé sa fermeture dans un communiqué laconique: «Nous sommes désolés de vous informer que la fraternité fermera définitivement ses portes aujourd’hui, suite à une décision prise en consultation avec notre diocèse. Nous sommes conscients que cette décision peut causer des désagréments, mais elle était nécessaire.»
Antoine Coelho et et la Maison de l’Esprit-Saint
Sur la base d’une communication des légionnaires du Christ, dont Antoine Coelho a été membre jusqu’en 2013, le site espagnol infovaticana livre davantage d’informations sur le cas du prêtre et de ce qui lui est reproché.
Dans une lettre, le Père Valentin Gögele, directeur territorial de la Légion du Christ, révèle que «selon ses propres déclarations, le Père Antoine entretient une relation avec une jeune femme de 26 ans de Barcelone. Il justifie ce comportement en disant que cette femme est ‘l’incarnation mystique de l’Esprit Saint’. Elle se décrit d’ailleurs comme telle».
Pour le responsable de la Légion «le comportement qu’il professe lui-même et la manière dont il le justifie, contredisent gravement la morale et les enseignements de l’Église catholique». Il se dit dit «surpris et consterné par cette nouvelle car, dans le passé, il y a eu une collaboration positive avec le Père Antoine et la «Maison du Saint-Esprit» lors de diverses manifestations sans aucune objection théologique ou spirituelle».
Membre des Légionnaires du Christ jusqu’en 2013
Né d’une mère française et d’un père portugais, Antoine Coelho a commencé sa vie religieuse chez les Légionnaires du Christ, où il est resté 20 ans, jusqu’en 2013. Ordonné prêtre en 2008, il dit avoir reçu en 2010 le baptême du Saint-Esprit. «J’ai trouvé ma vie et mon ministère complètement transformés. J’ai alors commencé à prier pour les malades et à organiser des retraites charismatiques».
Après un séjour de deux ans en Angleterre dans la communauté de Damian Stayne ‘Cor et Lumen Christi’, il revient en 2017 dans le diocèse de Fréjus-Toulon pour fonder, avec cinq jeunes, la ‘Maison de l’Esprit Saint’. Il est incardiné dans le diocèse par Mgr Rey.
Décision de quitter la prêtrise?
Antoine Coelho n’a toujours pas confirmé de son côté qu’il avait décidé de quitter la prêtrise. En janvier dernier, il a encore effectué une tournée en Espagne. Dans une interview au journal diocésain de Madrid il déclarait que «l’Esprit Saint casse nos schémas et cela nous scandalise, surtout ceux qui aiment tout mettre dans une petite boîte. Comment mettre l’amour dans une boîte? C’est un temps caractérisé par un plus grand sens de la liberté, parce que l’obéissance que Dieu veut pour nous est la liberté dans l’Esprit», ajoutait-il. (cath.ch/mp)