Liban: Nagib Mikati déclenche une polémique sur le nombre de chrétiens  

Nagib Mikati, le Premier ministre libanais sortant, a déclenché une polémique sur le nombre de chrétiens au Liban, en affirmant qu’ils n’étaient plus que 19,4 % suite à l’émigration de plus en plus croissante après la double explosion de 2020 au port de Beyrouth. Le Patriarcat maronite rejette ces données.

La déclaration du musulman sunnite, comme le sont tous les présidents du Conseil du Liban en vertu de la Constitution, a suscité l’ire de la Fondation maronite dans le monde, instance affiliée au patriarcat maronite au Liban et qui se veut une interface entre le pays et les chrétiens maronites vivant en diaspora.

34,42% des électeurs libanais sont chrétiens

La fondation a rappelé le 23 février 2023 que près 34,42% des électeurs libanais étaient chrétiens, en réponse à des propos tenus le 21 février par Nagib Mikati, lors d’un entretien télévisé. Ce dernier avait commenté un rapport qui serait attribué au patriarcat maronite, selon lequel les chrétiens représenteraient moins de 20% de la population libanaise. Dès le lendemain, le bureau de presse du patriarcat à Bkerké a publié un communiqué dans lequel il démentait avoir publié un rapport établissant un recensement de la population chrétienne au Liban.

Une sévère crise économique secoue le pays depuis 2019

Dans l’interview sur la chaîne al-Jadeed, le Premier ministre sortant s’était d’abord montré prudent quant à l’exactitude de ce rapport. «C’est une chose déplorable, si l’exactitude de ces chiffres est prouvée», avait-il souligné, expliquant la vague migratoire de ces dernières années par la crise économique inédite qui secoue le pays depuis 2019.

Le chef du gouvernement libanais au Vatican en mars prochain

La Fondation maronite, déplorant les propos de Nagib Mikati, a relevé que «les élections législatives de mai 2022 ont montré que les chrétiens constituaient 34,42% des électeurs selon les listes d’électeurs» publiées par le ministère de l’Intérieur avant le scrutin.

Alors que le chef du gouvernement libanais se rend au Vatican en mars prochain, la Fondation maronite s’étonne que Nagib Mikati évoque ce dossier à l’heure actuelle. «Au lieu de recenser les chrétiens, le Premier ministre ferait mieux de se focaliser sur les mesures à prendre pour freiner l’émigration qui touche tous les Libanais, notamment dans les bidonvilles où la misère contraint les gens à payer des fortunes pour (quitter le pays à bord) des bateaux de la mort», rapporte le quotidien libanais «L’Orient-Le Jour».

Les réfugiés syriens dans le collimateur

La Fondation maronite s’en prend également au grand nombre de réfugiés syriens hébergés au Liban: «Le Premier ministre devrait s’inquiéter de l’effectif des réfugiés syriens, et des naissances enregistrées parmi eux menaçant l’identité du Grand Liban, qui souffre déjà de la corruption de la classe dirigeante, de l’effondrement de l’Etat, et de l’élargissement du phénomène du non-Etat», en allusion au Hezbollah, seul parti encore armé au Liban. (cath.ch/orj/be)