Le Saint-Siège et le Sultanat d’Oman officialisent leurs relations

Le Saint-Siège et le Sultanat d’Oman ont annoncé le 23 février 2023, dans un communiqué diffusé par le Bureau de presse du Saint-Siège, l’établissement de relations diplomatiques complètes. Les deux États annoncent les créations prochaines d’une ambassade du Sultanat d’Oman près le Saint-Siège et d’une nonciature apostolique près le Sultanat d’Oman, qui devient ainsi le 184e État à formaliser ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège.

Les termes du communiqué conjoint, diffusé en anglais, précisent que le Saint-Siège et le Sultanat d’Oman sont «désireux de promouvoir la compréhension mutuelle et de renforcer davantage l’amitié et la coopération» entre eux, qu’ils sont convaincus que l’établissement de relations diplomatiques sert (leurs) intérêts communs. Ils s’affirment par ailleurs « guidés par les principes d’égalité souveraine, d’indépendance, d’intégrité territoriale et de non-ingérence ».

Ces relations sont établies sur la base de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961, est-il par ailleurs précisé.

Un pays connu pour son approche libérale de l’islam

Le sultanat d’Oman, situé au sud-ouest de la péninsule arabique, frontalier des Émirats arabes unis, de l’Arabie Saoudite et du Yémen, s’étend sur près de 310.000 km2 et compte environ 4,5 millions d’habitants, avec un pourcentage significatif de travailleurs provenant d’autres pays du Moyen-Orient, des Philippines, de l’Inde et du Pakistan.

Le chef de l’État actuel est le sultan Haitham Ben Tariq, 68 ans. Il a succédé le 11 janvier 2020 à son cousin, le sultan Qabus ibn Said, qui avait régné durant près de 50 ans et s’est éteint sans descendance.

Le Sultanat d’Oman a pris son indépendance du Royaume-Uni en 1971, après avoir été un protectorat britannique durant 80 ans. Le pays a connu ensuite un spectaculaire développement économique, notamment en investissant sur l’exploitation des hydrocarbures et sur le tourisme. La Loi fondamentale du Sultanat d’Oman déclare l’islam religion de l’État, et la sharia comme principale source de la législation nationale. Le pays est néanmoins réputé pour son approche relativement libérale, et le droit prévoit la liberté de religion et l’interdiction des discriminations sur une base confessionnelle.

L’Église catholique locale compte quatre paroisses dans lesquelles 12 prêtres exercent leur ministère. Elle est rattachée au vicariat apostolique d’Arabie du Sud, conduit par Mgr Paolo Martinelli, dont la juridiction s’étend aussi sur le Yémen et les Émirats arabes unis. La note précise que le Saint-Siège espère que l’établissement de ces pleines relations diplomatiques permette à l’Église catholique à Oman, à travers des prêtres et des religieuses, de continuer à contribuer au bien-être social du Sultanat.

Selon les statistiques de la CIA en 2020, la communauté catholique locale compte près de 140.000 membres. Près de 86% de la population omanaise est musulmane, avec 45% de membres de la branche ibadite de l’islam – présente presque exclusivement dans ce royaume –, 35% de sunnites et 5% de chiites. Le sultanat comporte aussi une petite communauté évangélique (1%) ainsi qu’une importante communauté hindoue (5%), et une communauté bouddhiste (1%).

Une position médiane dans les conflits régionaux

Ce projet d’établir des relations diplomatiques avait été annoncé le 4 novembre 2022, au lendemain d’un échange téléphonique entre le ministre omanais des Affaires étrangères Sayyid Badr Hamad Al Busaidi et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États de la secrétairerie d’État.

Le Saint-Siège et Oman s’étaient rapprochés en septembre 2017 lors de la libération du père Tom Uzhunnalil, un salésien indien enlevé en mars 2016 au Yémen. Permise grâce à l’aide apportée par le Sultanat d’Oman, l’opération avait été saluée par Saint-Siège, qui, avec le gouvernement indien, tentait depuis 18 mois de libérer le prêtre, enlevé lors d’une attaque meurtrière à Aden contre un dispensaire tenu par des religieuses des Missionnaires de la Charité.

Oman, par sa position médiane entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, est devenu un lieu stratégique de contacts diplomatiques concernant la guerre du Yémen, mais aussi au sujet de la guerre en Syrie. Le président syrien Bachar el-Assad, qui tente de désenclaver son pays meurtri par le séisme du 6 février dernier, s’est ainsi rendu le 20 février à Mascate, la capitale du Sultanat d’Oman, dont il a salué les «politiques équilibrées» face à l’instabilité dans la région.

Après cette annonce, le Saint-Siège entretient désormais des relations diplomatiques avec 184 États, contre 84 en 1978 et 25 en 1950. Le Sultanat d’Oman est donc exactement le 100e État à établir des relations diplomatiques avec le Saint-Siège depuis l’élection de Jean-Paul II en 1978.

Les pays qui n’ont pas de relations diplomatiques avec le Saint-Siège à l’heure actuelle sont l’Arabie saoudite, le Bhoutan, le Brunei, la République populaire de Chine, les Comores, la Corée du Nord, le Laos, les Maldives, la Somalie, Tuvalu et le Vietnam. Au Brunei, aux Comores, au Laos et en Somalie, le Saint-Siège dispose cependant de délégués apostoliques, et au Vietnam, d’un «représentant pontifical». 

Certains de ces pays ont par ailleurs des contacts avec le Vatican sous différentes formes, notamment pour les nominations d’évêques en Chine depuis l’accord controversé de septembre 2018, ou, dans le cas de l’Arabie saoudite, par le biais du dialogue interreligieux. En 2018, la visite à Riyad du cardinal Jean-Louis Tauran, alors président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, fut considérée comme une percée diplomatique majeure et une preuve de l’attention portée par le Vatican au développement de la liberté religieuse dans le Golfe arabo-persique. (cath.ch/imedia/cv/mp)