Recours au TF contre l’interdiction de baptême dans le Léman
L’Eglise évangélique de Cologny a déposé un recours auprès du Tribunal fédéral contre l’interdiction qui lui a été faite par les autorités genevoises de célébrer un baptême dans le lac Léman. Elle y voit une atteinte à la liberté de religion.
A la suite de la décision de la Cour de justice de la République et canton de Genève confirmant l’interdiction de pratiquer des baptêmes dans le Léman, un recours a été déposé au Tribunal fédéral, indique le Réseau évangélique suisse. Pour les recourants, cette décision portait une atteinte injustifiée à la liberté religieuse et de réunion induite par une application disproportionnée de la loi cantonale genevoise sur la laïcité.
Le 29 mai 2022, l’Église évangélique de Cologny a sollicité l’autorisation de célébrer un baptême sur la plage de la Savonnière à Collonge-Bellerive dans le canton de Genève. Il s’agissait du baptême par immersion d’un adulte en présence de ses proches, amis, de sa famille, avec explication sur le baptême, déclaration de foi du baptisé, éventuellement prière pour le baptisé et de trois chants a cappella. Aucune sonorisation n’était prévue et la célébration devait durer une heure, un dimanche matin.
Le 27 juin 2022, le Département de la sécurité de la population et de la santé a interdit cette manifestation considérant qu’elle portait atteinte à la laïcité de l’État. L’Église a alors saisi la Cour de justice de la République et canton de Genève. Dans un arrêt du 20 décembre 2022, cette dernière a confirmé l’interdiction décrétée par le Département. Selon sa compréhension du principe de laïcité, la Chambre administrative estime que l’accès à la plage devait être réservé aux organisations religieuses «entretenant relation avec l’État». (Ce qui n’est pas le cas de l’Eglise évangélique NDLR).
Une laïcité centrée sur l’ouverture
Une laïcité centrée sur l’ouverture, sur l’harmonie, sur la tolérance donne la permission à chaque confession de se manifester dans le respect des autres, croyants ou non. Lorsque l’ordre public n’est pas menacé et les droits de chacun respectés, l’État doit autoriser chacun à s’exprimer et à se réunir sur le domaine public, estime en réponse l’Eglise de Cologny. Si l’État se permet de sélectionner certaines croyances au détriment des autres, il outrepasse son rôle. Le lac, la montagne ou la forêt appartiennent au domaine public naturel. Ce sont aussi des espaces de libertés. C’est pourquoi l’Église a décidé de porter l’affaire devant le Tribunal fédéral.
Le recours est formé contre ce refus pour violation de l’égalité de traitement, de l’interdiction des discriminations et pour une atteinte injustifiée à la liberté religieuse et de réunion. (cath.ch/com/mp)