Béatitudes: le Père Dominique Savio écarté de la gouvernance
Suite à la révélation de soupçons d’abus sexuels, le Père Dominique Savio, a été déchargé de ses responsabilités de numéro deux de la communauté des Béatitudes. Une enquête canonique visant le prêtre va également être ouverte.
La décision de relever le Père Dominique Savio de ses responsabilités dans le gouvernement de la communauté des Béatitudes a été communiqué le 24 janvier 2023. Elle fait suite à l’enquête Sous emprise, publiée dans La Croix L’Hebdo.
L’enquête identifiait au moins 10 victimes présumées d’abus sexuels dans un internat de la communauté des Béatitudes, à Autrey dans les Vosges entre 1994 et 2001. L’un des deux prêtres mis en cause est le Père Dominique Savio (se faisant appeler aujourd’hui Martin de Tours NDLR) aujourd’hui numéro deux de la communauté.
Un signalement concernant cet faits a été déposé. Et une enquête canonique préalable a été demandée par l’archevêque de Toulouse, a expliqué la Communauté de Béatitudes dans un communiqué le 24 janvier. En attendant le résultat, le Père Martin s’est retiré de ses responsabilités dans le gouvernement de la communauté. »
Précisions à propos du Père Martin de Tours
Le communiqué des Béatitudes apporte également des précisions quant à la situation personnelle du Père Dominique Savio. Il rappelle qu’une première enquête du Parquet d’Épinal à son encontre s’est conclue par une ordonnance de non-lieu en 2004. Une seconde enquête a abouti à un classement sans suite au début de l’été 2010. Suite à des articles de presse qui le citaient nommément (articles ayant fait l’objet de condamnations pour diffamation), le Père a demandé à prendre un nouveau nom religieux et a choisi celui de Martin de Tours.
Lorsqu’en 2010, le Frère dominicain Henry Donneaud, a été nommé Commissaire pontifical de la Communauté des Béatitudes, il a choisi des frères et sœurs pour l’aider dans sa tâche. Informé du classement sans suite, en l’absence de tout dossier écrit et de toute autre plainte à l’encontre du Père Martin, le Frère Henry a choisi de faire appel à lui comme assistant de la communauté en 2012.
Lors de l’Assemblée générale de 2015, Soeur Anna Katharina fut élue présidente de la Communauté et le Père Martin devint son assistant. Au cours de l’Assemblée générale 2019, ils furent tous deux confirmés dans leur charge. Durant toutes ces années, aucun signalement ou plainte n’a jamais été porté à la connaissance du gouvernement de la Communauté, souligne le communiqué.
À propos du Père Marie-Bernard d’Alès
Le second prêtre mis en cause pour abus sexuels au pensionnat d’Autrey est le Père Marie-Bernard d’Alès (dénommé alors Henri Suso NDLR). Il a quitté la Communauté en octobre 2009 et a été accueilli dans le diocèse de Fréjus-Toulon, note le communiqué. En 2011, un ancien élève de l’internat d’Autrey a contacté le Commissaire pontifical de la Communauté pour l’informer qu’il allait déposer une plainte contre le Père Marie-Bernard d’Alès auprès du tribunal ecclésiastique du diocèse de Fréjus-Toulon. Le Fr. Henry Donneaud a alors exhorté le jeune à porter plainte devant la justice civile, ce que ce dernier a refusé. Dans les mois suivants, il s’est assuré que la procédure canonique diocésaine était bien engagée. Par la suite, ni lui, ni ses successeurs à la tête de la Communauté n’ont été interrogés, ni informés des résultats ou sanctions prises contre le Père Marie-Bernard.
Cellule d’écoute indépendante
En parallèle à l’enquête canonique, la Communauté des Béatitudes a mis en place une cellule d’écoute indépendante et professionnelle qui doit permettre de recueillir des témoignages.
À partir des années 2000, plusieurs accusations d’agressions sexuelles au sein de la communauté des Béatitudes avaient été présentées à la justice. Celles-ci avaient notamment mené au renvoi de l’état clérical du diacre Philippe Madre, premier responsable général de la communauté (et beau-frère du fondateur Ephraïm), reconnu coupable par la justice ecclésiastique d’abus sexuel par personne ayant autorité ». (cath.ch/cx/com/mp)