Suicide assisté en Valais: comment les EMS devront-ils agir?
Après le vote populaire du 27 novembre 2022, tous les établissements de soins du Valais devront accepter le suicide assisté dans leurs murs. Dans l’attente d’un règlement d’application, Matthias Salzmann, vice-président d’Avalems, l’association faîtière des EMS valaisans, a fait le point pour kath.ch sur les changements à venir. Il ne craint pas une explosion du nombre de suicides assistés.
Sarah Stutte/Traduction Adaptation: Maurice Page
A l’avenir, toutes les institutions de soins publiques devront autoriser l’assistance au suicide – c’est-à-dire les hôpitaux publics, les établissements médico-sociaux (EMS) et les institutions sociales pour personnes handicapées, rappelle Matthias Salzmann. Ainsi en ont décidé les Valaisans lors de la votation populaire le 27 novembre dernier.
Un choix en toute connaissance de cause
Le canton a 18 mois pour adopter une ordonnance application et l’Avalems participera à ce processus. »Pour nous, il est essentiel que tous les résidents puissent faire un choix en connaissant toutes les options et possibilités. La loi définit clairement qui peut recourir au suicide assisté et quand», note le vice président de l’Avalems.
«Le patient gravement malade décidera de lui-même de faire appel à une organisation d’assistance au suicide. Les collaborateurs externes, par exemple d’Exit, se rendront alors dans le foyer concerné. Celui-ci sera simplement informé au préalable que le résident en question a demandé le suicide assisté. Le personnel pourra alors prendre congé du résident dans sa chambre, le jour convenu pour le décès et quittera ensuite celle-ci. Le processus de mort commencera ensuite sous surveillance médicale.»
Le personnel des EMS n’est pas impliqué dans le processus du suicide assisté. «Cette règle devra être respectée. Il s’agit de protéger les autres résidents et le personnel de tout stress psychologique», insiste Matthias Salzmann.
Des procédure identiques partout
Les lignes directrices seront identiques pour tous les établissements. Jusqu’à présent, il existait en Valais des maisons de retraite pour lesquelles le suicide assisté n’était pas un sujet et qui ne l’autorisaient pas au sein de leurs établissements, rappelle Matthias Salzmann.
La loi ne prévoit cependant pas de système de contrôle pour savoir si et comment l’assistance au suicide est mise en œuvre dans les institutions. «Le contrôle ou les plaintes sont laissés à l’appréciation respective de la personne souhaitant mourir, de ses proches et, en fin de compte, des institutions elles-mêmes.»
Pas d’augmentation des suicides assistés
Le vice président de l’Avalems ne pense pas que la statistique de suicide assisté augmentera de manière exorbitante à l’avenir. «Dans la plupart des EMS, il y a très peu de résidents qui remplissent les critères de suicide assisté et qui pourraient donc y avoir recours. La majorité des personnes nécessitant des soins n’ont plus leur pleine capacité de discernement et ne pourraient pas non plus s’administrer elles-mêmes le médicament – deux conditions de base de l’assistance au suicide», souligne-t-il. Dans les autres cantons, où les établissements pratiquent le suicide assisté depuis longtemps, le taux n’a pas augmenté.
Aider le personnel à gérer les cas
Même si le personnel des EMS n’est pas impliqué dans l’assistance au suicide, il sera néanmoins touché par ces cas. «Les directions des maisons de retraite sont ici appelées à parler avec leurs collaborateurs, éventuellement à les préparer dans le cadre de cours spéciaux à la manière dont ils peuvent se comporter dans ces cas. Leur travail s’oriente en premier lieu vers le fait de bien accompagner et de soigner les résidents âgés jusqu’à la fin de leur vie.»
«J’ai un grand respect pour le personnel soignant qui travaille chaque jour dans les maisons de retraite et les établissements médico-sociaux. S’ils continuent à faire leur travail aussi bien que par le passé, j’espère que l’offre d’assistance au suicide ne sera pas très sollicitée», conclut Matthias Salzmann. (cath.ch/kath.ch/sas/mp)