Les grands événements de 2023 pour l’Eglise
Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), voyage en Afrique, Synode allemand et de l’Église universelle, 2023 sera aussi l’année des dix ans du pontificat de François. L’agence I.MEDIA propose une projection des grands événements prévus au Vatican et dans l’Eglise.
12 janvier: reprise du procès de «l’immeuble de Londres»
Le grand procès financier de l’affaire dite ‘de l’immeuble de Londres’, débuté en juillet 2021, va se poursuivre dès janvier, et devrait couvrir a minima l’ensemble de l’année prochaine. Après un début poussif, le tribunal du Vatican a entamé cet automne l’audition des témoins, une phase qui devrait occuper une grande partie de l’année à venir.
Le secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, fera partie de la liste de ceux qui viendront donner leur éclairage sur cette affaire complexe, et qui semble l’être devenue d’autant plus qu’elle semble amenée à se prolonger en d’autres procès. En effet, le promoteur de justice Alessandro Diddi a annoncé qu’il avait ouvert deux enquêtes supplémentaires, l’une sur l’entourage familial du cardinal Angelo Becciu, ancien substitut de la secrétairerie d’État, l’autre sur une possible tentative d’instrumentalisation du témoin clé, Mgr Alberto Perlasca.
25 janvier: chapitre général de l’Ordre de Malte
La promulgation par le pape François de la nouvelle constitution de l’Ordre de Malte, en septembre dernier, a mis fin à cinq ans de réformes marqués par de nombreux contre-temps. Le pontife a décidé de renforcer le statut religieux de l’Ordre et de supprimer les conditions nobiliaires pour accéder à ses plus hautes fonctions. Pour s’assurer du succès de sa réforme, il n’a pas hésité à nommer lui-même l’actuel Lieutenant (chef temporaire) de l’Ordre et à remplacer l’intégralité du Souverain Conseil en place par des personnalités de son choix.
Désormais, vient la phase d’intégration de la réforme, qui commencera par le Chapitre général du 25 janvier. Le Souverain Conseil aura pour mission de nommer le prochain Grand Maître de l’Ordre, dont l’organisation est dépourvue depuis la mort de Fra’ Giacomo della Torre del Tempio di Sanguinetto, le 29 avril 2020. Le choix de ce dernier, et de l’équipe qui l’épaulera, sera décisif pour l’avenir de l’Ordre et sa relation avec le Saint-Siège.
31 janvier: le 40e voyage du pape François
Le pape François se rendra en Afrique du 31 janvier au 5 février pour son 40e voyage hors d’Italie depuis le début de son pontificat en 2013. Celui qui s’est déplacé dans plus d’une cinquantaine de pays en tout a effectué en moyenne quatre voyages par an. En Afrique, le pontife argentin passera 3 jours en République démocratique du Congo, à Kinshasa, où il rencontrera notamment des victimes des conflits à l’est du pays. Parmi les autres grands moments de ce séjour en RDC figure la messe en plein air à l’aéroport de Kinshasa qui pourrait rassembler des centaines de milliers de fidèles.
Le 3 février, le pape rejoindra le Soudan du Sud avec à ses côtés l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, et le modérateur de l’Assemblée générale de l’Église presbytérienne d’Écosse pour participer à un pèlerinage œcuménique pour la paix dans ce jeune pays marqué par la violence. Ce premier voyage d’un pape au Soudan du Sud a une dimension diplomatique très importante, le Saint-Siège avec les deux autres Églises chrétiennes un rôle de médiateur important pour faire revenir la paix.
11 février: les 10 ans d’une renonciation
Le Vatican s’apprête à commémorer les dix ans de la renonciation historique du pape Benoît XVI. C’était le 11 février 2013, en la fête de Notre-Dame de Lourdes. Premier pape à renoncer volontairement depuis Célestin V, en 1294, il avait annoncé la nouvelle à ses frères cardinaux réunis pour un consistoire qui devait simplement entériner des canonisations. En latin, il avait prononcé ces mots: «Bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Évêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre sera vacant, et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire».
Près de dix ans après son retrait, le pontife allemand s’est éteint le 31 décembre 2022, au Vatican. Ses funérailles auront lieu le 5 janvier 2023 dans la basilique St-Pierre.
Février-mars: les assemblées synodales continentales en action
Le Synode sur l’avenir de l’Église lancé par le pape François en octobre 2021 poursuivra cette année son cours. Après la phase diocésaine, durant laquelle 112 conférences épiscopales ont rendu leur synthèse à Rome, s’est ouverte la phase continentale qui doit durer jusqu’en mars. En Europe par exemple, quelque 200 participants – auxquels doivent s’ajouter 400 personnes en ligne – se retrouveront à Prague, en République tchèque, du 5 au 9 février pour penser l’Église de demain.
Place des femmes et des jeunes dans l’Église, souffrance des prêtres, débats autour de la liturgie ou des situations sensibles dans la vie des Églises locales – divorcés remariés, polygamie, LGBT, abus… Les participants pourront reprendre et travailler les thématiques soulevées par la première phase du Synode. Dans un second temps, du 10 au 12 février, les présidents des conférences épiscopales se retrouveront pour réfléchir aux conclusions de ces rencontres inédites, où laïcs, clercs et religieux sont rassemblés.
Sur le même schéma, la phase continentale asiatique se déroulera du 24 au 26 février, celle en Afrique se tiendra du 1er au 6 mars, celle en Océanie est prévue du 5 au 9 février, ou encore celle au Moyen-Orient du 12 au 18 février.
Toutes les conférences continentales devront envoyer leur synthèse avant le 31 mars. Sur la base de ces documents continentaux, le secrétariat du Synode, à Rome, rédigera l’Instrument de travail (Instrumentum laboris) d’ici juin 2023. Ce texte sera la base des assemblées de l’Église universelle, qui auront lieu à Rome en deux temps: du 4 au 29 octobre 2023, puis en octobre 2024.
9-11 mars: ouverture de la cinquième Assemblée synodale allemande
En novembre, la visite ad limina des évêques allemands avait exposé au grand jour les désaccords qui les opposent à la Curie romaine et leur détermination à continuer à promouvoir le vent réformiste qui anime leur chemin synodal national. Celui-ci, né de la crise des abus, est devenu une remise en cause radicale de certaines structures et principes de l’Église, que ce soit sur la question de l’homosexualité, le célibat des prêtres ou l’ordination sacerdotale des femmes. La dernière assemblée de ce mouvement se tiendra en mars, en parallèle du Synode sur l’avenir de l’Église lancé par le pape François dans le monde entier.
Pour l’instant, le pape a fait comprendre qu’il n’était pas d’accord avec la voie empruntée en Allemagne, mais s’est gardé d’intervenir. Le mouvement allemand a aussi été invité par certains cardinaux à rentrer dans le rang, sans succès. Ses dirigeants ont fait comprendre qu’ils se sentaient plus mandatés par les membres de leur synode national que par la Curie romaine. Les décisions que pourraient prendre cette assemblée synodale finale seront donc particulièrement attendues.
13 mars: les 10 ans de l’élection du pape François
Premier pontife sud-américain de l’histoire, premier jésuite à porter l’anneau du pêcheur, premier évêque de Rome à choisir le nom de François… Le 13 mars prochain, le monde se rappellera de l’élection du pape François et les vaticanistes proposeront déjà un bilan des dix ans de son pontificat.
Élu pape à la suite de Benoît XVI, celui que les cardinaux sont allés «chercher au bout du monde» a surpris par son style nouveau de pasteur voulant porter l’Église aux périphéries.
Réforme de la Curie, lutte contre les abus, contre le cléricalisme, place des laïcs et des femmes, écologie, liturgie, dialogue avec l’islam… Autant de chantiers conduits par François depuis 2013.
1er août: début des JMJ de Lisbonne
Initialement prévues à l’été 2022, les Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne ont été décalées d’un an en raison de la pandémie. Après Rio de Janeiro en 2013, Cracovie en 2016 et Panama en 2019, le pape François doit participer à ses 4e JMJ – il s’y est officiellement inscrit le 23 octobre dernier.
À 86 ans, il s’apprête à revenir au Portugal, six ans après son voyage à Fatima, en mai 2017. Au Vatican et à Lisbonne, les préparatifs se poursuivent pour la bonne organisation de cet événement qui a pris pour thème cette phrase tirée de l’Évangile de Luc: «Marie se leva et partit en hâte».
Côté chiffres, il reste difficile d’estimer le nombre de participants à ces premières journées post-pandémie, d’autant plus que la crise économique frappe de nombreuses régions du monde et que la sécularisation s’est accrue en Europe. L’événement se tenant sur le Vieux continent, les organisateurs peuvent avoir comme point de référence les dernières JMJ européennes à Cracovie en 2016. Il y avait alors eu 700’000 inscrits et près de 2,6 millions de personnes recensées lors de la messe finale.
4 octobre: Début de l’assemblée générale du Synode sur la synodalité
Lancé en octobre 2021, le Synode sur l’avenir de l’Église, inédit dans sa forme, se déroule en trois phases: diocésaine, continentale et enfin universelle. C’est à Rome que se déroulera cette dernière phase. Initialement prévue uniquement en octobre 2023 au terme de deux ans de travaux, elle aura finalement lieu en deux temps: du 4 au 29 octobre 2023, puis en octobre 2024. Le pape François a ainsi souhaité donner plus de «temps de discernement» à ce processus original et laborieux, en annonçant sa prolongation.
Peu de détails ont filtré sur la forme que prendra cette phase universelle. La question de savoir si les propositions issues des phases diocésaines et continentales seront soumises à un vote n’est pas tranchée. D’ordinaire, seuls les Pères synodaux (évêques ou cardinaux) votent lors de ces assemblées, mais ce synode pourrait innover. Lors de la nomination de Sœur Nathalie Becquart comme sous-secrétaire du synode en 2021, il avait été évoqué qu’elle puisse être la première femme à avoir le droit de prendre part aux votes.
Vers un Consistoire en 2023?
Au cours de l’année 2023, onze cardinaux électeurs, parmi lesquels cinq Italiens, devraient atteindre l’âge de 80 ans et donc perdre leurs droits de participer à un conclave. Le passage de 125 à 114 cardinaux électeurs – sans compter les cas éventuels de décès précoce ou d’exclusion du collège cardinalice – pourrait ouvrir la voie à un consistoire, potentiellement à l’automne 2023, afin de renouveler le Sacré-Collège.
Au sein de la Curie romaine, certains évêques comme Mgr Claudio Gugerotti, le nouveau préfet du dicastère pour les Églises orientales, pourraient logiquement se voir élevés à la pourpre. Parmi les Églises locales, des figures comme l’archevêque de Malte, Mgr Charles Scicluna, ou l’archevêque de Dakar, Mgr Benjamin Ndiaye, constituent des futurs cardinaux potentiels, mais le pape François a pris l’habitude de déjouer les pronostics en allant chercher les nouveaux cardinaux dans les «périphéries». La limite théorique du nombre de cardinaux électeurs est fixée à 120 membres, mais les papes de l’histoire récente ont dépassé ce seuil à plusieurs reprises. (cath.ch/imedia/ic/cv/rz)