Notre-Dame de Guadalupe, patronne de l'Amérique latine, dans son sanctuaire de Mexico | © Jacques Berset
Vatican

Nte-Dame-de-Guadalupe: le pape pointe le risque «d’idéologiser» la Vierge

« Je suis préoccupé par les propositions idéologiques et culturelles qui veulent détourner la rencontre d’un peuple avec sa mère », a expliqué le pape François lors de la messe célébrée à la basilique Saint-Pierre le 12 décembre 2022, pour la fête de Notre-Dame-de-Guadalupe.

Pour son homélie, lors de cette célébration qui constitue un moment important de rassemblement de la communauté latino-américaine de Rome, le pape est sorti à plusieurs reprises du texte qui était prévu pour pointer les instrumentalisations politiques qui entourent la figure de Marie.

« S’il vous plaît, ne permettons pas que le message soit distillé dans des directives mondaines et idéologiques. La mère ne doit pas être idéologisée », a expliqué François, dans une prise de position à situer dans le contexte de la vie politique mexicaine : la figure de la Vierge de Guadalupe a ainsi été récemment brandie par le gouvernement mexicain du président populiste de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador comme une figure «indienne» et non pas «métissée», semblant ainsi dresser une barrière entre la population de souche européenne et les communautés amérindiennes.

Plus largement, conformément à la pratique de certains gangs et clans mafieux qui se prévalent d’une autorité religieuse pour échapper au droit commun, des images religieuses sont fréquemment utilisées dans les débats politiques au Mexique afin de diaboliser l’adversaire, alors que ce pays vit théoriquement en régime de laïcité.

Le pape a donc dénoncé ceux qui veulent « dé-métisser », ou « maquiller la Mère », soulignant au contraire le « message simple et tendre » de la Vierge Marie. En apparaissant à saint Juan Diego en 1531, la Vierge Marie est venue « pour consoler et répondre aux besoins des plus petits, n’excluant personne, pour les envelopper comme une mère attentive par sa présence, son amour et sa consolation », a-t-il précisé.

« En Jésus, né de Marie, l’Éternel entre dans la précarité de notre temps, devient pour toujours, de manière irréversible, « Dieu-avec-nous » et marche à nos côtés comme notre frère et notre compagnon », a expliqué le pape François.

« Un paganisme sauvage et exploiteur »

« Cette année, nous célébrons la Vierge de Guadalupe à un moment difficile pour l’humanité. C’est une période amère, remplie des grondements de la guerre, de l’injustice croissante, des privations, de la pauvreté et de la souffrance », a constaté le pape avec gravité. Mais même et surtout dans ce contexte, le pontife a appelé « à prendre soin les uns des autres sans attendre, et à aller à la rencontre de nos frères et sœurs oubliés et mis au rebut par nos sociétés consuméristes et apathiques ». 

« La Vierge Marie accompagne le peuple américain sur son chemin si dur de pauvreté, d’exploitation, de colonisations socio-économiques et culturelles », a expliqué le pape argentin, précisant que la Vierge « chemine au milieu de ce peuple latino-américain menacé dans son identité par un paganisme sauvage et exploiteur ». Le pape a dénoncé « l’athéisme pratique et pragmatique » qui se manifeste dans des attitudes de « prévarication », c’est-à-dire de corruption banalisée et institutionnalisée. 

Le pape François a par ailleurs précisé que ce 12 décembre 2022 marque l’ouverture d’une neuvaine qui conduira les catholiques des Amériques vers le cinquième centenaire de l’apparition de la Vierge Marie à Guadalupe, en 2031.

Cette année, compte tenu de ses difficultés de locomotion, le pape n’a pas présidé l’eucharistie à l’autel, déléguant ce service au cardinal Marc Ouellet. En tant que président de la commission pontificale pour l’Amérique latine, le cardinal canadien a prononcé le canon de la prière eucharistique en espagnol.

Notre-Dame de Guadalupe, patronne de l'Amérique latine, dans son sanctuaire de Mexico | © Jacques Berset
13 décembre 2022 | 11:47
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
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