L'historien français Jules Isaac a été un artisan du dialogue judéo-chrétien | DR
Vatican

Le pape François salue le dialogue entre juifs et catholiques

En matière de dialogue entre juifs et catholiques, «le chemin parcouru ensemble est considérable […] mais la tâche n’est pas achevée», a déclaré le pape François lors d’une audience accordée le 12 décembre 2022 aux membres de l’Amitié judéo-chrétienne française qui célèbre cette année son 75e anniversaire.

Rappelant le rôle important joué par l’historien juif Jules Isaac, inspirateur de la constitution apostolique Nostra Aetate, le pontife a encouragé ses hôtes à consolider le dialogue entre leurs religions, soulignant la fragilité des liens qui les unissent en des temps marqués par «la réapparition préoccupante de l’antisémitisme, partout en Europe, comme des violences contre les chrétiens».

Le pape salue la mémoire de Jules Isaac

Le pape a insisté sur le fait que cette belle œuvre est toujours à reprendre, a noté Guila Clara-Kessous, juive pratiquante et membre de la délégation, interrogée par I.MEDIA après l’audience. «Je suis profondément persuadée que le dialogue entre juifs et catholiques peut jouer un rôle essentiel dans notre société», explique l’ancienne élève du prix Nobel de la Paix Elie Wiesel, qui a offert au pape François un exemplaire du livre audio Jésus et Israël, de Jules Isaac (1877-1963), qu’elle a enregistré.  

Jules Isaac, rappelle Guila Clara-Kessous, bien que «juif laïc» et donc «non croyant», a entretenu des amitiés décisives avec de grands chrétiens, que ce soit Charles Péguy avec lequel il mena le combat dreyfusard, ou avec François Mauriac qui publia et préfaça le premier livre d’Elie Wiesel, La Nuit, en 1958. Célèbre co-auteur du manuel qui porte son nom – le ›Malet et Isaac’ –, Jules Isaac a cofondé l’Amitié judéo-chrétienne en 1947, au lendemain d’une guerre au cours de laquelle il avait perdu une grande partie de sa famille dans les camps. Son but était de combattre par le dialogue les «racines chrétiennes de l’antisémitisme», explique celle qui est aujourd’hui ›Artiste de l’UNESCO’ et engagée dans la lutte contre les discriminations.

«Il faut que dès le plus jeune âge, que ce soit dans l’enseignement du catholicisme ou du judaïsme, on ait une vraie volonté d’ouverture à l’autre pour tuer les stéréotypes», plaide aujourd’hui l’actrice et réalisatrice, qui a prêté sa voix pour enregistrer le long essai historique de Jules Isaac. «Ce qui entache les relations entre religions différentes, ce sont avant tout des croyances», analyse l’enseignante à Harvard, expliquant qu’elle travaille à l’organisation d’une nouvelle conférence de Seelisberg, du nom du lieu de la rencontre organisée en Suisse à l’initiative de Jules Isaac en 1947, qui avait posée les bases d’un nouveau dialogue interreligieux après la Shoah. Isaac avait ensuite rencontré Pie XII et Jean XXIII.

Dans son discours, le pape François a rappelé que la constitution apostolique Nostra Aetate, le texte interreligieux promulgué à l’issue du concile Vatican II, avait intégré une partie des «10 points de Seelisberg». Ces propositions, faites par les participants de la rencontre au Vatican, visaient à changer l’image péjorative du judaïsme renvoyée par certains aspects de la liturgie ou de textes chrétiens, par exemple l’Oremus et pro perfidis Judaeis, prière du Vendredi Saint pour la conversion des juifs amendée par Jean XXIII en 1959 et supprimée par Paul VI après Vatican II. (cath.ch/imedia/cd/mp)

L'historien français Jules Isaac a été un artisan du dialogue judéo-chrétien | DR
13 décembre 2022 | 11:30
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
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