L’Ukraine cherche à interdire l’Eglise affiliée à Moscou
Le Conseil national de sécurité et de défense de l’Ukraine a proposé une interdiction des groupes religieux affiliés à la Russie, a déclaré le 1er décembre 2022 le président ukrainien Volodymyr Zelensky. La principale institution visée est l’Eglise orthodoxe ukrainienne, liée au Patriarcat de Moscou.
Le Conseil national de sécurité et de défense a chargé le Cabinet de rédiger un projet de loi sur cette interdiction, qui devrait être examiné par la Verkhovna Rada, le Parlement ukrainien, rapporte le quotidien KyivIndependent. «Nous assurerons l’indépendance totale de notre État. En particulier, l’indépendance spirituelle», a déclaré le président Zelensky lors de son discours. «Nous ne permettrons jamais à quiconque de construire un empire à l’intérieur de l’âme ukrainienne», a-t-il ajouté. Le chef d’Etat a également indiqué que l’Ukraine imposerait des sanctions aux prêtres coopérant avec la Russie, et rendrait leurs noms publics.
Environ 60% des quelque 41 millions d’Ukrainiens se réclament du christianisme orthodoxe. Ils appartiennent toutefois à deux Églises différentes: l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou (dont le primat est le métropolite Onuphre) et l’Église orthodoxe d’Ukraine indépendante (autocéphale- dont le primat est le métropolite Epiphane Doumenko), fondée fin 2018. L’Église fidèle à Moscou compte certes en Ukraine nettement plus de paroisses que toute autre confession.
Les services de sécurité ukrainiens ont récemment effectué de multiples perquisitions dans les locaux de l’Eglise ukrainienne. Ils ont déclaré avoir retrouvé dans un monastère de la propagande russe et de la littérature niant le droit à l’indépendance de l’Ukraine.
«Faussement» séparée de Moscou?
Cette Eglise avait déclaré en mai 2022 son «indépendance totale» vis-à-vis de Moscou. Elle s’était également élevée contre la guerre, assurant ne pas souscrire à la position du Patriarche de Moscou Cyrille Ier, qui soutient l’offensive russe. Des sceptiques ont cependant suggéré qu’il ne s’agissait que d’un stratagème pour apaiser les critiques et éviter une interdiction. Ils ont notamment relevé que l’Eglise orthodoxe russe présente en Ukraine n’avait pas déclaré une «autocéphalie» (terme orthodoxe désignant une indépendance complète), ne coupant ainsi pas entièrement les ponts avec Moscou.
Selon les règles orthodoxes, il ne peut exister qu’une seule Église indépendante – ou «autocéphale» – dans un pays donné. La pleine indépendance de l’Église ukrainienne (liée à Moscou) impliquerait ainsi sa fusion avec l’Église orthodoxe indépendante d’Ukraine, mais cette première s’est opposée à une telle démarche.
À la suite de l’invasion de la Russie, de plus en plus de paroisses orthodoxes sont passées du giron de Moscou à celui de Kiev. Un processus qui s’est graduellement ralenti, note le KyivIndependent. (cath.ch/kyivindependent/arch/rz)