Le Valais plébiscite à 76,5% le suicide assisté en institution
Les Valaisans ont plébiscité, le 27 novembre 2022, une nouvelle loi qui encadre la pratique du suicide assisté en institution à 76,5%. La surprise vient du Haut-Valais qui a dit oui à 65% à la loi lors d’un scrutin où 38% des votants se sont exprimés. Le vicaire général du diocèse de Sion, Pierre-Yves Maillard et la députée PLR Sylvie Masserey, qui ont débattu pour cath.ch, reviennent sur la votation.
Le oui à la loi sur les soins palliatifs et l’encadrement de la pratique de l’assistance au suicide en institution (LSPASI) dépasse les 80% en Valais central et en bas-Valais. Le district de Conthey enregistre le plus haut score avec 82% de oui à la loi. Suite à l’acceptation massive (64’494 voix contre 19’756) de la LSPASI, les EMS et institutions de soin ne pourront plus refuser le suicide assisté dans leurs murs.
«Le résultat est très sévère, mais je ne suis pas surpris outre mesure. Cela illustre bien l’évolution actuelle de la société. Nous sommes minoritaires et nous ne le découvrons pas aujourd’hui», confie à cath.ch le vicaire général du diocèse de Sion, Pierre-Yves Maillard. Le chanoine s’est engagé dans le comité «Pro-liberty» contre la LSPASI.
Pierre-Yves Maillard se réjouit malgré tout d’avoir pu, avec les membres du comité, «amener le débat sur la place publique et susciter une réflexion autour d’un sujet qui nous concerne tous. Même si nous étions minoritaires, il ne fallait pas ne rien faire ni ne rien dire». L’aspect concernant les soins palliatifs est un bonne chose, reconnaît Pierre-Yves Maillard. Il il se réjouit de la bonne tenue du débat, de même que le comité ait pu regrouper des sensibilités spirituelles et ecclésiales aussi diverses sous la bannière du comité.
Le chanoine prend acte du résultat, mais demeure inquiet pour la suite: «Nous avons mis le doigt dans l’engrenage», estime-t-il, redoutant un assouplissement et un élargissement progressif de la loi facilitant à l’avenir le suicide assisté. «Ça ne règle pas la question».
«Cette question n’est pas à l’ordre du jour. On travaillé huit ans pour obtenir cette base légale, on ne va pas se projeter maintenant dans d’autres débats. L’objectif était de fixer un cadre», répond Sylvie Masserey, députée PLR, membre de la commission de la santé, des affaires sociales et de l’intégration (SAI).
La présidente de la commune de Chalais se réjouit de «ce très bon résultat». «Je ne m’attendais pas à un score aussi élevé. Aujourd’hui, ajoute-t-elle, on a défendu la primauté de la liberté individuelle sur celle des institutions». Elle se réjouit également de la bonne tenue du débat «globalement, à de quelques rares exceptions près. On a pu débattre sur le fond et dans l’écoute même si les positions étaient très figées».
La députée PLR reconnaît toutefois une faible participation pour des enjeux (le Valais se prononçait également sur la hausse des allocations familiales), «qui concernait toute la population. Cela pose question sur l’intérêt de la population pour un droit qu’elle n’utilise pas suffisamment dans notre pays».
La surprise du Haut-Valais
Sylvie Masserey et Pierre-Yves Maillard, qui ont débattu sur cath.ch, ont été surpris des 65% de oui exprimés dans le Haut-Valais. Un résultat que le clivage géographique observés lors des débats au Parlement et la pratique peu acceptée du suicide assisté en institution, ne laissaient pas entrevoir. «Ce score nous a surpris car on s’attendait à un vote défavorable», explique Sylvie Masseray.
«D’un aspect très traditionnel, le Haut-Valais évolue très vite», analyse Pierre-Yves Maillard. Le chanoine y voit un paradoxe typique d’une région qui a son identité propre et certainement une influence suisse alémanique. Il fait un parallèle avec les résultats de la consultation synodale où la partie germanophone du diocèse a fortement demandé l’ordination des femmes.
La loi veille notamment à ce que la pratique «soit encadrée et n’entraîne pas de dérive» et elle interdit toute forme de publicité pour l’assistance au suicide, explique l’ATS. Quant au personnel soignant qui ne souhaite par remplir cette tâche, il peut se récuser. Les soins palliatifs figurent aussi dans la LSPASI. Ces soins sont déjà présents dans la loi valaisanne sur la santé publique de 2020, mais la nouvelle législation spécifique souligne «l’importance que doit prendre ce type de soins dans le dispositif de santé publique valaisan» et veille à les promouvoir ainsi qu’à en garantir l’accès.
Le Valais rejoint les cantons de Vaud, de Neuchâtel et de Genève qui ont légiféré sur l’aide au suicide, respectivement en 2012, 2014 et 2018. Le prochain pourrait bien être Zurich où le Parlement cantonal a approuvé en mai dernier une initiative parlementaire en ce sens. La mise en œuvre de la loi n’est pas encore fixée, elle devrait intervenir dans les semaines à venir. (cath.ch/ag/bh)