Mgr Joseph Bonnemain a été élu évêque de Coire en mars 2021 | © Raphaël Zbinden
Suisse

Le diocèse de Coire renonce aux exorcistes

Le diocèse de Coire n’entend plus offrir les services d’un prêtre exorciste. Il existe pour les personnes dans de telles détresses psychiques «des solutions médicales ou psychothérapeutiques», a expliqué à la radio régionale SRF Ostschweiz l’évêque Joseph Maria Bonnemain.

Regula Pfeifer, kath.ch/ traduction: Raphaël Zbinden

Mgr Bonnemain n’entend pas désigner un nouvel exorciste pour son diocèse. «Nous sommes tous des êtres humains qui portons en nous des forces et des faiblesses», a-t-il relevé sur la chaîne de radio. Toute personne confrontée à des situations sociales, professionnelles ou de santé difficiles peut se faire soigner, a-t-il ajouté. «Il existe pour cela des solutions classiques: médicales, psychologiques, psychothérapeutiques».

Pas de causes mystérieuses

L’évêque de Coire, qui a été médecin dans sa première profession, est convaincu «qu’il n’est pas nécessaire de vouloir trouver des causes mystérieuses» pour les cas présumés de possessions démoniaques. Mgr Bonnemain a également travaillé pendant des années dans l’aumônerie des hôpitaux.

L’ancien exorciste du diocèse de Coire, Christoph Casetti, est décédé en février 2020 à l’âge de 76 ans. Son activité l’avait fait connaître au-delà des frontières du diocèse. Il avait ainsi participé en 2008 à un débat sur l’exorcisme dans l’émission Club de la télévision suisse alémanique.

Au sein d’un grand nombre de diocèses dans le monde, le ministère de l’exorciste est confié à un prêtre expressément désigné par l’évêque. L’exorcisme dit «majeur» est strictement réservé à ce ministre.

«Les exorcismes causent d’immenses souffrances»

Karin Iten, chargée de la prévention des abus sexuels, a salué pour kath.ch ce «coup d’arrêt clair»: »Il est juste et important de tirer ici, en tant qu’Église catholique, un trait clair sur ce chapitre extrêmement sombre et de le faire publiquement». Elle juge positif le fait que l’évêque renvoie clairement aux limites de la pastorale et invite à s’adresser aux professionnels de la santé.
Pour elle, «les exorcismes sont dégradants et causent d’immenses souffrances – ils n’ont en aucun cas leur place dans une pastorale qui a pour objectif la dignité et le bien-être de l’être humain». Faire peur avec l’image du diable est «extrêmement manipulateur».

L’exorcisme n’est pas une forme moderne d’assistance spirituelle

Sabine Zgraggen, directrice du service d’aumônerie des hôpitaux et cliniques, de Zurich partage cet avis. «A trois reprises, des patients m’ont demandé d’appeler un exorciste. Pour moi, c’était une situation difficile, car l’exorciste de l’époque, Christoph Casetti, ne pouvait pas simplement se présenter dans un hôpital psychiatrique fermé. Je n’aurais pas pu assumer cette responsabilité dans le cadre de ma mission».

«L’aumônerie doit être là pour les gens, précisément sur des sujets aussi tabous. L’exorcisme n’est pas une forme moderne d’assistance spirituelle. Il est juste que l’évêque ait supprimé le ministère d’exorciste dans le diocèse de Coire».

La personne qui prétend entendre la voix du diable doit être prise au sérieux, affirme Sabine Zgraggen: «Derrière cette voix se cache souvent un autre thème: une crise existentielle, des questions d’identité, un complexe d’infériorité ou un sentiment d’impuissance». Sabine Zgraggen en est convaincue: «Pour ces questions, les aumôniers peuvent apporter leur aide, en collaboration avec des psychologues et des psychiatres, bien entendu». (cath.ch/kath.ch/rz/mp)

Mgr Joseph Bonnemain a été élu évêque de Coire en mars 2021 | © Raphaël Zbinden
24 novembre 2022 | 17:05
par Rédaction
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!