Mgr Broglio élu à la tête de l’USCCB: continuité ou compromis?
Les évêques catholiques américains ont élu le 15 novembre 2022, leurs nouveaux président et vice-président. Mgr Timothy Broglio, archevêque aux armées et Mgr William Lori, archevêque de Baltimore, occuperont ces postes pour trois ans. Mais pour les deux postes, il a fallu trois tours de scrutin, ce qui témoigne d’une conférence épiscopale (USCCB) toujours divisée.
Les trois tours de scrutin nécessaires à l’élection des archevêques aux postes de président (par 138 voix contre 99) et de vice-président (par 143 voix contre 96) ont donné l’image d’une conférence sans consensus clair, et suggèrent que les évêques se tournent déjà vers leur prochain vote dans trois ans, estime l’éditorialiste du site The Pillar.
Mgr Broglio, âgé de 70 ans, a été largement considéré comme un «candidat de la continuité», puisqu’il était secrétaire de la Conférence épiscopale et qu’il était arrivé deuxième à l’élection de la vice-présidence, il y a trois ans. Son élection était aussi attendue dans la mesure où le vice-président actuel n’était pas éligible pour raison d’âge.
Ordonné prêtre en 1977, longtemps diplomate du Vatican à Rome et dans diverses nonciatures, Mgr Broglio a été nommé archevêque aux armées des Etats-Unis en 2007.
De 1990 à 2001, Timothy Broglio a été le secrétaire personnel de l’ancien secrétaire d’État du pape Jean Paul II, le cardinal Angelo Sodano. Il pourrait être interrogé sur cette activité à la lumière des allégations selon lesquelles le cardinal, récemment décédé, aurait couvert des abus sexuels commis par le fondateur des Légionnaires du Christ, Marcial Maciel, l’ancien cardinal américain Theodore McCarrick et d’autres.
L’archevêque aux armées est généralement considéré comme »conservateur», du moins par rapport à d’autres membres de la conférence. Mais s’il a jugé bon d’apporter son soutien aux appels à une présentation claire de l’enseignement de l’Église sur des sujets politiquement brûlants, comme le débat de l’année dernière sur la cohérence eucharistique, il possède également plus de vingt ans d’expérience au sein du service diplomatique du Vatican et de la Secrétairerie d’État. Il pourrait donc s’avérer un communicateur efficace pour les évêques américains dans leurs relations parfois difficiles avec le Saint-Siège.
Relations difficiles avec Rome
En effet, sous le président sortant, l’archevêque Jose Gomez, de Los Angeles, la direction de l’USCCB a souvent été perçue comme étant en désaccord avec le Vatican, adoptant un ton et une approche souvent différents de ceux du pape François sur les questions ecclésiales et politiques. En même temps, des évêques de haut rang comme le cardinal Blase Cupich de Chicago sont apparus comme une sorte de ligne de communication alternative avec le Vatican et d’interprète de la scène ecclésiastique américaine.
Compromis
Les circonstances de l’élection de Mgr Broglio signifient que son mandat est plus proche de celui d’un président de «compromis» que de «continuité». Pour être crédible, il devra représenter la diversité des voix au sein de la conférence, plutôt que d’être le tribun de l’une ou l’autre faction.
Le nouveau président a un mandat de trois ans. Plusieurs défis l’attendent déjà. Il s’agit notamment de la première session du Synode des évêques à Rome en octobre 2023, du congrès eucharistique national à Indianapolis en juin 2024, de la session de clôture du Synode en octobre 2024 et de l’élection présidentielle américaine en novembre 2024.
Un vice -président Pro-vie
Archevêque de Baltimore depuis 2012 et connu comme un des principaux partisans du mouvement pro-vie, Mgr William Lori, 71 ans, a été élu à la vice-présidence. Dans son rôle au sein du comité pro-vie des évêques, Mgr Lori s’est exprimé à plusieurs reprises en faveur de l’assistance aux femmes enceintes et contre la promotion de l’avortement par le président Joe Biden. «Le président a gravement tort de continuer à chercher toutes les voies possibles pour faciliter l’avortement au lieu d’utiliser son pouvoir pour accroître le soutien et les soins aux mères en situation difficile», déclarait-il le 25 octobre dernier.
L’élection de Mgr Lori signifie en outre que pour la deuxième fois consécutive, les évêques américains ont choisi un vice-président qui sera trop âgé pour être accéder à la présidence lors de la prochaine élection, mettant probablement fin à ce qui était une tradition bien établie. Attendu par certains, le changement de génération à la tête de l’épiscopat américain ne se fera donc que dans trois ans. (cath.ch/cna/the pillar/mp)