Messe à Bahreïn: le pape invite les chrétiens à désarmer toute violence

« Sur la scène de ce monde, nous voyons souvent que plus le pouvoir est recherché, plus la paix est menacée », a remarqué le pape François lors de la messe célébrée le 5 novembre 2022 au stade national de Bahreïn, devant près de 30.000 fidèles montrant le visage hétéroclite de cette Église formée de migrants et d’expatriés. S’appuyant sur la lecture du livre d’Isaïe, le pape François a axé son homélie autour de la figure de Jésus comme le « Prince de la paix », qui réconcilie les hommes avec Dieu et entre eux. 

« Aimer toujours et aimer tout le monde » : tel est, selon le pape François, le leitmotiv du chrétien, appelé à s’inspirer de « la puissance du Christ », qui ne s’exprime pas dans la violence ou la contrainte, mais dans l’amour. « La grandeur de son pouvoir n’utilise pas la force de la violence, mais la faiblesse de l’amour », a expliqué François lors de cette deuxième messe publique célébrée par un pape dans un pays de la Péninsule arabique, après la célébration organisée à Abou Dhabi le 5 février 2019.

Jésus est réaliste et il « ne propose pas un amour sentimental et romantique, comme si dans nos relations humaines il n’y avait pas de moments de conflit ni de raisons d’hostilité entre les peuples », a précisé François, dans un pays marqué par la rivalité entre chiites et sunnites, et indirectement, par la guerre larvée entre Iran et Arabie saoudite. 

Le Christ « voit et souffre en constatant de nos jours, dans tant de régions du monde, des exercices du pouvoir qui se nourrissent d’oppression et de violence, et qui cherchent à accroître leur espace en restreignant celui des autres, en imposant leur domination, en limitant les libertés fondamentales et en opprimant les faibles », s’est attristé le pontife argentin.

Mais face à cette oppression, a-t-il rappelé, Jésus formule une proposition « surprenante, hardie, audacieuse » en demandant à ceux qui le suivent de « rester toujours, fidèlement, dans l’amour, malgré tout, même face au mal et à l’ennemi ». Contre les instincts humains, les chrétiens sont appelés à réagir en « brisant la spirale de la vengeance, en désarmant la  violence, en démilitarisant le cœur », à l’exemple de cet appel de saint Paul dans sa Lettre aux Romains : « Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien. ». 

Surmonter les conflits et tendre vers la paix

Dans les relations internationales comme dans la vie privée et quotidienne, a poursuivi le pontife, « il y aura des frictions, des moments de tension, des conflits, des divergences de vues, mais ceux qui suivent le Prince de la paix doivent toujours tendre vers la paix ».

Dans ce petit pays qui constitue « une image vivante de convivialité des diversités, une image de notre monde de plus en plus marqué par les migrations permanentes des peuples et le pluralisme des idées, des coutumes et des traditions », les catholiques doivent « choisir de ne pas avoir d’ennemis, de ne pas voir dans l’autre un obstacle à surmonter, mais un frère et une sœur à aimer ». 

Mentionnant notamment les quatre pays placés sous la juridiction du Vicariat apostolique de l’Arabie du Nord – Bahreïn, Koweït, Qatar et Arabie Saoudite – le 266e pape s’est adressé aux catholiques du Golfe. « J’apporte aujourd’hui l’affection et la proximité de l’Église universelle, qui vous regarde et vous entoure d’affection, vous aime et vous encourage », a-t-il souligné, en invoquant l’intercession de Notre-Dame d’Arabie. 

Le pape a invité les participants à la célébration à être des « semences d’amour et de paix sur cette terre. C’est le défi que l’Évangile lance chaque jour à nos communautés chrétiennes, à chacun d’entre nous », a-t-il répété. 

Signe de la diversité des origines des membres de la communauté catholique, parmi lesquels figurent de nombreux ressortissants indiens, sri-lankais et philippins, les intentions de prières ont été lues en six langues : konkani, malayalam, tagalog, anglais, swahili et tamoul. (cath.ch/imedia/hl/mp)